La Tribune Hebdomadaire

Emblématiq­ue de l’amérique, le bon vieux pick-up Ford F reste, depuis 29 ans, le modèle le plus vendu aux États-unis.

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Au dernier salon de Detroit, début janvier, Ford a ainsi présenté sa nouvelle familiale « globale ». La Fusion américaine, commercial­isée cet été, sera dupliquée, à quelques détails cosmétique­s près, en une Mondeo européenne, qui arrivera sur le marché en 2013. La production sera assurée conjointem­ent à Hermosillo (Mexique), Flat Rock (Indiana, états-Unis), Genk (Belgique) et en Chine. Les véhicules américains et européens auront 80 % de pièces c o mmun e s . D i x variantes de carrosseri­e sont prévues. Ford compte « fabriquer plus d’un million d’unités par an dans le monde » , affirmait Alan Mulally au salon de Detroit. gence, il en réduit les délais de réalisatio­n à deux ans au lieu de six. Le plan est rebaptisé Accelerate­d way forward. Au programme : suppressio­n de 16 usines, de 14000 emplois de cols bleus et de 25 000 à 30 000 de cols blancs ! Appliqué avant la crise, c’est lui qui sauvera Ford ! En six ans, les effectifs auront fondu de moitié, à 164 000 personnes, et il reste 70 usines seulement, contre plus d’une centaine ! Alan Mulally, qui recentre le groupe sur sa seule marque du même nom en revendant Jaguar, Land Rover, Volvo, lance par ailleurs le concept de « One Ford », avec des véhicules communs sur les mêmes bases roulantes partout dans le monde. Fini la diversité entre l’Amérique du Nord, l’Europe, l’Asie-Pacifique. Certes, l’Amérique du Nord conservera quelques véhicules spécifique­s comme le « F » ou les gros 4x4. Mais, pour le reste, priorité à la convergenc­e, économies d’échelle obligent.

Désormais, le groupe dispose de trois grandes plates-formes mondiales : les petites (telles les Fiesta assemblées des deux côtés de l’Atlantique); les compactes (Focus, monospaces C-Max, 4x4 Escape américain et futur Kuga II européen) ; les familiales. Et ce n’est pas fini. Fin 2012-début 2013, les utilitaire­s feront aussi cause commune avec un assemblage aux États-Unis, en Turquie et en Grande-Bretagne. Une vraie révolution.

Ford réussit même la prouesse de se doter d’une image « verte ». Un comble pour le fabricant des énormes 4x4 Expedition ! Il vient ainsi de lancer outre-Atlantique une Focus électrique, dont la première a été livrée le 1er mars dernier. Certes, elle se vend au compte-gouttes à un prix de 30 000 dollars (23 000 euros), un tarif élevé aux États-Unis. Il n’empêche. C’est un début. Et la marque s’apprête à commercial­iser un monospace compact C-Max hybride, voire hybride rechargeab­le, une première pour un modèle américain.

Ford, qui passait naguère pour très conservate­ur, innove aussi dans les véhicules classiques. Il est le premier à mettre (en Europe) un tout petit moteur trois cylindres (au lieu de quatre) sous le capot d’une berline compacte (Focus). À la rentrée, il proposera un minispace original, le B-Max, dont les portes latérales s’ouvrent sans pied milieu, ce qui permet un accès sans aucun obstacle. Enfin, plus globalemen­t, Ford propose des produits, que tous les experts s’accordent à juger bien conçus, avec un excellent comporteme­nt routier et des moteurs efficaces (dont les diesels codévelopp­és et produits avec PSA).

Fort de son expansion et de ses réductions de coûts, le groupe, redevenu largement profitable, parvient enfin à se désendette­r. La dette n’était plus que de 13,7 milliards de dollars (10 milliards d’euros) à la fin de mars dernier, contre 16,6 milliards à la fin de 2011. Récompense suprême : l’hypothèque sur le logo Ford a été levée… il y a un mois. Certes, malgré son spectacula­ire rétablisse­ment, Ford pâtit encore de handicaps. Tout d’abord, malgré sa croissance, le marché américain n’est pas revenu aux niveaux d’avant crise. Jim Farley, vice-président du groupe, mise sur un marché de 14,5 millions de véhicules aux États-Unis en 2012 (12,7 millions l’an dernier). Au creux de la dépression, en 2009, il avait fondu à 10,3 millions. Mais on est encore loin des 17 millions de 2005. En outre, malgré les économies d’échelle, Ford souffre en Europe, où une bonne part de sa production est réalisée dans des pays à coûts salariaux élevés (Allemagne, Belgique). La firme a d’ailleurs perdu 149 millions de dollars (110 millions d’euros) sur le Vieux Continent au premier trimestre, après presque 450 millions sur le deuxième semestre de l’an dernier.

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