La Tribune Hebdomadaire

UN PEA-PME BIENTÔT OUVERT AUX OBLIGATION­S!?

- FABIEN PILIU

Stimulé en partie par les émissions groupées, le marché obligatair­e « corporate » peut o!rir de nouvelles possibilit­és de financemen­t aux PME-ETI.

Flécher l’épargne des Français vers l’économie réelle est une belle ambition. Mais via quel support"? Le marché actions"? En 2012, les platesform­es Alternext et Euronext n’ont enregistré que dix introducti­ons en Bourse pour représente­r un montant total de 330 millions d’euros"! Une goutte d’eau comparée aux besoins financiers des entreprise­s et au montant de l’épargne des Français. Certes, le projet de Bourse des PME de Nyse Euronext pourrait inciter les chefs d’entreprise à coter leur société. Mais il reste encore dans les limbes…

En attendant que cette nouvelle Bourse, censée regrouper les compartime­nts B, C et Alternext, autrement dit les capitalisa­tions inférieure­s à 1 milliard d’euros, fonctionne enfin, une nouvelle tendance se dégage : le marché obligatair­e « corporate », en pleine structurat­ion en France, stimulé par le resserreme­nt du crédit ban- caire et la désa!ection des entreprise­s et des investisse­urs pour les marchés actions. L’année dernière, les entreprise­s y ont levé 3 milliards d’euros.

Flécher l’épargne vers le marché obligatair­e « corporate » est-il envisageab­le"? « C’est déjà possible par le biais de l’Initial Bond O!ering, procédure lancée par Nyse Euronext l’année dernière et qui permet au public de souscrire aux obligation­s émises par les sociétés. Son utilisatio­n reste encore confidenti­elle. À peine une demi-douzaine d’entreprise­s ont émis de la dette auprès du public. Il est important de veiller à la bonne informatio­n de ce dernier sur les risques qu’il prend en fonction de la signature de l’émetteur. L’émission groupée est de ce point de vue intéressan­te car elle permet de mutualiser les risques. Il est aussi nécessaire d’affiner, de simplifier la réglementa­tion pour qu’un nombre plus grand d’entreprise­s utilise cet outil. Une fois cette réflexion menée, pourquoi ne pas lancer des emprunts groupés ouverts au public"? », s’interroge Véronique Rondet-Bresard, res- ponsable des opérations financière­s à la Banque palatine.

Des émissions obligatair­es groupées sont déjà possibles. Porté par MiddleNext, l’associatio­n profession­nelle représenta­tive des valeurs moyennes cotées, le fonds Micado a permis à douze entreprise­s de lever 60 millions d’euros sur ce marché en 2012. Mais ces émissions sont à destinatio­n des investisse­urs institutio­nnels.

« Pour que le public puisse s’intéresser à ce type d’investisse­ment, il faut d’abord que les établissem­ents bancaires se mobilisent pour construire un modèle de distributi­on. Il est plus facile de vendre des PEA-PME que des obligation­s », estime Pascal Imbert, le président de MiddleNext. À condition que le gouverneme­nt ouvre le plan d’épargne en actions à ces obligation­s d’entreprise­s, ce qui est loin d’être fait…

Newspapers in French

Newspapers from France