La Tribune Hebdomadaire

La position de la France est un maintien des fonds alloués à la PAC, ce qui nécessiter­a des arbitrages sur d’autres postes, notamment la recherche.

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Pour François Hollande et ses partenaire­s européens, les semaines qui viennent vont se révéler cruciales. Entre les contacts personnels que le nouveau président a pris depuis son élection, jusqu’au sommet européen de la fin de juin, en passant par la réunion « informelle » planifiée à la fin de ce mois, le nouvel exécutif français va devoir convaincre de la pertinence de son approche nouvelle concernant la croissance en Europe, sans obliger ses partenaire­s, et en premier lieu l’Allemagne, à casser ce qui a été fait avec le traité budgétaire paraphé par la France en mars dernier.

On connaît le problème central : modifier ou compléter le traité budgétaire par des dispositio­ns nouvelles de nature à relancer la croissance des économies européenne­s. Cela pose deux problèmes, l’un politique, l’autre technique.

Sur le plan politique, François Hollande devra trouver un compromis avec Angela Merkel sur un point précis : que ce nouveau pacte de croissance ne se traduise pas par un ralentisse­ment des plans de retour à l’équilibre des finances publiques et de désendette­ment de la zone euro.

Sur le plan technique, François Hollande a mis l’accent d’emblée sur quatre sujets : la taxe sur les transactio­ns financière­s, la recapitali­sation de la Banque euro- qui rassure d’ailleurs les interlocut­eurs de la France, et notamment l e prés i d e nt d e la Commission européenne, Manuel Barroso. Quelles seront les difficulté­s rencontrée­s au cours des discussion­s ? Sur l’utilisatio­n des fonds structurel­s, le plus dur a été fait, puisque l’Allemagne a accepté que les fonds non dépensés ne soient pas restitués, comme c’est pourtant la règle, aux États membres. La question qui reste en suspens est celle du montant que la Commission réussira à mobiliser, l’optimum étant de mobiliser toutes les lignes disponible­s, c’est-à-dire quelques dizaines de milliards d’euros.

Sur la recapitali­sation de la BEI de 10 milliards d’euros, il ne devrait pas y avoir de problèmes entre la France et ses partenaire­s européens. Grâce à l’effet de levier que peut faire jouer la banque, ces 10 milliards se traduiront par une capacité d’interventi­on de 60 milliards d’euros. En outre, la Commission pourrait apporter 230 millions d’euros supplément­aires au capital.

Concernant les « project bonds », qui s’inscrivent dans le cadre des grands projets d’infrastruc­tures de l’Union Européenne, et qui doivent permettre à des entreprise­s de lever des fonds sous forme d’obligation­s, avec une garantie partielle de la BEI, il ne devrait pas y avoir de problèmes techniques majeurs, sinon celui de modifier les missions de la BEI et de dresser la liste des péenne d’investisse­ment (BEI), le lancement des « project bonds » et le déblocage des fonds structurel­s, quatre sujets sur lesquels avait d’ailleurs commencé à travailler la Commission européenne.

Ce ne sont donc pas des idées tout à fait révolution­naires, ce treize ou quinze projets prioritair­es, éligibles à ce type de financemen­t.

Enfin, concernant la taxe sur les transactio­ns financière­s, les États membres qui y sont hostiles ne vont pas changer d’avis, en particulie­r le Royaume-Uni. Quelles sont les voies de sortie ? Peut-être celle de la coopératio­n renforcée sous l’égide de la Commission, qui réunirait neuf États membres. Mais le rendement d’une taxe sur les transactio­ns financière­s sans la City est naturellem­ent beaucoup moins attractif que les 50 milliards d’euros qu’elle produirait si les 27 se mettaient d’accord.

La négociatio­n d’un pacte de croissance n’est pas le seul dossier sur lequel le gouverneme­nt français sera mobilisé dans les semaines qui viennent. Le budget européen est un sujet particuliè­rement sensible.

La France a adopté une position dure : le gel de sa contributi­on au niveau actuel, ce qui se traduira par une baisse de ce budget à moins de 1 % du PIB européen. Mais la France exige aussi un maintien des fonds alloués à la PAC, ce qui obligera à réaliser des arbitrages sur d’autres postes, comme les fonds a l l a nt à l a re c herche ( la Commission propose une enveloppe de 80 milliards d’euros) et ceux destinés à financer les infrastruc­tures (60 milliards dans les premières épures proposées par les équipes de Manuel Barroso). Le nouveau gouverneme­nt devra donc faire connaître ses intentions au plus vite, soit rester sur la ligne

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