Si Lagardère sort D’EADS, c’est tout le pacte d’actionnaires qui tombe (...) L’état français veut rester présent et protéger ses droits. »
Daimler, qui possède 15 % d’EADS à côté de Dedalus, un consortium d’investisseurs (des banques et des assurances) propriétaire de 7,5 % du capital, va vendre la moitié de sa participation à la banque publique Kfw. Cette dernière est également en discussions pour acheter 4,5 % à des investisseurs de Dedalus. Ce qui porterait ainsi la part de Berlin à travers Kfw à 12 %. Voire à 13 %, dans la mesure où la banque publique détient déjà 1 % du capital d’EADS en raison de sa présence dans Dedalus. Le restant du capital du consortium (2 %) étant aux mains de certains Länder, la part des pouvoirs publics allemands dans EADS s’élèverait à 15 %. Pour mener à bien cette opération, la révision du pacte s’impose. Tel qu’il est écrit aujourd’hui, il empêche à la fois le transfert des titres de Daimler vers Kfw mais aussi la possibilité de Berlin de pouvoir nommer un représentant au conseil d’administration d’EADS (les États ne peuvent pas être présents au conseil, selon le pacte). Face à ces demandes auxquelles l’État français n’est pas hostile – il est même très favorable à la possibilité des États d’être présents au conseil –, la France veut, selon des sources gouvernementales, que « des deux côtés du Rhin chacune des deux parties ait la liberté d’organiser sa structure actionnariale » . Traduction pour le camp tricolore : « La France doit disposer d’une plus grande souplesse dans ses relations avec Lagardère, considérées aujourd’hui par l’État comme étant très encadrées par le pacte d’actionnaires. » Aujourd’hui, l’État français possède 15 % du capital et Lagardère 7,5 %. « L’idée est de mettre en place quelque chose de simple pour que, le jour où Lagardère souhaitera sortir d’EADS, l’État puisse disposer à ce moment-là de toutes les options possibles. » En clair, avoir la possibilité par exemple de le remplacer par un autre investisseur ou de racheter la participation de Lagardère. Une option aujourd’hui impossible, car le pacte interdit à l’État de posséder plus de 15 % du capital. « Sans aménagement du pacte, si Lagardère sort d’EADS, c’est tout le pacte d’actionnaires qui tombe et toute la relation entre l’État et EADS, et l’État risque de perdre ses droits en matière de pro-
n’a été fixée et que la sortie du groupe Lagardère n’est pas à l’ordre du jour ». Hostile au renforcement du poids des États dans le capital et cherchant au contraire à s’émanciper de leur influence, le président d’EADS actuel, Louis Gallois, et son successeur à partir de juillet, Tom Enders, prônent d’autres solutions pour protéger les intérêts des États. Notamment la mise en place d’une « golden share », une action préférentielle, qui permet de faire barrage à toute velléité étrangère. « C’est la seule façon d’en sortir » , dit-on chez EADS. Le gouvernement, lui, est sceptique sur la compatibilité d’une telle « golden share » avec le droit français. « D’autant plus que Bruxelles y est opposé » , précise un autre connaisseur du dossier. L’élection de François Hollande à la présidentielle risque-t-elle de changer la donne ? « Il y a plutôt un consensus sur ce sujet » , estime-t-on aujourd’hui dans un ministère.&