3. La boulimie asiatique dope le GNL
Les questions environnementales ne semblent pas devoir être un obstacle dans l’Empire du Milieu. « Mais, d’un autre côté, la densité de la population, la faible disponibilité de services pétroliers et surtout la question de la disponibilité de l’eau, nécessaire en très grande quantité dans ces forages, peuvent s’avérer des freins » , ajoute-t-il. GNL, acte II. Presque cinquante ans après les premiers navires méthaniers qui ont amené du gaz liquide algérien vers les ports français et britanniques, le gaz naturel liquéfié (GNL) semble prendre un réel essor. Même s’il faudra attendre 2015, selon l’AIE, pour assister à une « accélération brutale », grâce à la mise en service de nouvelles capacités d’exportation en Australie et aux États-Unis. En attendant, l’Agence table sur un relatif ralentissement ces trois prochaines années. D’ici à 2017, le commerce du GNL doit progresser de 31 % tandis que le transport via gazoducs doit, lui, bondir de 41 %.
Pesant 10 % des échanges mondiaux de gaz aujourd’hui, le GNL doit atteindre d’ici à 2030 près de 16 % d’un volume qui aura lui bondi de 40 %, selon le Cedigaz, centre d’information associant les principaux producteurs internationaux.
Ce marché, qui doit apporter une flexibilité et une souplesse inédites dans le commerce du gaz, fonctionne encore par à-coups. Il a bondi de 20 % en 2010 mais de seulement 10 % en 2011. Il est très dépendant d’investissements très lourds (plus de 4 milliards de dollars pour un terminal de liquéfaction, entre 500 millions et un milliard pour une unité de regazéification), planifiés des années à l’avance.
Les appétits de l’Asie sont au centre du décollage attendu du GNL. Au premier rang des consommateurs : la Chine, qui va devenir en 2017 le troisième consommateur mondial de gaz, derrière les ÉtatsUnis et la Russie. Son appétit en gaz doit doubler entre 2011 et 2017, soit une croissance annuelle de 13 %, selon le dernier plan quinquennal. Ses voisins ne sont pas en reste. Depuis Fukushima, le Japon compense l’arrêt de ses réacteurs nucléaires, qui produisaient 30 % de son électricité, par du pétrole et du gaz, à parts égales. Sous l’effet de leurs croissances, des pays exportateurs de gaz, comme la Malaisie et l’Indonésie, deviennent, ou vont devenir, importateurs, à l’instar de la plupart des pays du MoyenOrient à horizon 2017, selon l’AIE.
L’Asie, peu équipée en gazoducs, voire, pour certains pays comme le Japon ou l’Inde, peu accessibles aux tuyaux, est la zone de prédilection du commerce mondial de GNL. Elle a concentré 63 % du trafic mondial de GNL l’an dernier, et 86 % des livraisons supplémentaires. Et cela va encore s’accélérer. « Aujourd’hui, deux tiers des usines de regazéification en construction dans le monde se trouvent en Asie, essentiellement en Chine et en Inde » , souligne l’Agence internationale pour l’énergie. Sur la soixantaine de projets en cours en Asie du Sud-Est, une vingtaine se trouve en Inde, qui ne compte, pour dollars pièce, en moyenne – donne une bouffée d’oxygène aux chantiers navals asiatiques, en particulier ceux de Corée du Sud qui raflent presque toute la mise, les Japonais souffrant de leur yen trop cher. Mais attention, les Chinois s’y mettent, préfigurant un bouleversement du marché, selon les experts. GNL. Son seul terminal de liquéfaction, Sakhaline 2, date de 2009! Les autres mégaprojets (Shtokman et Yamal) sont en négociation depuis des années…