Chez Barclays, Diamond n’est pas éternel
Déjà mis en cause par les actionnaires de Barclays pour ses rémunérations excessives, le directeur général n’aura pas résisté au scandale du Libor. Il a préféré démissionner…
Bob Diamond n’a pas pu sauver sa place. Mis en cause dans le scandale du Libor, le directeur général de Barclays a annoncé sa démission, mardi. Âgé de 60 ans, né aux États-Unis, il est à l’origine de la montée en puissance de Barclays, notamment depuis 2008, et du rachat d’une partie des activités de la défunte Lehman Brothers. Cela faisait plusieurs mois qu’il était sur la sellette en GrandeBretagne à cause de sa rémunération (et notamment du versement d’une prime de 5,75 millions de livres pour le paiement de ses impôts) et des montages fiscaux audacieux qui lui ont valu les foudres de certains actionnaires mais aussi celles du Trésor public britannique. Barclays a annoncé mercredi qu’elle allait payer au total l’équivalent de 290 millions de livres – soit environ 360 millions d’euros – pour mettre fin à des enquêtes des régulateurs britannique et américain sur des tentatives de manipulation des taux interbancaires Libor et Euribor. Ces taux définissent le prix auquel les banques se prêtent de l’argent, mais aussi indirectement ceux des crédits aux ménages et aux entreprises. L’affaire a fait grand bruit au Royaume-Uni et d’autres établissements sont impliqués dans ce scandale. Une vingtaine d’enquêtes auraient ainsi été ouvertes sur plusieurs continents et v i s e r a i e nt notamment Citigroup, HSBC et UBS. Chez Barclays, Bob Diamond représentait à lui seul le symbole des excès en tous genres de la finance. Reflet du tollé que suscite l’affaire outre-Manche, le leader de l’opposition travailliste, Ed Miliband, avait estimé dès lundi qu’il fallait « un changement de direction plus vaste, incluant Bob Diamond » , qui « était responsable du pôle de Barclays où ont eu lieu ces scandales il y a plusieurs années ». Le président du conseil d’administration de Barlays, Marcus Agius, 63 ans, ancien de chez Lazard, avait déjà annoncé lundi qu’il quittait son poste. « Les événements de la semaine dernière ont mis en évidence des comportements inacceptables au sein de la banque et ont porté un coup dévastateur à la réputation de Barclays », avait alors estimé Marcus Agius dans un communiqué. « Nos clients, employés et actionnaires ont été déçus et j’en suis sincèrement désolé », avait-il ajouté. La banque va par ailleurs lancer un audit sur ses pratiques, qui doit conduire à un rapport public et à la publication d’un nouveau code de conduite pour ses employés. Au conseil de Barclays siègent aussi quelques poids lourds de la « Corporate England », comme Mike Rake, 64 ans, président de BT et d’Easyjet, et camarade de polo du prince Charles ; sir John Sunderland, 66 ans, ancien président de Cadbury Schweppes et du CBI (Confederation of British Industry) ou sir Andrew Likierman, président du National Audit Office, et recteur de la London School of Economics.&