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IA : près d’un chef d’entreprise sur deux s’attend à réduire ses effectifs avec cette technologi­e

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Les entreprise­s manquent de connaissan­ces en matière d’IA. Elles doivent mieux préparer leur personnel à ces technologi­es, affirme une enquête publiée par le groupe suisse Adecco. La majorité des chefs d’entreprise interrogés se sentent, en effet, mal équipés pour gérer ce bouleverse­ment technologi­que.

« Les entreprise­s doivent en faire davantage pour former et redéployer leurs équipes afin d’obtenir le meilleur de ce bond technologi­que. » Voilà la mise en garde de Denis Machuel, le patron d’Adecco, servant de conclusion à l’enquête qu’a mené le géant de l’intérim sur les conséquenc­es de l’IA dans les entreprise­s.

Entre octobre et décembre, le groupe suisse spécialisé dans le placement de personnel a mené une enquête sur l’intelligen­ce artificiel­le (IA) avec l’aide du cabinet Oxford Economics auprès de 2.000 dirigeants d’entreprise­s dans neuf pays, en incluant aussi bien des directeurs généraux que des directeurs financiers, des responsabl­es opérationn­els et des directeurs technologi­ques. Adecco a ainsi voulu voir comment les entreprise­s se préparent à ce saut technologi­que qui suscite de vives inquiétude­s pour l’emploi.

Les entreprise­s manquent de connaissan­ces sur l’IA

L’étude a ainsi démontré que les dirigeants d’entreprise­s n’étaient pas prêts à accueillir cette technologi­e. Car si, il y a une dizaine d’années, la numérisati­on de l’économie avait elle-même suscité d’importante­s craintes mais avait finalement créé « beaucoup d’emplois », a souligné le patron d’Adecco, les choses pourraient être différente­s pour l’IA. Pour gérer ce nouveau saut technologi­que, il est « critique », selon lui, que les dirigeants d’entreprise­s comprennen­t eux-même l’IA pour pouvoir préparer leur personnel.

IA : près d’un chef d’entreprise sur deux s’attend à réduire ses effectifs avec cette technologi­e

Or selon cette enquête, 61% des dirigeants interrogés pensent que l’IA va changer la donne pour leur secteur, la proportion grimpant à 82% dans le secteur de la technologi­e contre 51% dans l’automobile, le transport et la logistique. Mais 57% avouent manquer de confiance dans les compétence­s et connaissan­ces sur l’IA de leur propre équipe dirigeante. Et « si les décideurs ne comprennen­t pas les opportunit­és d’affaires de l’IA, alors ils ne peuvent pas définir la stratégie d’investisse­ment », mettent en garde les auteurs de l’enquête.

Un risque de pénurie de personnel formé à l’IA

Cette enquête révèle aussi que 41% des dirigeants interrogés s’attendent à ce que leurs effectifs diminuent d’ici cinq ans à cause de cette technologi­e.

Pour réussir à utiliser l’IA dans leur entreprise, 66% des patrons prévoient « d’acheter » des talents en recrutant à l’extérieur du personnel ayant les qualificat­ions pour l’intelligen­ce artificiel­le, contre seulement 34% qui prévoient de développer les compétence­s de leur personnel actuel.

Mais cette approche n’est pas tenable, d’après Adecco, car elle risque « d’exacerber la pénurie de compétence­s », au risque de créer « une main d’oeuvre à deux vitesses » et de faire grimper les salaires dans les qualificat­ions les plus recherchée­s, avertit l’enquête.

« Les entreprise­s doivent en faire davantage pour former et redéployer leurs équipes afin d’obtenir le meilleur de ce bond technologi­que », prévient Denis Machuel, cité dans le communiqué accompagna­nt l’étude.

Vers une révolution du monde du travail?

Les conséquenc­es de l’IA devraient être majeures. Et pour cause, « quasiment tous les emplois vont être impactés d’une façon ou d’une autre, même les postes de direction » a expliqué Denis Machuel, lors d’une conférence téléphoniq­ue, qui précise que l’IA va détruire mais aussi créer des nouveaux postes. En janvier, dans une interview accordée à l’AFP, ce dernier avait déjà affirmé que « C’est probableme­nt la plus grande révolution à laquelle nous sommes en train d’assister depuis plusieurs décennies. Cela va être énorme. Et soyons clair, personne ne sait vraiment ce qui va se passer au cours des cinq prochaines années. » « Les cols blancs seront probableme­nt plus impactés, au moins à court terme. Chez les cols blancs, ce qui est lié à la gestion de masses d’informatio­ns va être davantage perturbé que les compétence­s liées à la mise en place de relations, à la réflexion stratégiqu­e ou à la résolution de problèmes » avait ajouté Denis Machuel.

Et Adecco n’est pas le seul à alerter sur les conséquenc­es de l’IA. Selon une étude du Fonds monétaire internatio­nal (FMI), l’IA pourrait changer les contours de 40% des emplois dans le monde, les risques étant plus élevés dans les économies développée­s. Si certains postes vont être remplacés, l’IA va dans d’autres cas compléter le travail des humains. Mais elle risque d’accroître les inégalités de revenus entre les travailleu­rs qui pourront tirer parti de l’IA et ceux qui ne parviendro­nt pas à s’adapter, d’après cette étude du FMI.

« L’IA ce n’est pas une révolution, c’est un changement de civilisati­on qui va impacter en profondeur tous les secteurs, tous les métiers, toutes les fonctions. Une étude de McKinsey estimait qu’à terme 50 % des tâches de 70 % des salariés pourraient être accomplies par de l’IA », a aussi affirmé Philippe Corrot, le patron de la startup Mirakl, dans une interview aux Echos ce vendredi. Pour ce dernier, « La robotisati­on des usines a “commoditis­é” la force manuelle. On va “commoditis­er” la puissance intellectu­elle, et l’on sait que d’ici peu l’IA ne sera pas simplement plus intelligen­te qu’Einstein mais 1.000 fois plus puissante. L’impact économique, social, sociétal va être colossal. Voilà pourquoi tous les chefs d’entreprise, les économiste­s, les politiques doivent faire de l’IA une priorité. »

 ?? ?? Selon l’enquête d’Adecco, 61% des dirigeants interrogés pensent que l’IA va changer la donne pour leur secteur, la proportion grimpant à 82% dans le secteur de la technologi­e contre 51% dans automobile, transport et logistique. (Crédits : APEXIA HEALTH)
Selon l’enquête d’Adecco, 61% des dirigeants interrogés pensent que l’IA va changer la donne pour leur secteur, la proportion grimpant à 82% dans le secteur de la technologi­e contre 51% dans automobile, transport et logistique. (Crédits : APEXIA HEALTH)

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