Thomas Renault
Doctorant en économie à l’Université Paris 1 PanthéonSorbonne, professeur d’économie à l’IESEG Paris et créateur du blog Captain Economics www. captaineconomics.fr
Parmi les réformes annoncées par François Hollande, l’une des plus médiatiques concerne la création d’un taux d’imposition marginal à 75 % pour les revenus supérieurs à un million d’euros par an. Pour estimer l’impact d’une telle mesure, il est nécessaire de mesurer les effets d’une hausse du taux d’imposition sur le comportement des individus, en prenant en compte la mobilité internationale des travailleurs et la baisse des incitations à travailler pour les plus riches. Selon les réponses comportementales des individus, une hausse d’impôts peut alors diminuer ou augmenter les recettes fiscales de l’État, en fonction de ce que l’on appelle en économie « l’élasticité du revenu imposable au taux marginal d’imposition ». Mais comment est-il possible d’estimer si une hausse de l’imposition sur les très hauts revenus aura un impact significatif sur la mobilité internationale des riches français? Pour répondre à cette question, l’étude du marché du football comporte de très nombreux avantages. Tout d’abord parce que depuis 1995 et l’arrêt Bosman, le marché du football européen est libéralisé. La concurrence entre grands clubs pour attirer les superstars du football peut donc être reliée à la concurrence entre grandes entreprises pour attirer les meilleurs patrons ou traders. Ensuite car il est possible de réaliser de nombreuses études statistiques et économétriques sur le marché du football, grâce à l’abondance de données complètes et détaillées. Contrairement aux mouvements des individus entre entreprises, il est possible de retracer précisément les mouvements des joueurs entre les différentes ligues européennes, ce qui permet de tester l’impact d’un changement de taxation ou de fiscalité sur la mobilité internationale des joueurs. Le dernier avantage, et non le moindre, est que le lien entre le taux d’imposition sur les hauts revenus et les migrations de footballeurs entre pays a été étudié d’un point de vue scientifique et empirique par trois économistes de renom : Henrik Kleven, Camille Landais et Emmanuel Saez ( Taxation and International Migration of Superstars : Evidence From the European Football Market). Pour être chauvin et montrer le sérieux de cette étude, rappelons qu’Emmanuel Saez, économiste français et professeur à l’université de Berkeley, a reçu en 2009 la médaille John Bates Clark (la seconde récompense la plus prestigieuse en économie) pour ses travaux sur la théorie de la taxation optimale et l’étude des inégalités économiques. Cette étude empirique sur le marché du football, publiée en novembre 2010, montre que plus le taux d’imposition (incluant l’impôt sur le revenu, les cotisations salariales et la TVA) est bas, plus le nombre de