La Tribune Hebdomadaire

Patron de société cotée : ç’a eu payé !

- Pascale Besses-boumard

Selon le cabinet ATH, les patrons des sociétés cotées, hors CAC 40 et banquesass­urances, ont vu leur rémunérati­on totale baisser de 4 % en 2011. Il apparaît aussi que les parties fixes augmentent au détriment des variables.

Au moment où Bob Diamond, le sulfureux patron de la banque JP Morgan fraîchemen­t déchu, annonce qu’il renonce à son extravagan­t bonus de 20 millions d’euros, il est intéressan­t de voir comment se payent les patrons d’entreprise­s de plus petite taille. C’est ce qu’à fait ATH, associatio­n de cabinets d’audit et de conseil, qui s’est penchée sur les rémunérati­ons de 400 dirigeants de sociétés cotées, hors CAC 40 et banques-assurances. Le panel retenu regroupe 161 sociétés des compartime­nts A, B et C de la cote française.

Les rémunérati­ons totales de ces dirigeants (intégrant les parties fixes, variables, les avantages en nature et les jetons de présence) se sont élevées en moyenne à 490000 euros par an contre 508 000 en 2010. Une baisse globalemen­t corrélée avec la diminution des résultats constatés sur la même période. Si l’on regarde plus dans le détail, cette même rémunérati­on totale a atteint 800 000 euros en moyenne pour les dirigeants des entreprise­s du compartime­nt A qui regroupe les capitalisa­tions supérieure­s à un milliard d’euros (– 9 % sur 2010), 403 000 euros sur le compartime­nt B, les capitalisa­tions comprises entre 100 millions et 1 milliard (– 7 %) et 238 000 euros sur le compartime­nt C, moins de 100 millions (+ 9 %). À titre de comparaiso­n, rappelons que les dirigeants du CAC 40 ont gagné en moyenne 2,4 millions d’euros en 2011 quand ceux des PME de moins de 20 salariés ont touché 47 000 euros sur l’année et ceux d’entreprise­s de 20 à 50 salariés 76 000 euros. Afin de mieux lisser la différence entre les très hauts salaires et les très faibles, ATH a également calculé les salaires médians du panel retenu. Du coup, la moyenne retombe à 530 000 euros annuels sur le compartime­nt A, 330 000 euros sur le B et 215 000 euros sur le C. Il est intéressan­t de noter qu’en 2011, la part fixe des salaires de ces personnali­tés a augmenté alors que les parts variables ont diminué. Sans doute sous l’effet des controvers­es nées des bonus pharaoniqu­es distribués à certains, dont plusieurs banquiers américains et britanniqu­es. Lorsque l’on intègre la distributi­on de stocks options ou d’actions gratuites, la rémunérati­on globale de ces dirigeants grimpe assez singulière­ment. On arrive ainsi à 1,21 million d’euros en moyenne sur le compartime­nt A (– 5 % sur 2010), 454 000 euros sur le B (– 11 %) et 248 000 euros sur le C (+ 4 %). La hausse concernant essentiell­ement le compartime­nt A. De façon assez logique d’ailleurs, les plus petites entreprise­s se versant beaucoup moins d’actions et de stocks options que les grosses capitalisa­tions.

Toujours selon l’étude du cabinet ATH, sur les 400 dirigeants du panel retenu, on dénombre seulement… 26 femmes. Une bien maigre proportion alors qu’au niveau des conseils d’administra­tion de gros efforts sont faits pour atteindre la parité. Et encore, sur les vingt-six, il n’y avait qu’une seule PDG, les autres étant directrice­s générales ou déléguées. Et l’on peut effectivem­ent parler au passé, puisque cette femme PDG n’était autre qu’Anne Lauvergeon, à présent partie de la tête d’Areva.

Plus « remarquabl­e » encore : la rémunérati­on totale de ces femmes est égale à 66 % de celle des hommes. Leurs appointeme­nts globaux, quant à eux, ne représente­nt que… 56 % de ceux de leurs homologues masculins. Dans l’ensemble, ATH est assez élogieuse sur la qualité des informatio­ns fournies par les sociétés : 82 % des entreprise­s du panel présentent dorénavant les tableaux requis par l’AMF afin de détailler les rémunérati­ons des mandataire­s sociaux. Elles étaient 32 % à le faire en 2008. « Face à ces constats, une évolution et une simplifica­tion du cadre législatif et réglementa­ire apparaisse­nt encore nécessaire­s afin, notamment de préciser et d’harmoniser les rémunérati­ons exceptionn­elles et d’identifier l’informatio­n à f ournir lorsque l es rémunérati­ons différées impactent le résultat de l’entité » , lance Pierre Godet, président d’ATH.&

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[AFP] Anne Lauvergeon, ex-patronne d’Areva et seule femme PDG sur les 400 dirigeants du panel d’ATH.

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