Patron de société cotée : ç’a eu payé !
Selon le cabinet ATH, les patrons des sociétés cotées, hors CAC 40 et banquesassurances, ont vu leur rémunération totale baisser de 4 % en 2011. Il apparaît aussi que les parties fixes augmentent au détriment des variables.
Au moment où Bob Diamond, le sulfureux patron de la banque JP Morgan fraîchement déchu, annonce qu’il renonce à son extravagant bonus de 20 millions d’euros, il est intéressant de voir comment se payent les patrons d’entreprises de plus petite taille. C’est ce qu’à fait ATH, association de cabinets d’audit et de conseil, qui s’est penchée sur les rémunérations de 400 dirigeants de sociétés cotées, hors CAC 40 et banques-assurances. Le panel retenu regroupe 161 sociétés des compartiments A, B et C de la cote française.
Les rémunérations totales de ces dirigeants (intégrant les parties fixes, variables, les avantages en nature et les jetons de présence) se sont élevées en moyenne à 490000 euros par an contre 508 000 en 2010. Une baisse globalement corrélée avec la diminution des résultats constatés sur la même période. Si l’on regarde plus dans le détail, cette même rémunération totale a atteint 800 000 euros en moyenne pour les dirigeants des entreprises du compartiment A qui regroupe les capitalisations supérieures à un milliard d’euros (– 9 % sur 2010), 403 000 euros sur le compartiment B, les capitalisations comprises entre 100 millions et 1 milliard (– 7 %) et 238 000 euros sur le compartiment C, moins de 100 millions (+ 9 %). À titre de comparaison, rappelons que les dirigeants du CAC 40 ont gagné en moyenne 2,4 millions d’euros en 2011 quand ceux des PME de moins de 20 salariés ont touché 47 000 euros sur l’année et ceux d’entreprises de 20 à 50 salariés 76 000 euros. Afin de mieux lisser la différence entre les très hauts salaires et les très faibles, ATH a également calculé les salaires médians du panel retenu. Du coup, la moyenne retombe à 530 000 euros annuels sur le compartiment A, 330 000 euros sur le B et 215 000 euros sur le C. Il est intéressant de noter qu’en 2011, la part fixe des salaires de ces personnalités a augmenté alors que les parts variables ont diminué. Sans doute sous l’effet des controverses nées des bonus pharaoniques distribués à certains, dont plusieurs banquiers américains et britanniques. Lorsque l’on intègre la distribution de stocks options ou d’actions gratuites, la rémunération globale de ces dirigeants grimpe assez singulièrement. On arrive ainsi à 1,21 million d’euros en moyenne sur le compartiment A (– 5 % sur 2010), 454 000 euros sur le B (– 11 %) et 248 000 euros sur le C (+ 4 %). La hausse concernant essentiellement le compartiment A. De façon assez logique d’ailleurs, les plus petites entreprises se versant beaucoup moins d’actions et de stocks options que les grosses capitalisations.
Toujours selon l’étude du cabinet ATH, sur les 400 dirigeants du panel retenu, on dénombre seulement… 26 femmes. Une bien maigre proportion alors qu’au niveau des conseils d’administration de gros efforts sont faits pour atteindre la parité. Et encore, sur les vingt-six, il n’y avait qu’une seule PDG, les autres étant directrices générales ou déléguées. Et l’on peut effectivement parler au passé, puisque cette femme PDG n’était autre qu’Anne Lauvergeon, à présent partie de la tête d’Areva.
Plus « remarquable » encore : la rémunération totale de ces femmes est égale à 66 % de celle des hommes. Leurs appointements globaux, quant à eux, ne représentent que… 56 % de ceux de leurs homologues masculins. Dans l’ensemble, ATH est assez élogieuse sur la qualité des informations fournies par les sociétés : 82 % des entreprises du panel présentent dorénavant les tableaux requis par l’AMF afin de détailler les rémunérations des mandataires sociaux. Elles étaient 32 % à le faire en 2008. « Face à ces constats, une évolution et une simplification du cadre législatif et réglementaire apparaissent encore nécessaires afin, notamment de préciser et d’harmoniser les rémunérations exceptionnelles et d’identifier l’information à f ournir lorsque l es rémunérations différées impactent le résultat de l’entité » , lance Pierre Godet, président d’ATH.&