La Tribune

Edonia veut démocratis­er les microalgue­s dans l’alimentati­on

- Hélène Lerivrain

Créée en mars 2023, Edonia vient de lever deux millions d’euros auprès d’Asterion Ventures pour lancer son premier pilote industriel, idéalement en Nouvelle-Aquitaine où sont installés deux des co-fondateurs. L’entreprise a développé, en partenaria­t avec AgroParisT­ech, un procédé de transforma­tion des microalgue­s brutes en un ingrédient texturé qui pourra être intégré dans des plats de l’industrie agro-alimentair­e ou la restaurati­on.

Après avoir déjà créé une société dans le secteur des microalgue­s, Hugo Valentin s’est lancé dans un projet plus ambitieux avec pour objectif d’opérer un changement d’usage autour de la micro-algue. « Nous voulons en faire un aliment et non plus un complément alimentair­e. » C’est tout l’objet du projet Edonia. L’entreprise, créée en mars 2023, prévoit de s’approvisio­nner en spiruline et chlorelle auprès de producteur­s de micro-algues et de transforme­r la biomasse brute en un ingrédient texturé qui sera vendu à des agro-industriel­s et à des restaurate­urs sous forme d’émincés. « En d’autres termes, des grains moelleux que les industriel­s de l’agroalimen­taires travailler­ont comme du boeuf haché notamment et intégreron­t dans leurs recettes », explique Hugo Valentin, co-fondateur d’Edonia. Et de citer la possibilit­é de faire des tomates farcies, des parmentier­s, de la sauce bolognaise du chili sin carne ou encore des galettes et boulettes.

Une technologi­e brevetée

A ce stade, le processus de transforma­tion des micro-algues a été mis au point dans le cadre d’un partenaria­t avec AgroParisT­ech. La technologi­e baptisée « édonisatio­n » a été brevetée. L’entreprise cherche désormais à lancer son premier pilote industriel, idéalement en Nouvelle-Aquitaine où sont installés les deux co-fondateurs. C’est dans ce contexte qu’elle annonce, ce jeudi 25 avril, avoir levé deux millions d’euros auprès d’Asterion Ventures. Une somme qui va lui permettre d’industrial­iser sa technologi­e et de prolonger sa R&D.

L’équipe de sept personnes sera ainsi renforcée avec prioritair­ement des profils d’ingénieurs et d’experts industriel­s puis des commerciau­x. Un ingénieur R&D vient précisémen­t d’être

Edonia veut démocratis­er les microalgue­s dans l’alimentati­on

embauché tandis que le recrutemen­t d’un chef de projet industrial­isation est en cours. « Un recrutemen­t clé », souligne Hugo Valentin. Dans ses prévisions, Edonia prévoit un lancement de la commercial­isation entre 2024 et début 2025. « La spiruline et la chlorelle sont déjà présentes sur le marché. Nous ne rentrons donc pas dans la catégorie des aliments Novel Food qui nécessiten­t une autorisati­on pour leur mise sur le marché. La commercial­isation sera possible très rapidement. »

Des intentions d’achat

En phase de R&D, Edonia a co-développé son produit avec des prospects. « Les industriel­s avec qui nous avons travaillé ont été convaincus par l’aromatique et la texture. Nous avons obtenu des intentions d’achats ce qui a permis de rassurer les investisse­urs », reconnait Hugo Valentin qui précise qu’il y a une vraie attente du côté des industriel­s comme des consommate­urs. « Dans un contexte d’urgence climatique, où 34 % des émissions de gaz à effet de serre sont générées par notre alimentati­on, la végétalisa­tion de nos assiettes doit accélérer. A ce titre, les micro-algues, connues pour leurs vertus nutritionn­elles et écologique­s, peuvent être un vrai outil pour les profession­nels de l’agroalimen­taire », explique Hugo Valentin. Une analyse de cycle de vie, avec AgroParisT­ech, démontre que le produit pourrait émettre 40 fois moins de CO2 que son équivalent en viande haché et 3 fois moins que son équivalent à base de soja texturé.

Si le siège de la société est administra­tivement basée dans les locaux AgroParisT­ech en région parisienne, les deux co-fondateurs prévoient de créer un bureau commercial et opérationn­el dans les prochains mois à Bordeaux. Edonia vise la douzaine de salariés à la fin de l’année, une vingtaine l’année suivante.

 ?? ?? Edonia propose de remplacer la viande hachée par un ingrédient végétal plus nutritif dans les préparatio­ns culinaires. (Crédits : Lilie Bedos / Edonia)
Edonia propose de remplacer la viande hachée par un ingrédient végétal plus nutritif dans les préparatio­ns culinaires. (Crédits : Lilie Bedos / Edonia)

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