5e position
Sur le papier, les chiffres impressionnent. France Business School (FBS), c’est 7 000 étudiants, 170 professeurs permanents dont 103 enseignants docteurs, un réseau de 30 000 anciens et un budget de 65 millions d’euros, qui font entrer ce regroupement des ESC d’Amiens, de Brest, de Clermont-Ferrand et de l’Escem Tours-Poitiers dans le cénacle des business schools françaises. Érigée à la hâte, finalement délaissée par l’ESC Pau qui, à quelques encablures de la présentation officielle, a préféré rallier le tandem Bordeaux École de manag ement-Euromed, France Business School – qui sera opérationnelle le 1er janvier 2013 et qui est appelée à s’étendre à d’autres enseignes – constitue la riposte à un contexte défavorable. Soutenir la compétition française et internationale – recrutement de professeurs, innovations technologiques, partenariats étrangers, concurrence universitaire, etc. – exige une taille critique et des financements dont les petits établissements sont dépourvus. Surtout lorsqu’ils émanent des chambres consulaires.
Bref, la naissance de FBS participe d’une contre-offensive qui, là encore sur le papier, ne manque pas d’intérêts. Y compris pédagogiques, même si dans ce domaine les annonces ne sont ni révolutionnaires ni véritablement singulières et ne pourront être jugées qu’à l’aune de leur application : « former des managers entrepreneuriaux » , s’inspirer de la philosophie des Compagnons du devoir, in fine, « revenir aux fondamentaux de la grande école française » sensible à des formes autant « traditionnelles qu’innovantes » d’apprentissage, à l’alternance, à l’accompagnement par les professionnels, au « développement de la personne » , aux matières connexes – sciences politiques et humaines, art, philosophie…
Restera à traiter les écueils qui ne manqueront pas de se présenter : réussir le recrutement des promotions ; lisser la hiérarchie entre campus issue de l’histoire des établissements ; faire vivre une gouvernance inédite, dite «à parité » , entre les CCI, mais aussi à plusieurs étages – conseil d’administration, conseil d’orientation stratégique, comité exécutif, directions de pôles et de campus – et à ce titre alambiquée ; protéger l’enseigne de possibles pressions consulaires exhortant à servir en premier lieu l’intérêt du territoire et des PME locales… Dans ce domaine, les déclarations du président de FBS Isidore Fartaria lors de la conférence de presse inaugurale – en l’absence remarquée du futur directeur général Patrick Molle, officiellement « toujours en mission » pour l’EM Lyon dont en réalité il avait été débarqué trois semaines plus tôt, libéré de son préavis – n’auront pas été de nature à rasséréner.
Mais c’est sur les plans sociaux et managériaux que l’enjeu s’avère le plus épineux. L’obligation de rationalisation des coûts, véritable motivation originelle de ces quatre écoles elles aussi soumises à l’érosion des ressources traditionnelles, interroge la gestion des doublons, « triplons » et… « quadruplons » ; l’artisan de FBS et président du conseil d’administration de l’Escem, François Duvergé, la promet « sans aucun licenciement » et la fonde sur les départs à la retraite non rempla- cés. Cela sera-t-il suffisant ? La réallocation des postes, la nouvelle répartition des responsabilités, et la création à Paris d’une tutelle regroupant à terme une quinzaine de dirigeants et de collaborateurs recrutés à l’extérieur – « nous ne disposons pas en interne des compétences pour assurer les fonctions transversales : DRH, directeur financier… » , concède François C’est, selon le Financial Times, le classement de l’EM Lyon au programme Grande École en Europe. L’école est également la 15e MBA en Europe d’après The Economist et la 2e du palmarès Challenges 2012 des écoles de commerce en France. Duvergé – et lestant substantiellement le budget de fonctionnement, s’annoncent acrobatiques. Y compris pour sanctuariser l’autonomie et l’initiative dans chaque campus. Quant au basculement vers le statut de droit privé des salariés relevant du statut consulaire, là encore le chantier devrait être complexe, même s’il s’appuiera sur le volontariat. Bref, le directeur général de FBS devra déployer des talents à la fois d’entrepreneur, de manager, et de politique. Patrick Molle, en poste à partir de septembre, est-il cet oiseau rare ?
Directeur général de l’EM Lyon de 1996 à son éviction, brutale, début mai, après la publication d’une interview sur aef.info faisant état de son implication, déjà ancienne, dans le projet FBS pour le compte duquel il confiait apporter d’importants investisse-