L’URGENCE D’UN SOUTIEN DE L’ÉPARGNE AU LOGEMENT
Le gouvernement pourrait réorienter une partie de l’assurance-vie vers le financement du logement pour contribuer à résoudre le déficit d’o!re d’immobilier résidentiel.
de construire 500"000 logements par an, dont 150"000 logements sociaux, est ambitieux. Ne pouvant assumer seul ce plan d’envergure, l’État a besoin que l’épargne domestique soit allouée de manière optimale vers le secteur du logement. Mais force est de constater que tous les supports collecteurs d’épargne ne se pressent pas au portillon pour apporter leur soutien au secteur de l’immobilier résidentiel. Une réalité criante pour l’assurancevie, dont les encours s’élèvent à 1"370 milliards d’euros. Seuls 16 milliards d’euros sont investis dans l’immobilier résidentiel par les assureurs, ce qui représente un parc de 30"000 logements. Une goutte d’eau. Si l’on ajoute les supports « pierre papier » que sont les SIIC, les SCPI et les OPCI, l’investissement dans l’immobilier résidentiel par les institutionnels représente un peu moins de 30 milliards d’euros, selon l’Institut de l’épargne immobilière et foncière.
Début février, François Hollande avait annoncé son intention de « faire appel aux investisseurs institutionnels, tout ce qui est assurance-vie, pour qu’il y ait une meilleure orientation de l’épargne pour faire de l’immobilier ». Les parties prenantes sont en ce moment impliquées dans des réflexions de place sur le sujet.
LES INVESTISSEURS FUIENT UN SECTEUR PEU RENTABLE
Les assureurs-vie semblent cependant peu enclins à voir une partie de leur collecte s’orienter vers l’immobilier. Parce qu’ils esti- ment que l’e!ort doit être collectif"; mais aussi car l’immobilier résidentiel est peu rentable, ce qui fait fuir les épargnants. À moins de les y obliger, comme cela est envisagé par Bercy. Le désengagement des institutionnels du secteur du logement à cause de sa faible rentabilité est d’ailleurs une tendance structurelle. Entre 1985 et 2009, 1,2 million de logements ont été cédés par les personnes morales, préférant les plus lucratifs immobiliers de bureau ou commercial.
Les promoteurs militent de leur côté pour un retour de l’assurance-vie vers le résidentiel. Ils indiquent ainsi que 30"000 logements pourraient être créés immédiatement avec 5 milliards d’euros prélevés sur la collecte nette de l’assurance-vie – elle s’est élevée à 3,8 milliards d’euros en janvier dernier après avoir été négative sur l’ensemble de 2012.
Des moyens pourtant, le logement social n’en manque pas. Son pourvoyeur principal, le livret A, a vu son plafond croître de 50"%, à 22"950 euros. Ce qui a dopé la collecte à 28,16 milliards d’euros en 2012, un record historique. Pourtant, la Cour des comptes chi!rait en juillet dernier (avant le relèvement du plafond) le surplus de liquidités du livret A à 52 milliards d’euros. Cet élément n’a pas changé la posture du gouvernement, qui jugeait nécessaire un nouveau coup de pouce au logement social. Il faut dire qu’il a annoncé la création de 750"000 logements sociaux durant le quinquennat, soit 150"000 par an. À titre de comparaison, en 2011, le fonds d’épargne de la Caisse des dépôts, qui centralise une large partie des encours de livret A, n’a financé que 120"000 logements.