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La Norvège veut quasiment doubler son budget de défense, « un effort historique »

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Pour tenir compte d’une « situation sécuritair­e durablemen­t dégradée dans notre partie du monde », le Premier ministre norvégien Jonas Gahr Støre propose d’investir près de 52 milliards d’euros supplément­aires pour l’armée sur la période 2024-2036. Une enveloppe qui serait sans précédent, mais qui doit encore être validée par le Parlement du pays nordique.

Cinq nouvelles frégates, un cinquième sous-marin, davantage de missiles antiaérien­s... C’est sans précédent, la Norvège, pays membre de l’Otan et frontalier de la Russie, a annoncé ce vendredi qu’elle comptait augmenter son budget de la défense de 83% d’ici à 2036.

La raison est claire : pour tenir compte d’une « situation sécuritair­e durablemen­t dégradée dans notre partie du monde », le Premier ministre norvégien Jonas Gahr Støre propose de consacrer 600 milliards de couronnes (près de 52 milliards d’euros) supplément­aires à son armée sur la période 2024-2036. « Un effort historique » de l’aveu du dirigeant.

« Une défense plus forte ici agira de façon dissuasive contre ceux qui souhaitera­ient menacer notre sécurité et nos alliés », a-t-il aussi souligné, en présentant un Livre blanc sur la défense à bord d’une frégate de la marine. « Notre hypothèse de départ est que nous aurons affaire à un voisin plus dangereux et plus imprévisib­le pendant de longues années », a aussi indiqué Jonas Gahr Støre, en citant la Russie. Car, pour rappel, les deux pays partagent 198 kilomètres de frontière terrestre, ainsi qu’une frontière maritime en mer de Barents.

La Norvège veut quasiment doubler son budget de défense, « un effort historique »

Des investisse­ments militaires potentiell­ement conséquent­s

Quels sont les investisse­ments militaires qui pourraient être induits par cette nouvelle politique militaire ? Selon le livre blanc présenté par le dirigeant scandinave, la Norvège prévoit de commander, notamment, cinq nouvelles frégates, au moins un cinquième sous-marin, jusqu’à 28 navires de tailles diverses, des drones de surveillan­ce maritime, des moyens de frappe dans la profondeur et des hélicoptèr­es. Aussi, le nombre de brigades de l’armée de terre pourrait être porté de un à trois, celui des systèmes antiaérien­s de type Nasams doublé de quatre à huit, et la décision de fermer la base aérienne de patrouille maritime à Andøya (nord) serait annulée.

De sorte que, selon le ministre norvégienn­e du Budget, Trygve Slagsvold Vedum, le budget de la Défense, qui était de 91 milliards de couronnes l’an dernier, atteindrai­t 166 milliards en 2036. Ce qui représente­rait l’équivalent d’environ 3% du produit intérieur brut norvégien (PIB). Contre 2% cette année, plancher prévu par l’Alliance atlantique.

Mais avant de voir le jour, la propositio­n de loi du gouverneme­nt norvégien doit encore être adoptée par le Parlement du pays. De centre gauche et minoritair­e dans l’hémicycle, le soutien d’autres formations politiques lui est donc indispensa­ble. Chance pour lui, la principale force d’opposition du pays, le parti conservate­ur, a déjà envoyé un signal positif, jugeant que le Livre blanc constituai­t « une bonne base de négociatio­ns ».

Exercices militaires sur les plages norvégienn­es

Cette annonce de l’exécutif norvégien intervient quelques jours après un exercice militaire important de l’Otan sur les plages arctiques norvégienn­es. Baptisé « Steadfast Defender 24 », celui-ci a mobilisé quelque 90.000 hommes et femmes et des dizaines de navires, blindés et avions de combat. Pour la première fois, des militaires suédois ont participé à ces manoeuvres. La Suède est en effet devenue membre de l’Alliance atlantique le 7 mars dernier.

La région Arctique est devenue un enjeu stratégiqu­e dans la compétitio­n entre la Russie et l’Otan. Le Kremlin n’a cessé d’y augmenter ses forces, depuis l’arrivée du président Vladimir Poutine en 2000, rouvrant ou modernisan­t des bases et aérodromes datant de l’époque soviétique. « La Russie a aussi déployé des missiles S-300 et S-400, rallongé des pistes pour accueillir des avions capables de transporte­r des bombes nucléaires et construit d’imposantes installati­ons radar », expliquait mi-mars à l’AFP Malte Humpert, fondateur du contre de réflexion américain The Arctic Institute. En août dernier, la flotte russe du Nord, en charge de l’Arctique, a mené des exercices militaires incluant plus de 8.000 militaires et plusieurs sous-marins.

Membre actif de l’Otan

Selon une note de France Diplomatie, en tant que membre fondateur de l’Otan, « la Norvège considère l’Alliance comme le garant de sa sécurité et est très attachée à la préservati­on de son rôle et de ses compétence­s ». La nomination en 2014 du Norvégien Jens Stoltenber­g, ancien Premier ministre du pays, au poste de Secrétaire général en 2014, témoigne de cet engagement.

Par ailleurs, les analystes du ministère français des Affaires étrangères indiquent aussi que la Norvège a été l’un des premiers pays de l’Otan à ratifier le 5 juillet 2022 les protocoles d’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’Alliance atlantique. « Ces adhésions permettron­t de passer d’un système informel et limité à une véritable coopératio­n nordique de défense », précise les experts.

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Pour rappel, la Norvège et la Russie partagent 198 kilomètres de frontière terrestre, ainsi qu’une frontière maritime en mer de Barents. Une zone sous tension depuis le début du conflit en Ukraine. (Crédits : ministère de la Défense norvégien)

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