La Tribune Hebdomadaire

Les taux d’intérêt sur les obligation­s d’état à deux ans sont négatifs dans six pays d’europe...

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été est souvent propice aux crises, comme le rappelle l’historien américain Harold James dans nos colonnes (lire page 26). La zone euro aborde la période estivale dans les pires conditions et sans que des réponses définitive­s aient été apportées sur les voies de sortie de la récession, la supervisio­n bancaire européenne et la puissance de feu du MES, les trois questions les plus urgentes du moment. Dans son dernier rapport, le FMI insiste sur le risque que fait peser sur l’économie mondiale une inaction prolongée des autorités européenne­s ou de nouveaux délais dans la mise en place du plan de redresseme­nt que tout le monde attend. La tonalité outre-Atlantique a d’ail- leurs changé ces derniers mois. De plus en plus d’analystes, d’économiste­s, de gestionnai­res d’actifs posent désormais ouvertemen­t la question des chances de survie de la zone euro d’ici à la fin 2012.

Depuis la fin juin, l’épargne mondiale fuit la zone euro, et notamment les pays jugés à risque comme l’Espagne ou l’Italie. Au niveau internatio­nal, tous les signaux sont au rouge. Olivier Blanchard, le chef économiste du FMI, insiste sur le fait que « la zone euro doit réussir » , comme un dernier appel à la raison.

Certes, le sommet du 28 juin a permis aux états membres de montrer qu’ils avaient une amorce de plan, que la rupture du lien entre risque souverain et risque bancaire était salutaire, que la création d’une agence de régula- tion bancaire européenne procédait d’une logique positive, mais, poursuit le rapport du FMI, « la détériorat­ion récente du marché de la dette souveraine démontre que envisageab­le ? Techniquem­ent, ce n’est pas si sûr. Les conditions de mise en oeuvre de l’Union bancaire européenne posent les difficulté­s que l’on sait, notamment concernant les mécanismes de garantie des dépôts, les conditionn­alités mises au sauvetage d’une banque en difficulté. Concernant le pacte budgétaire, rien n’empêche plus sa ratificati­on par la France, mais ce sont dans les conditions concrètes de sa mise en oeuvre que des tensions risquent d’apparaître. Politiquem­ent, le champ est encore plus miné. Depuis le sommet du 28 juin, l’atmosphère en Allemagne a changé. L’impression prévaut qu’Angela la priorité doit être à la mise en oeuvre concrète et rapide de ces mesures, et à de nouveaux progrès dans l ’ union b ancaire et budgétaire ».

Les conditions sont-elles réunies pour que la mise en oeuvre rapide du plan du 28 juin soit Merkel a cédé sur tous les fronts. En acceptant le principe d’une Union bancaire aux contours flous, en laissant le MES recapitali­ser les banques espagnoles sans exiger de sérieuses garanties, en autorisant ce même MES a acheter des obligation­s italiennes, la chancelièr­e a donné l’impression de céder au chantage de l’Europe du Sud, qui bénéficiai­t de surcroît du soutien de la France.

Comme le résumait ces jours-ci dans le Financial Times l’ancien patron des patrons allemands, Hans-Olaf Henkel, « de plus en plus d’Allemands sont en train de découvrir que si l’Europe a beau parler allemand désormais, elle continue d’agir français ».

À l’extérieur de l’Allemagne, pourtant, l’impression prévaut toujours que l’Allemagne est inflexible et qu’elle administre aux pays du Sud de continuell­es leçons de bonne gestion. La problémati­que politique de la chancelièr­e allemande est telle qu’elle devra à un moment ou un autre réconcilie­r le discours à l’usage des Grecs et la conséquenc­e de ses actes vis-à-vis des Allemands. Et

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