Nous sommes les mieux placés pour être la locomotive de la sortie de crise du pays. »
tribune – Quelle est la situation de Madrid en ces temps de crise ? Ana Botella
– En général, l’ambiance est à l’inquiétude à Madrid. Il faut dire que c’est la première récession de notre histoire récente (la seconde depuis 2010, ndlr). Même en 1996, au moment de l’arrivée au pouvoir de José María Aznar, et alors que le taux de chômage était de 24 %, le PIB continuait à croître. Mais il y a aussi de l’espoir, avec le nouveau gouvernement de Mariano Rajoy. En ce qui concerne Madrid, la ville est solvable. Tandis que la capitale apporte plus de 12 % du PIB de l’Espagne, sa dette ne représente que 0,9 % de la dette totale. Nous en sommes là parce que nous avons commencé à prendre des mesures dès 2008. Autre chose : entre 2009 et 2012, nous avons réduit notre dette de 418 millions d’euros. Du reste, une mairie comme celle de Madrid a la capacité de générer des revenus. Nous ne sommes donc pas un fardeau pour la croissance de l’Espagne. Au contraire : nous sommes les mieux placés pour être la locomotive de la sortie de crise du pays.
Madrid est la ville la plus endettée d’Espagne après avoir été, avant 2008, la responsable des plus gros investissements en infrastructures, dont certaines pharaoniques, comme l’enfouissement du périphérique ou le déménagement des locaux de la mairie. Madrid symbolise-t-elle les excès espagnols des années fastes ?
Je ne crois pas. Madrid est certes une ville très endettée, mais elle a les moyens de rembourser cette dette. De plus, ces investissements ont été destinés à la construction d’infrastructures productives dont l’effet a été bénéfique pour l’économie de la ville.
Certes, le poids de la dette nous a empêchés de rembourser nos fournisseurs en 2010, mais cela ne serait pas arrivé si le gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero nous avait laissés repousser l’échéance de la dette. Enfin, Madrid a entrepris ces travaux à une période de grande prospérité économique. A l’époque, 11 % des revenus de la ville provenaient de la vente de terrains. Aujourd’hui, ces recettes ont disparu à cause de la crise immobilière. De fait, tous les revenus issus des impôts dérivés de l’immobilier et de la construction ont logiquement baissé avec l’éclatement de la bulle immobilière. Par ailleurs, 30 % de nos revenus proviennent des versements de l’Etat, issus des recettes fiscales. Or, comme en temps de crise, celles-ci sont moins élevées, l’état nous verse moins. Il est vrai que nous avons commis l’erreur de penser que ces revenus étaient consolidés. Cette erreur a été généralisée en Espagne, comme à Madrid. A une différence près : nous nous sommes rendu compte avant tout