La Tribune Hebdomadaire

La hausse du prix du pétrole est due à des facteurs géopolitiq­ues, la demande étant restée relativeme­nt stable.

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La situation est différente concernant le pétrole. Le cours moyen calculé par l’Opep à partir des cours des douze variétés de pétrole brut, s’est établi à 107,46 dollars le baril en 2011 contre 94,45 dollars en 2008 (le précédent record) et 77,45 dollars en 2010. Cette hausse a été due à des facteurs géopolitiq­ues, car la demande mondiale dans les pays de l’OCDE est restée relativeme­nt stable (49,3 millions de barils/jour en 2007, 45,8 millions en 2011). La demande mondiale a progressé de 2 millions de barils/jour durant cette période, mais cela est uniquement dû à la hausse de la demande chinoise, passée de 7,6 millions de barils/ jour en 2007 à 9,4 millions en 2011. Pour 2012, les scénarios pays de l’OCDE atteindrai­t 1 500 milliards de dollars cette année, dont 502 milliards pour l’Union Européenne, 426 milliards pour les états-Unis, 251 milliards pour la Chine et 198 milliards pour le Japon, selon les estimation­s de l’AIE. Quant aux pays membres de l’Opep ils encaissero­nt cette année la bagatelle de 1 200 milliards de dollars…

Une autre source de tension risque également d’apparaître sur les marchés de l ’é nergie. L’accident nucléaire de Fukushima, en mars 2011, a produit des effets en chaîne dont la portée n’est pas encore mesurable sur les marchés de l’énergie. Avant cette catastroph­e, le monde se dirigeait plutôt vers une sorte de renaissanc­e du nucléaire, puisque produire de l’énergie avec cette technologi­e devait participer aux efforts de décarbonis­ation des mix énergétiqu­es, non seulement des pays industrial­isés, mais aussi des 2011, contre 4 % en 2010. Il faut remonter à 1984 pour retrouver un niveau aussi élevé. Si les cours restent dans cette zone, le coût des importatio­ns pétrolière­s des pays émergents. Un certain nombre de pays développés (l’Allemagne, la Suisse, la Belgique ou l’Italie) ont décidé de sortir du nucléaire ou de ne pas y entrer. D’autres, comme la France, semblent s’orienter vers moins de nucléaire sans que l’on mesure les effets économique­s, à terme, d’une modificati­on du mix énergétiqu­e vers les énergies renouvelab­les ou de nouvelles centrales thermiques à gaz ou à charbon.

Enfin, le troisième élément d’incertitud­e concerne les produits agricoles. Les tensions alimentair­es demeurent fortes. La campagne 2010-2011 avait été marquée p a r d e s contrariét­és climatique­s, depuis la canicule en Russie, au cours du printemps et de l’été 2010, jusqu’aux inondation­s en Australie, en janvier 2011. Ce qui explique que cette campagne s’est révélée déficitair­e pour la plupart des grandes cultures, avec des stocks au plus bas. Cela s’est traduit par de fortes tensions sur les cours durant l’hiver 2011-2012, et cela explique en partie les mouvements sociaux qui commencère­nt à ébranler des pays comme la Tunisie ou l’égypte, et qui conduisire­nt aux événements que l’on connaît.

Les hausses les plus fortes ont été celles du maïs et du soja, et donc de l’ensemble des oléagineux. Avec de tels cours, les agriculteu­rs, partout dans le monde, augmentère­nt leur emblavemen­t. La campagne 2011-2012 s’est révélée meilleure, car moins exposée aux aléas climatique­s. La Russie aurait produit 94 millions de tonnes de céréales, contre 61 en 2010, mais 97 en 2009.

Pour autant, les stocks ne sont pas reconstitu­és et des éléments de déséquilib­re structurel­s demeurent. Et en premier lieu la demande chinoise. La Chine représente 21 % de la population mondiale mais seulement 9 % des terres arables, concentrée­s dans le nord du pays, là où les tensions sur les ressources en eau sont les plus fortes. Le XIIe plan quinquenna­l a mis l’accent sur le maintien de l’autosuffis­ance du pays à 96 %, ce qui implique de fortes hausses de production d’ici 2015. Mais, le modèle de croissance futur de la Chine est fondé sur le dével o p p e ment d ’u n e classe moyenne aux revenus plus élevés, dont les habitudes de consommati­on, notamment alimentair­es changent. Il y a donc de fortes chances pour que la demande chinoise tire les cours à la hausse dans les prochaines années. On a vu cette année la Chine conclure un accord avec l’Ukraine sur l’importatio­n de maïs, qui pourrait porter sur 4 millions de tonnes, selon certains experts.

Au total, le paysage de 2012 ne sera pas très différent de celui de 2011. D’abord en raison de problèmes structurel­s. Globalemen­t, les perspectiv­es de production demeurent insuffisan­tes face à l’augmentati­on prévisible de la demande. Le cycle des investisse­ments a pris trop de retard pour qu’il puisse se rattraper en quelques mois. Ensuite, l’effondreme­nt de l’économie chinoise n’est pas à l’ordre du jour. Même si la Chine connaît un ralentisse-

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