La création d’emplois aux ÉtatsUnis pourra être un atout déterminant pour l’obtention de contrats avec le Pentagone.
À terme, Airbus produira chaque mois un total de plus de cinquante A320 Neo, la version améliorée de son monocouloir vedette prévue pour 2015, a déclaré lundi à Reuters le directeur commercial de l’avionneur européen, John Leahy. Le constructeur compte produire dans l’usine américaine « entre 40 et 50 avions par an » . La construction du site sera lancée dès l’été 2013 afin que l’assem- blage des avions puisse « débuter en 2015 » . Les premières livraisons depuis le site de Mobile « devraient avoir lieu en 2016 » . Même les plus réticents à cette décision, à l’image de l’ancien président d’EADS Louis Gallois, font valoir que « la croissance de l’entreprise donne une marge de manoeuvre pour implanter une chaîne d’assemblage à l’extérieur de l’Europe sans impact sur les implantations de Hambourg et de Toulouse » . Aujourd’hui, le site toulousain produit quatorze A320, celui de Tianjin va passer de trois à quatre, le reste étant produit à Hambourg. Le projet de 600 millions de dollars (environ 474 millions d’euros) va permettre à Airbus de mieux profiter du marché américain, notamment celui des avions monocouloirs. Les compagnies aériennes vont devoir remplacer des milliers d’appareils d’ancienne génération, aujourd’hui beaucoup trop gourmands en kérosène. L’avionneur européen estime le potentiel de ce marché, le premier mondial pour ce type d’avions, à 4 600 appareils pour les vingt prochaines années. Une cible très alléchante pour la filiale d’EADS. D’autant que la part de marché d’Airbus aux États-Unis reste désespérément basse, de l’ordre de 20 % sur les dix dernières années, alors que l’avionneur détient plus de 50 % du marché mondial.
Cette nouvelle usine permettra à Airbus d’augmenter la cadence de production de l’A320 Neo, un « best-seller », qui croule sous les commandes. Un an et demi après son lancement, début décembre 2010, l’A320 Neo avait franchi le 8 juin la barre des 1 400 exemplaires commandés de manière ferme. Soit une moyenne de plus deux commandes fermes (pas loin de 2,5) enregistrées chaque jour depuis son lancement. Grâce à l’usine de Mobile, les délais de livraison seront fortement réduits pour satisfaire les compagnies aériennes américaines. L’annonce d’Airbus fait des heureux, notamment du côté des sénateurs et des membres de la chambre des représentants de l’Alabama, de l’Ohio, du Mississippi et de Floride. « Ce projet va permettre de créer 1 000 emplois stables et bien rémunérés » , pointe le gouverneur de l’Alabama, Robert Bentley, qui accompagnait Fabrice Brégier lors de l’annonce officielle. La création d’emplois aux États-Unis pourra être un atout déterminant pour l’obtention de contrat avec le département de la Défense américain. Le souvenir du contrat de 35 milliards de dollars avec l’armée de l’air américaine que Boeing a arraché in extremis des mains d’Airbus est encore présent dans les esprits. « Nous y avons acquis beaucoup d’expérience et nous nous y sommes fait des appuis solides » , explique Tom Enders, le président d’EADS.