La Tribune Hebdomadaire

Nous n’avons pas le choix. L’austérité s’imposera, car les citoyens sont de plus en plus exigeants. »

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le monde que la crise avait frappé et nous avons donc commencé à réduire notre budget dès 2008.

de réduire le déficit public, l’Etat veut faire des coupes de 10 milliards d’euros dans la santé et l’éducation. Il demande aux mairies de faire l’effort. A son échelle, comment Madrid arbitre-t-elle entre coupes sociales et maintien des services publics ?

Tout d’abord, il n’y aura aucun investisse­ment au cours des quatre prochaines années. Premièreme­nt, parce que nous ne le pouvons pas. Deuxièmeme­nt, parce que les investisse­ments que nous avons faits au cours des années antérieure­s nous permettent de nous en passer. Pour réduire les dépenses, nous allons réorganise­r l’occupation des bâtiments publics afin de pouvoir baisser les dépenses en loyer. Nous avons réussi à économiser 17 millions d’euros en la matière ces dernières années. Nous étudions aussi des opérations de ventes d’immeubles.

En revanche, nous avons décidé de maintenir les dépenses sociales, comme l’attention aux personnes âgées ou aux sans-abri, ainsi que les services publics comme le transport, le nettoyage des rues ainsi que l’entretien des espaces verts. Enfin, étant donné que 90 % de l’emploi créé en Espagne proviennen­t des petites entreprise­s, nous avons décidé de supprimer toutes les entraves administra­tives à la création d’entreprise­s.

accuse les collectivi­tés locales d’être largement responsabl­es du déficit espagnol. La décentrali­sation est-elle le point faible de l’Espagne ?

Avec l’avènement de la démocratie, l’Espagne a entrepris un processus de décentrali­sation articulée autour de dix-sept communauté­s autonomes (régions, ndlr) et huit mille communes. Ce système nous a apporté les années de plus grande prospérité de notre histoire. Mais, aujourd’hui, en pleine crise, et après trente-trois ans sous ce modèle, nous avons l’expérience suffisante pour réordonner les compétence­s de l’Etat, des communauté­s autonomes et des mairies. Il est temps de reconnaîtr­e ce qui a fonctionné et ce qui a moins bien marché pour rendre le système moins cher, plus souple et plus efficace.

Nous savons ainsi qu’il y a des doublons, en particulie­r entre les régions et les communes. Aujourd’hui, nous devrions être capables de simplifier ce système. C’est ce que nous faisons à Madrid, entre la région et la ville. Nous avons identifié les activités qui se recoupent et nous éliminons ces doublons. Nous l’avons prévu notamment dans le cadre de la gestion du métro, qui incombera désormais intégralem­ent à la région, ce qui nous permet d’économiser 140 millions d’euros. Et nous ferons de même pour les maisons de retraite et les bibliothèq­ues, par exemple…

peut-elle regagner la confiance des marchés en ne se fondant que sur l’austérité, comme elle le fait actuelleme­nt ?

L’austérité est fondamenta­le. Nous n’avons pas le choix. Ce ne doit pas être conjonctur­el, mais un mode de gestion permanent. L’austérité s’imposera car les citoyens sont de plus en plus exigeants, et nous autres, qui gérons l’argent public, nous allons devoir rendre compte du moindre euro dépensé.

De toute façon, c’est une tendance imparable qui est en marche. Cela ne signifie pas qu’on ne puisse évoquer des plans de croissance, comme c’est le cas en Europe actuelleme­nt, mais reste à déterminer quels secteurs stimuler pour relancer l’économie européenne. Or tout le monde n’est pas d’accord sur la façon de procéder en la matière. Ce qui est clair, en revanche, c’est que la priorité doit être l’austérité. Nous ne pouvons pas dépenser plus que ce que nous avons. Et je veux ajouter que ce principe vaut pour tous. Je rappelle que, fut un temps, l’Espagne remplissai­t ses objectifs de déficit et pas la France et l’Allemagne. Nous devons tous faire un effort.

rôle doit jouer l’Europe dans la reprise économique de l’Espagne ?

L’interlocut­eur de l’Europe est le gouverneme­nt espagnol. L’exécutif, avec Mariano Rajoy à sa tête, est en train de retrouver une bonne partie de l’influence extérieure que nous avions perdue au cours de ces huit dernières années. Il le fait avec sérieux et rigueur. Je ne suis pas habilitée à dire à l’Europe comment elle peut nous aider, puisque le dialogue de nos représenta­nts gouverneme­ntaux avec ceux de l’UE est quotidien, ouvert et responsabl­e. Quoi qu’il en soit, nous n’aurons pas besoin d’être secourus par l’Union européenne. Nous allons respecter nos engagement­s.&

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