« Le gouvernement a négocié avec l’extrême gauche, avec les libéraux et avec les populistes de droite. »
« Le gouvernement actuel a menti à la population et, surtout, à son propre électorat » , explique Christopher Arzrouni, éditorialiste au quotidien économique Boersen. Lors de la campagne électorale de septembre dernier, le centre gauche a en effet très vivement critiqué les réformes lentement mises en place par le gouvernement libéral d’alors, notamment la réforme du système de départ anticipé à la retraite, la réduction du poids du secteur public et celle de la durée d’indemnisation chômage. « Helle Thorning-Schmidt a alors dit : “Si vous votez pour moi, nous reviendrons sur ces réformes et nous réglerons tout en faisant travailler les Danois 12 minutes de plus par jour” », se souvient Mads Lundby Hansen, économiste au think tank libéral Cepos. Mais quelques semaines après sa victoire électorale, le nouveau Premier ministre a publié une feuille de route annonçant qu’elle poursuivrait la politique précédente. « Après le gouvernement libéral qui, pendant des années, a fait une politique sociale-démocrate, le Danemark a désormais un gouvernement social-démocrate faisant une politique libérale » , résume ironiquement Steen Jakobsen, chef économiste chez Saxo Bank.
On comprend donc la déception des électeurs de gauche. D’autant que les maladresses ont été légion, comme par exemple sur le péage pour les automobiles dans Copenhague. Une promesse électorale basée sur les expériences de Londres et de Stockholm qui a soulevé un tollé y compris dans le propre camp du gouvernement, malgré l’approbation des édiles de la ville. « Les automobilistes paient déjà une taxe considérable à l’achat d’une auto et, ensuite, chaque année ; ils ne sont donc pas disposés à payer encore » , analyse Christopher Arzrouni. La colère a été particulièrement forte dans la
, explique Christopher Arzrouni. Alors que l’extrême gauche présentait un accord sur lequel elle croyait s’être entendue avec le gouvernement, Helle Thorning-Schmidt a, à la surprise générale, annoncé qu’elle avait signé une réforme avec les libéraux. « Il n’y a pas eu de négociation, le gouvernement a accepté sans broncher les conditions de l’opposition » , s’étonne l’éditorialiste. À la grande fureur de l’extrême gauche et d’une partie du SF.
Cette péripétie a évidemment de quoi fragiliser encore un gouvernement dont le rejet est perceptible dans «C openhague la rouge », qui était déjà lors des élections de 2011 un bastion de la Liste d’Union, sorte de Syriza à la sauce danoise qui regroupe communistes, maoïstes et trotskystes. Désormais au niveau national, ce parti est crédité de 13 % des voix. Du jamais vu dans ce Danemark consensuel et traditionnellement plutôt situé pol i t i quement au centre droit.
Le gouvernement de Hel l e Thor n i n g - Schmidt est-il menacé ? La plupart des observateurs ne croient pas à des élections anticipées où le centre gauche serait largement défait. Mais le prix à payer sera lourd. « Helle Thorning Schmidt va boucler son budget 2013 avec l’appui de l’extrême gauche, et il faut s’attendre à voir s’alourdir le poids des impôts au Danemark, qui est déjà le plus élevé du monde » , conclut Mads Lundby Hansen.
éditorialiste au quotidien économique