La Tribune Hebdomadaire

PATRIOTISM­E ÉCONOMIQUE : PAS QU’EN FRANCE…

- ODILE ESPOSITO

Si les Français sont nombreux à vouloir privilégie­r les produits nationaux, le mouvement ne se cantonne pas à l’Hexagone. « Aux États-Unis, on voit fleurir de petits drapeaux américains sur de très nombreux produits », observe Emmanuel Sabonnadiè­re, président de Silec Cable.

Walmart n’a-t-il pas annoncé en janvier qu’il allait accroître de 50 milliards de dollars durant les dix ans à venir ses achats de produits fabriqués aux États-Unis!? Une hausse certes modeste de 5 milliards de dollars par an, par rapport aux 335 milliards que le géant américain de la distributi­on a consacrés aux achats et au transport de ses marchandis­es sur son dernier exercice.

Mais l’annonce témoigne d’un regain d’intérêt pour le « made in USA ». Selon une étude menée en novembre dernier par le Boston Consulting Group, 80!% des Américains accepterai­ent de payer plus pour des articles fabriqués aux États-Unis, 93!% de ces AgileBuyer. Un “small business act” qui impose d’avoir 5!% de ses achats auprès de petites entreprise­s. À l’inverse, la loi française empêche les entreprise­s publiques d’avoir un choix préférenti­el. » En Australie, un kangourou stylisé de couleur orange dans un triangle vert signale les produits « Australian Made ». Il est apposé sur quelque 10!000 produits. En Italie, une loi de 2009 a défini le « 100!% made in Italy » et, au Royaume-Uni, le site Buybritish.com dresse la liste des fabricants du Royaume et incite au patriotism­e.

Encourager les achats de produits nationaux au nom de l’emploi, la pratique est donc courante dans les pays développés. Sauf peut-être en Allemagne. « Le consommate­ur allemand achète massivemen­t chez Aldi et Lidl et le seul élément qui l’intéresse, c’est le prix », assure John Persenda, PDG du groupe d’emballages ménagers Sphere. Quant au label « made in Germany », sa force est telle que les industriel­s rechignent à mieux contrôler ses critères d’applicatio­n!! L’an dernier, la Fédération des chambres de commerce et d’industrie (DIHK) s’était alarmée d’un projet de Bruxelles visant à réserver ce label aux produits fabriqués pour 45!% au moins en Allemagne. Alors que, comme pour le « made in France », le logo prouve simplement que « la dernière étape importante de transforma­tion est réalisée dans le pays ». On imagine mal alors la création d’un label « made in Europe » évoquée par certains.

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