« Nous faisons face à l’absence totale de financement de la part des banques. »
Hors de ses frontières, l’Espagne rime avec immobilier. A tort, comme le montre la belle « success story » de Zinkia. Cette PME spécialisée dans les films d’animation pour enfants a été fondée en 2001, mais son histoire débute véritablement en 2003, avec un personnage devenu célèbre, Pocoyó. « Avant Pocoyó, nous avions créé tout au plus quelques jeux pour téléphonie mobile » , raconte le PDG de cette PME madrilène, José María Castillejo.
Depuis, Zinkia s’est imposée comme l’un des étendards de l’industrie espagnole de films d’animations, dont le pays s’enorgueillit. Pocoyó est ainsi diffusé sur des chaînes de télévision de 130 pays et « visionné dans 203 pays » , a f f i r me Jo s é María Castillejo. D’après le fondateur de Zinkia, le petit bonhomme tout de bleu vêtu, dont les aventures, découpées en épisodes de sept minutes, se résument à la découverte du monde qui l’entoure, serait désormais plus connu que Don Quichotte.
« Tous les enfants du monde se ressemblent. Nous voulions qu’ils puissent s’identifier à Pocoyó quelle que soit leur nationalité » , explique Castillejo, qui revendique la « mondialisation » de la marque Pocoyó. Toute la trajectoire de la série est d’ailleurs marquée par l’international. La chaîne de télévision britannique ITV la repère dès 2004 et se charge de son développement international. A tel point que, lors de son entrée sur le marché espagnol, en 2006, Pocoyó est déjà diffusé dans une quarantaine de pays. L’Espagne reste toutefois le premier marché de Zinkia, mais « les Etats-Unis sont appelés à la supplanter prochainement » , promet José María Castillejo. La série espagnole y est diffusée sur quatre chaînes de télévision, et est « première en audience sur sa tranche horaire sur la chaîne Nick Junior » , affirme-t-il.
Depuis, ITV et Zinkia ont mis fin, en avril 2011, à leur collaboration, et la PME gère seule la diffusion et la vente de licences de la série. Pour Zinkia, cette scission a permis une amélioration notable de ses résultats. L’entreprise a ramené ses pertes de 2,6 millions d’euros en 2010 à 84 000 euros en 2011.
La trajectoire de sa cotation est elle aussi chaotique, avec une valeur boursière deux fois moindre que lors de son entrée en Bourse en 2009. Zinkia est également cotée à New York
PDG de Zinkia depuis la fin de l’année 2011.
« Les investisseurs nous reprochent d’avoir pris du retard sur nos prévisions commerciales, mais maintenant que nous sommes entièrement responsables de l’exploitation de la marque, nous allons pouvoir y parvenir », promet le patron de la PME, qui pronostique un Ebitda d’environ 7 millions d’euros en 2012, contre 1,6 million en 2011.
La crise a néanmoins durement touché l’entreprise qui vient d’annoncer un plan social touchant un tiers de son personnel. Zinkia ne comptera bientôt plus que 50 employés, tandis que Pocoyó va continuer à apporter pendant quelque temps encore plus de 95 % des ventes de Zinkia. « De fait, Pocoyó est devenu une marque très puissante, dont nous n’avons encore tiré que 10 % de ce que nous pouvons en obtenir » , assure José María Castillejo.