Quelle coalition pour gouverner la Grèce ?
Le « mandat exploratoire » pour former un gouvernement a échu à Alexis Tsipras, le chef de la gauche radicale, qui veut une renégociation du plan d’austérité avec les partenaires européens et un effacement d’une partie de la dette.
Gueule de bois. Le marché parisien soignait encore son mal de crâne, mercredi matin, après avoir chuté de 2,78 % la veille. Les investisseurs étaient brutalement rattrapés par la crise politique en Grèce, où aucune coalition ne semblait être en mesure de se dégager pour gouverner le pays, trois jours après les élections. Les marchés craignaient que l’instabilité politique ne mène à un arrêt du versement de l’aide internationale, ce qui conduirait à un défaut de paiement de la Grèce, voire, dans le pire des cas, à une sortie du pays de l’euro. « Cette crise politique s’annonce compliquée à gérer, alors que les marchés ont peur d’observer des divergences importantes entre la France et l’Allemagne » , expliquaient les économistes du courtier Aurel BGC. Pendant ce temps, à Athènes, Alexis Tsipras, le chef du parti de gauche radicale Syriza, s’attaquait à la tâche périlleuse de former un gouvernement de coali- tion. Son parti a créé la surprise, dimanche 6 mai, en ravissant la deuxième place aux socialistes du Pasok, relégués en troisième position ( voir graphique cicontre). Après l’échec du conservateur Antonis Samaras, dont le parti Nouvelle Démocratie est arrivé en tête des législatives, à former un gouvernement majoritaire pro-austérité, « le mandat exploratoire » pour cette tâche revient au deuxième parti, selon la constitution. Le Syriza, opposé aux mesures d’austérité, a obtenu 16,7 % des voix aux élections, soit 52 sièges, triplant son score par rapport aux dernières législatives. Il avait trois jours pour tenter de trouver des alliances. Alexis Tsipras a déjà prévenu qu’il souhaitait former un gouvernement de gauche afin de renégocier le plan d’assainissement de l’économie du pays avec les créanciers du pays, UE et FMI, en vue d’assouplir les mesures d’austérité. Il demande aussi qu’une partie de la dette grecque soit annulée. Mais sa tâche s’annonce difficile vu le refus déjà exprimé du parti com- muniste KKE de s’allier avec lui, et le fait que le troisième parti de gauche, Dimar (gauche démocratique), n’a obtenu que 6,1 % des voix, soit 19 sièges au Parlement. S’il échoue, « le mandat exploratoire » reviendra au troisième parti, les socialistes Pasok, selon la Constitution. Selon l’humanité.fr, Alexis Tsipras a demandé mercredi au nouveau président de la République fran- çaise, François Hollande, de le recevoir. Il attendait une réponse à l’heure où nous écrivions ces lignes… Syriza fait partie du bloc antirigueur hétéroclite qui détient la majorité arithmétique au Parlement, soit 151 sièges sur 300, face aux 149 sièges détenus par le Pasok et la Nouvelle Démocratie, partis qui ont accepté l’austérité imposée par les bailleurs de fonds du pays. Sur les 151 sièges, on trouve aussi bien 97 députés de gauche ou d’extrême gauche (Syriza, parti communiste, gauche démocratique), que 54 appartenant à un bloc d’extrême droite nationaliste (dont 21 du parti « Aube dorée », aux relents nazis). «Le pays se dirige vers la catastrophe. S’il n’y a pas un gouvernement d’unité nationale dans les prochains jours, de nouvelles élections semblent inévitables (...) en juin et la victoire du bloc extrême anti-rigueur de Tsipras est évidente », met en garde le journal libéral « Kathimérini », dans son éditorial de mardi. Dans le cas où Bruxelles et le FMI suspendent leur aide à la Grèce, le pays ferait défaut rapidement sur sa dette, et les investisseurs privés et les Etats prêteurs perdraient définitivement leur argent. Les « efforts » de «Merkozy » auraient alors simplement abouti à ce que plusieurs milliards d’euros d’aide publique partent en fumée. Les contribuables. européens apprécieront…&