Deux générations d’européens
Autour de François Hollande, il y a deux sortes d’« européens ». D’un côté, la génération qui a usé ses fonds de culotte sur les bancs du Parlement européen pendant les dernières années, celle qui a fait l’expérience de l’Europe « post-Lisbonne », à la fois plus intégrée et fragilisée par la crise. Son porte-drapeau est Stéphane Le Foll, organisateur de la campagne du candidat Hollande. Connu à Bruxelles pour ses vues iconoclastes sur la politique agricole, il a obtenu de demander la renégociation du pacte fiscal au nom des députés socialistes européens, dont il est le vice-président. Sa consoeur, Catherine Trautmann, pilote du « pôle Europe », est chargée de la préparation du très attendu mémorandum européen du nouveau président. De l’autre côté, ceux qui sont restés récemment éloignés des affaires européennes ne s’annoncent pas les moins influents. Comme Pierre Moscovici, le directeur de campagne du nouveau président, incertain sur son destin politique immédiat et reste connu pour avoir été l’un des négociateurs du traité constitutionnel. À ses côtés, Élisabeth Guigou, égérie mitterrandienne du traité de Maastricht qu’elle contribua à faire ratifier par référendum, il y a vingt ans. Mais celui des proches de François Hollande qui a laissé le souvenir le plus frais à Bruxelles est l’ancien ministre des Affaires européennes de… Nicolas Sarkozy, Jean-Pierre Jouyet, que l’on dit voir rester à la présidence de l’Autorité des marchés financiers, à moins qu’il rejoigne l’Élysée comme conseiller spécial ou qu’il prenne la direction de la Caisse des dépôts et consignations. Michel Sapin, pressenti à Bercy, est, lui, un grand inconnu à Bruxelles, alors même qu’il a jeté les bases de la réforme consacrant l’indépendance de la Banque de France en 1992. Enfin, Laurent Fabius, ancien défenseur du « non » au traité constitutionnel, est pressenti pour diriger la diplomatie française, partisan d’une réorientation de la politique européenne que le nouveau président a déjà fait sienne.&