La Tribune Hebdomadaire

À Tulle, dans son premier discours, le président a bien pris soin de citer la réduction des déficits publics parmi ses priorités.

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Le projet de budget prévoit de ramener les déficits publics de 5,2 % en 2011 à 4,4 % cette année. L’exercice est rendu périlleux par les incertitud­es sur la croissance, même révisée de 0,5 % à 0,7 % en mars.

Mais le plus difficile reste à venir. En juillet, François Hollande enverra à la Commission une nouvelle mouture de la projection triennale des finances publiques qui fixera la trajectoir­e du retour à l’équilibre en 2017, soit un an de plus que la programmat­ion Sarkozy. Là encore, pas de surprise, ce délai supplément­aire avait été annoncé pendant la campagne. Ce décalage d’un an, qui redonne une petite marge de manoeuvre au président, ne change toutefois pas la donne pour 2013, puisque François Hollande s’est engagé à respecter la parole donnée par la France de ramener le déficit à 3 % du PIB l’an prochain. Le vrai rendez-vous avec les marchés financiers sera donc celui de la présentati­on du projet de budget, de l’État et de la sécurité sociale, pour 2013, en septembre. rigoureuse, l’essentiel de l’effort structurel de réduction des déficits des cinq années qui viennent (– 1,4 point sur une seule année, puis 3 points répartis sur quatre ans). Toutes choses égales par ailleurs, cela ressemble un peu à l’effort qu’avait dû consentir la France en 1997, l’année de la qualificat­ion pour l’euro, lorsque Lionel Jospin avait dû tenir les engagement­s pris un an plus tôt par une majorité de droite. Servi par la chance, à savoir une améliorati­on de la conjonctur­e mondiale, le gouverneme­nt socialiste avait tenu le pari à un dixième de point de PIB près.

Pour François Hollande, le pari n’est donc pas impossible. Surtout avec les hausses d’impôts prévues, qui représente­ront 1,4 point de PIB rien qu’en 2013. Mais il sera rendu plus difficile par les contrainte­s que s’est ajouté le candidat : arrêt de la RGPP (non-remplaceme­nt d’un fonctionna­ire sur deux), nouvelles dépenses comme les emplois d’avenir, contrat de génération, embauches de 12 000 fonctionna­ires à l’éducation nationale et autres promesses sociales. Son atout : l’objectif d’enrayer la spirale de la dette qui, même avec une gestion rigoureuse va culminer audessus des 90 % du PIB en 2013 ou 2014, fait consensus. Mais il devra tenir compte de la pression des marchés financiers. La stratégie macroécono­mique de la gauche au pouvoir repose sur l’espoir, celui d’une initiative de croissance européenne qui équilibrer­a la nécessaire austérité budgétaire. François Hollande a d’ailleurs prévenu : qu’on ne compte pas sur lui pour une relance budgétaire à la mai 1981. Le tournant de la rigueur, c’est maintenant qu’il faut le faire, pour retrouver des marges de manoeuvre. La redistribu­tion des éventuels fruits de la croissance, ce sera pour plus tard, si le pari réussit.&

Pour être crédible, l’affichage de l’objectif des 3 % devra s’appuyer sur des prévisions de croissance réalistes. C’est là que le programme du candidat socialiste pèche par optimisme puisqu’il s’appuie sur une croissance de 1,7 % l’an prochain, encore très incertaine vu le contexte européen. L’année 2013 sera donc décisive : elle concentre, sans doute de façon excessivem­ent

Ils sont venus, ils sont tous là, les syndicats. Et il y a même le patronat !… Ce petit emprunt à Charles Aznavour pour planter le décor de ce que sera la « conférence nationale pour la croissance et l’emploi » promise par François Hollande et qui débutera à la mi-juillet. Les invités ? Une kyrielle de ministres, mais aussi, donc, les confédérat­ions syndicales (CGT, CFDT, CFTC CFE-CGC et FO, FSU et Unsa) et le patronat (Medef, CGPME, UPA), voire d’autres associatio­ns représenta­tives de la société civile. Et pour faire quoi ?

La liste des thèmes que le nouveau président de la République souhaite aborder relève de l’inventaire à la Prévert : politique de l’emploi et de la formation, notamment à destinatio­n des jeunes et des seniors ; encadremen­t des licencieme­nts boursiers ; sécurisati­on des parcours profession­nels ; lutte contre la précarité ; égalité salariale et profession­nelle ; qualité de vie au travail ; pouvoir d’achat et politique salariale ; sécurisati­on des retraites. Ouf ! « Mais, nous ne voulons pas d’une grandmesse, type sommet social organisé par le précédent président. Il s’agira plutôt d’une vraie réunion de travail avec un partage des tâches » , précise-t-on dans l’entourage de François Hollande. entreprise­s. Il s’agira donc davantage d’une informatio­n à l ’a dress e des part e nai r e s sociaux. La réforme dont les contours et le coût exact restent à définir sera incluse dans une loi « pour l’emploi et la cohésion sociale », à la rentrée, qui lancera aussi les 150 000 emplois d’avenir (dont 100 000 dès la première année). par voie d’accords, seraient compétents pour modifier telle ou telle règle en matière sociale. Une vraie révolution.

« On ne sait pas encore si François Hollande va aller jusqu’à déterminer un champ propre aux partenaire­s sociaux, p r é c i s e Je a n - Domini q u e Simonpoli, directeur de l’associatio­n Dialogues qui rassemble des syndicalis­tes et des chefs d’entreprise, mais il est certain que le Medef serait très intéressé de codétenir ce pouvoir normatif. »

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