5. Des platesformes flottantes de liquéfaction
« Comme les unités flottantes de production pétrolière [les FPSO] ont révolutionné l’extraction du pétrole, en permettant d’aller le chercher au fond des mers, très loin des côtes, les futures plates-formes flottantes de liquéfaction vont bouleverser la production du gaz » , affirme Olivier Appert, président d’IFP Énergies Nouvelles.
L’idée : exploiter les gisements de gaz sous-marins trop loin de la terre pour être reliés à la côte par un gazoduc. À titre d’exemple, le projet Ichtys, mené en Australie par Total et le japonais Inpex, exige la construction de 800 kilomètres de gazoducs sous-marins, dont le coût est estimé à un milliard de dollars.
Les premières applications mondiales de « floating GNL »sont prévues en Australie. Le pays, voué à devenir le prochain Qatar, avec une première usine de liquéfaction entrée en service en mai dernier, sept en construction et de nombreux projets, offre un tel potentiel que les opérateurs n’hésitent pas à s’éloigner des côtes. Trois projets de « Floating LNG » sont en cours. Le premier, Prélude, mené par Shell, associé au Japonais Inpex et au coréen Kogas, a été officiellement lancé en mai 2011, pour un budget total estimé à 12 milliards de dollars. Cette usine de liquéfaction flottante, dont la construction est en cours dans un chantier naval coréen, avec la participation notamment du français Technip (lire l’interview de Thierry Pilenko, PDG de Technip, page 8), constituera le plus gros « objet » flottant au monde. Compte tenu des coûts, la technologie de l’usine de liquéfaction flottante est réservée aux mégagisements.
GDF Suez mène un des deux autres projets, Bonaparte, avec son associé australien Santos. Le groupe franco-belge a prévu de prendre sa décision finale d’investissement d’ici à 2014, pour une mise en service en 2018. Plus petit que Prélude, le budget de Bonaparte est estimé entre 7 et 8 milliards de dollars. Le même calendrier prévaut pour le projet Sunrise, mené par Woodside, Shell, ConocoPhillips, et Osaka Gas. Le Brésil, qui envisageait de tels monstres flottants pour envoyer directement par navires son gaz extrait au large, a repoussé pour l’heure ses projets. Shell et Inpex ont un autre projet d’usine de liquéfaction flottante au large de l’Indonésie.