Michel Serres, l’optimiste
Michel Serres porte le poids des années mais conserve une éternelle jeunesse. Le philosophe, né en 1930 à Agen, qui a gardé son accent du Sud, a une vision résolument optimiste de la technologie, sans verser dans la béatitude idéologique. Ses étagères et le sol de sa petite maison de Vincennes ont beau être jonchés d’ouvrages, même une éventuelle mort du livre ne l’inquiète pas. «À chaque disparition, il y eut un gain que l’on n’avait pas imaginé » , décrète-t-il. Avant les autres, il s’intéressa aux conséquences des mutations technologiques sur l’enseignement. Une avance qui ne lui valut pas que des louanges. En 1994, un rapport sur l’enseignement à distance remis au gouvernement reçut un accueil glacial, en particulier de la presse. L’arrivée du numérique lui donna raison… des années plus tard. Fils de paysans, Michel Serres commence par l’École navale en 1949, avant de se tourner vers la philosophie, et d’obtenir l’agrégation de l’École normale supérieure. Dans les années 1970, il participe brièvement à « l’expérience de Vincennes », où de prestigieux philosophes, comme Gilles Deleuze, testent un enseignement tourné vers la démocratisation du savoir. En 1984, il part à Stanford, dans la Silicon Valley, au plus près de l’évolution de la technologie. Il entre à l’Académie française en 1990. Son oeuvre, qui compte une quarantaine d’ouvrages, s’intéresse aux mutations créées par l’homme. Précurseur dans l’écologie, il analyse, avant tout le monde, les liens que l’homme doit entretenir avec la nature.