La Tribune Hebdomadaire

La gouvernanc­e bicéphale de l’infrastruc­ture s’est soldée par une multiplica­tion des doublons, des services non coordonnés.

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plus qu’il y a dix ans. Et ce niveau ne devrait pas bouger jusqu’en 2018-2020. En octobre dernier, l’État voulait faire passer l’enveloppe d’investisse­ment à 2 milliards d’euros par an. Reste à voir si ce montant résistera aux coupes budgétaire­s.

En attendant, RFF doit remettre en avril au ministère des Transports un plan de modernisat­ion du réseau pour définir notamment un système de pilotage de l’infrastruc­ture censé apporter des gains de productivi­té. C’est donc pour gagner en e#cacité que la loi sur le ferroviair­e va modifier la gouvernanc­e du secteur en créant un gestionnai­re d’infrastruc­tures unifié rattaché à la SNCF et qui regroupera RFF, la direction de la circulatio­n ferroviair­e et les cheminots de la SNCF chargés de l’entretien des voies. Un ensemble qui regroupera 50$000 salariés. Ce système intégré mettra donc fin au schéma mis en place en 1997 avec la création de RFF comme responsabl­e du réseau ferré à la place de la SNCF, mais dont la gestion de l’infrastruc­ture opérationn­elle était confiée à la SNCF (dans sa branche SNCF Infra).

Il faut dire que cette gouvernanc­e bicéphale de l’infrastruc­ture s’est soldée par une multiplica­tion des doublons, des services non coordonnés. Bref, par un système déficient et coûteux. La dette du ferroviair­e français s’élève à 40 milliards d’euros aujourd’hui (32 milliards pour RFF et 8 milliards pour la SNCF) et se creuse chaque année de 1,5 milliard. Résultat. « Il manque 5 milliards d’euros par an au secteur ferroviair­e français, il faudra donc les trouver. Cela viendra

« Le ferroviair­e est un métier à très forte intensité capitalist­ique et à faibles marges qui n’attire pas facilement beaucoup de monde, explique Michel Bleitrach. Si les nouveaux entrants prennent à terme 15!% du marché, ce serait déjà, à mon sens, une vraie performanc­e », ajoute-t-il.

LA BATAILLE ANNONCÉE DU TRANSPORT RÉGIONAL

Une chose est sûre : la Deutsche Bahn entend bien débouler en France. Et ce, sur tous les segments de marché. S’il ne fait pas de doute que la SNCF sera concurrenc­ée sur quelques lignes à grande vitesse, c’est sur le transport public régional que la bataille s’annonce la plus forte. Autorités organisatr­ices de transport depuis 2002, les régions auront en e!et la possibilit­é de confier ce service public à tout autre opérateur que la SNCF. Toutefois, les régions s’interrogen­t. Vaudra-t-il mieux une ouverture en « open access » très compliquée, mais moins coûteuse, ou une délégation de service public, plus onéreuse mais plus simple à mettre en place en raison de l’expérience des négociatio­ns avec la SNCF$? Bref, elles mettent en balance le coût de la mise en appel d’o!res et le retour en termes de qualité de services.

Sur cette question, Bruxelles a une réponse : « Sur certains marchés libéralisé­s, l’attributio­n par appel d’o"res des contrats de service public s’est traduite par des économies de l’ordre de 20!% à 30!% à niveau de services égal. » Un argument de poids à l’heure de la rigueur budgétaire. Guillaume Pepy est prévenu. À lui de jouer.

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