La Chine est devenue le paramètre incontournable de la quasi-totalité des marchés de commodités.
En utilisant l ’ i ndicateur CyclOpe-Rexecode, on obtient une hausse globale de 35 % en 2011, de 25 % si l’on exclut de l’indicateur l’énergie et les métaux précieux. « L’année 2011 a été la plus haute marche du cycle haussier que les marchés ont connu depuis 2005, et nous sommes bien au coeur du choc le plus important enregistré depuis les années 1970 » , e s t i me Philippe Chalmin. Les hausses les plus importantes ont été celles de l’argent (+ 75 %), qui devance le maïs (+ 68 %), la laine, le charbon-vapeur, le café. Les seules baisses ont été celles du cacao (– 5 %) et, sur- tout, du fret maritime pour le vrac sec (– 44 %). Même en tenant compte du retournement quasi général du printemps 2011, la plupart des marchés ont terminé l’année à des niveaux de prix historiquement élevés. En dehors du cacao et du fret maritime, les seuls produits dont les prix sont insuffisants pour équilibrer les coûts moyens de production sont l’aluminium et le gaz naturel aux États- Unis. Cette c o nj o nct u r e s ’e x - plique par la demande mondiale, portée par une croissance qui aura dépassé 4 %, mais aussi par des tensions géopolitiques majeures, comme les événements qui se sont déroulés dans les pays arabes, par quelques accidents climatiques, même s’ils ont été moins nom- breux qu’en 2010, et par l’ambiance générale d’incertitude financière qui a pesé sur le financement de capacités de production nouvelles. « En fait, au fil des mois, la dépendance des marchés vis-à-vis du débouché chinois n’a cessé d’augmenter. Alors, que s’amorçait la panne des économies occidentales, la Chine est devenue le paramètre incontournable de la quasi-totalité des marchés de commodités » constate Philippe Chalmin. « Mais la hausse s’explique aussi par le sous-investissement observé dans les grands projets miniers depuis la fin du xxe siècle. Le temps de l‘investissement est évidemment plus long que le temps des marchés », souligne-t-il.
On conçoit que dans cette conjoncture incertaine, il soit assez difficile de prévoir ce qui se passera d’ici à la fin de 2012 et au début 2013. La première inconnue est l’évolution de l’économie chinoise. Un taux de croissance de 9 % ou de 7 % n’a pas du tout les mêmes conséquences sur les cours des matières premières.
Lorsque, au début de l’été 2011, les autorités chinoises ont cherché à freiner l’activité en relevant, entre autres, le niveau des r é s e r ves obli g a t oi r e s des banques, les conséquences sur les importations de matières premières ont été quasi immédiates et les opérateurs ont cru alors que le grand cycle de croissance de la Chine était près de s’arrêter, notamment compte tenu de la chute des cours du minerai de fer et du cuivre. Le passage à vide a donc été très sensible.
Mais le taux d’inflation en Chine, qui a retrouvé des niveaux acceptables, autour de 3 %, pourrait inciter les autorités à relancer la machine. La demande reste forte dans les principales matières premières industrielles, mais aussi agricoles. Dans les autres pays émergents, le tableau est un peu plus sombre. Ainsi, l’Inde ne connaîtra pas cette année une croissance supérieure à 7 %, le Brésil restera à 4 % et les pays d’Asie du Sud-Est, quant à eux, resteront probablement dans la zone des 4 à 5 %.
Un autre élément d’incertitude concerne les conséquences de la révolution énergétique qui est en train de se produire dans le monde. Elle concerne d’abord le gaz et le pétrole de schiste. Le développement du gaz de schiste entraîne un effondrement des cours du gaz naturel, sans équiva-