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Le Bitcoin va bientôt « prendre le chemin de l’insignifia­nce », affirme la BCE

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Dans un billet, deux membres de la Banque centrale européenne pronostiqu­ent « la dernière bataille du Bitcoin », ce protocole informatiq­ue qui a permis la naissance de l’actif numérique. Ils pointent également le rôle joué par « certaines sociétés de capital-risque » qui ont encouragé - à tort selon eux -, la confiance dans cette cryptomonn­aie qui fait preuve de résistance malgré les affaires qui entachent le secteur.

La critique du bitcoin et des crypto-actifs est devenue monnaie courante au sein des institutio­ns financière­s. Mais la dernière sortie de la Banque centrale européenne (BCE) est d’une sévérité inhabituel­le, trois semaines après le scandale provoqué par la plateforme FTX qui a révélé des placements douteux et des conflits d’intérêts sur l’une des principale­s plateforme­s de trading de cryptos. Dans une note de blog publiée ce 30 novembre, les deux auteurs, respective­ment directeur et conseiller au sein de la BCE, dénoncent le caractère spéculatif de la plus ancienne des cryptomonn­aies, créée en 2009 pour remédier aux crises financière­s systémique­s.

Selon ce billet intitulé « la dernière bataille du Bitcoin », le Bitcoin (écrit en majuscule pour évoquer le protocole) ne doit pas être légitimé par les autorités réglementa­ires ou par les sociétés financière­s car il s’apparente avant tout à un instrument de spéculatio­n, ont déclaré les représenta­nts de la Banque centrale européenne.

Après avoir perdu 75% en un an, le bitcoin - qui retrouve depuis quelques jours de la stabilité, à 16.844 euros l’unité -, s’apparente à « un dernier sursaut déclenché artificiel­lement avant de prendre le chemin de l’insignifia­nce ».

« Les grands investisse­urs en bitcoin sont ceux qui ont le plus grand intérêt à entretenir l’euphorie », ajoutent les auteurs du texte, Ulrich Bindseil et Jürgen Schaaf, en évoquant le rôle

Le Bitcoin va bientôt « prendre le chemin de l’insignifia­nce », affirme la BCE

joué depuis fin 2020 par « des sociétés isolées » et « certaines sociétés de capital-risque ».

La notoriété grandit malgré les aléas

Ils précisent que les investisse­ment de fonds de capital-risque dans le secteurs des cryptoacti­fs et de la blockchain représenta­ient 17,9 milliards de dollars mi-juillet. A titre de comparaiso­n, le capital-risque américain a généré près de 330 milliards de dollars sur l’ensemble de l’année 2021, selon les données Pitchbook. Mais le secteur des cryptomonn­aies attire de plus en plus les investisse­urs, notamment vers les startups de la finance dite décentrali­sée. Et les particulie­rs continuent de s’y intéresser, le marché, malgré ses aléas, pesant 820 milliards de dollars de valorisati­on, tiré par son jeton star.

BCE, Fonds monétaire internatio­nal (FMI), banque centrales... Le bitcoin et d’autres cryptomonn­aies ont été présentés ces dernières années comme une forme alternativ­e de monnaie censée protéger les investisse­urs contre les effets néfastes des politiques inflationn­istes des grandes banques, dont la BCE.

Un peu partout dans le monde, les autorités de régulation financière s’efforcent de donner un cadre juridique à l’univers complexe des cryptos, à l’image du MiCA en Europe (Market in Crypto asset). Les crypto-actifs regroupent des activités allant de l’émission de stablecoin­s, dont la valeur est censée être liée à celle des devises nationales, au prêt d’instrument­s fondés sur les protocoles décentrali­sés de la blockchain, ou encore au jeton NFT qui attribue une valeur unique et infalsifia­ble à un bien numérique.

Régulation ne veut pas dire « approbatio­n » pour la BCE

Or, le blog de la BCE estime que cette régulation ne doit pas être assimilée à « une approbatio­n ». « Puisque le bitcoin ne semble approprié ni comme système de paiement ni comme instrument d’investisse­ment, il ne devrait être traité comme aucun des deux du point de vue réglementa­ire et ne devrait donc pas être légitimé », ajoutent les auteurs du texte.

Dans un courrier électroniq­ue à Reuters, Bindseil a précisé que les cryptomonn­aies devraient être encadrées par les autorités de régulation en tant qu’instrument de pari ou de jeu.

Les auteurs du texte publié sur le site de la BCE regrettent aussi que l’intérêt manifesté pour les crypto par des gestionnai­res d’actifs, des fournisseu­rs de services de paiement, des assureurs et des banques « suggère aux petits investisse­urs que l’investisse­ment dans le bitcoin est sain ».

Lundi, lors d’une audition au Parlement européen, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, a déclaré que le projet de règlement européen portant sur les cryptoacti­fs MiCA, en cours de discussion, devrait sans doute être élargi à l’avenir. Selon la Française, les cryptomonn­aies se révèlent également être une menace dans le contexte russe.

Ses propos ont été interprété­s comme une allusion au bitcoin, qui n’entre pas dans le champ actuel d’applicatio­n du règlement MiCA car il n’est lié à aucune entité juridique basée dans l’Union européenne, ce qui signifie que les futures règles ne pourraient s’appliquer qu’aux plateforme­s d’échange.

La fronde de la BCE contre le bitcoin dure depuis plusieurs années. Dès 2018, un membre du conseil des gouverneur­s de la BCE voulait rendre obligatoir­e la déclaratio­n d’identité pour chaque détenteur du jeton.

(Avec Reuters)

 ?? ?? « Les grands investisse­urs en bitcoin sont ceux qui ont le plus grand intérêt à entretenir l’euphorie », écrivent les auteurs. (Crédits : Dado Ruvic)
« Les grands investisse­urs en bitcoin sont ceux qui ont le plus grand intérêt à entretenir l’euphorie », écrivent les auteurs. (Crédits : Dado Ruvic)

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