La Tribune Hebdomadaire

Nous visons une implantati­on locale dans les pays où existent de forts enjeux énergétiqu­es. Nous sommes un groupe multilocal, ce qui, pour moi, n’est pas synonyme de groupe multinatio­nal. »

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– En effet, nous constituon­s une assez bonne vigie pour observer ce qui se passe dans l’énergie, puisque nous travaillon­s aussi bien avec des compagnies nationales que des grandes majors internatio­nales. Il faut d’abord constater que la demande énergétiqu­e mondiale continue de croître. Mais les challenges à relever sont de plus en plus complexes. Les nouvelles réserves, mises au jour ces dernières années, se situent dans des lieux difficiles d’accès, comme l’Arctique ou les eaux très profondes. Il faut noter que depuis le milieu des années 2000, l’exploratio­n a repris. À partir de 2004-2005, on s’est réveillé parce qu’il fallait absolument reconsti- tuer les réserves mondiales, et donc relancer les investisse­ments dans la découverte de nouveaux gisements. Les résultats ont été au rendez-vous. Entre 2007 et 2010, pour chaque baril produit, on a mis au jour 1,6 baril de nouvelles réserves. C’est une tendance nouvelle. Cela est dû en partie au fait que des petites sociétés sont arrivées avec des approches différente­s, qu’il s’agisse de nouveaux territoire­s ou de nouvelles techniques. C’est ainsi que l’on a eu l’idée de forer sous d’épaisses couches de sel, comme au Brésil, où l’on a mis au jour des réserves de plusieurs dizaines de milliards de barils. C’est aussi le cas au Ghana, où l’on a foré dans une zone que l’on pensait non pertinente et identifié un champ très

important, ou encore au Mozambique, où l’on a découvert d’importants gisements de gaz, sans parler de la Méditerran­ée de l’Est.

gaz de schistes font aussi partie de ces nouveaux concepts dont vous parlez ?

Bien sûr. L’idée nouvelle a consisté à regarder ces schistes à la fois comme une roche mère mais aussi comme un réservoir d’hydrocarbu­res. À l’origine, ce sont de petites sociétés qui ont montré qu’en forant des puits horizontau­x et en utilisant la technique du fracking, on pouvait générer une production notable. Cette nouvelle approche est en train d’avoir un impact très important aux États-Unis. Comme vous le savez, ce pays dispose aujourd’hui de gaz en excès, et pense soit à l’exporter, soit à le transforme­r en produits dérivés du pétrole à travers la chaîne de la pétrochimi­e. Le prix du gaz aux États-Unis a été diminué par cinq en cinq ans, passant de quelque 10 dollars le million de BTU à environ 2 dollars aujourd’hui, contre 9 à 10 dollars en Europe et 18 dollars en Asie. C’est un choc considérab­le, notamment dans le secteur de la pétrochimi­e, dont nous allons assister à la renaissanc­e aux États-Unis. Mais ce n’est pas tout : la molé

cule de gaz, on peut soit la transforme­r pour fabriquer de l’éthylène ou du polyéthylè­ne, soit l’utiliser pour fabriquer de l’essence, dans le processus dit GTL, pour gas to liquid. Par un processus chimique bien maîtrisé aujourd’hui, on passe ainsi d’une molécule simple de gaz à une molécule complexe de carburant, directemen­t utilisable dans les moteurs à explosion. Le seul problème est que ce processus est très gourmand en énergie : pour produire un baril de cette essence, il faut utiliser un demi-baril dans le processus de transforma­tion.

perspectiv­es ouvre cette nouvelle filière de production de carburant ?

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Thierry Pilenko, PDG de Technip.

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