La Tribune Hebdomadaire

Quand la science-fiction devient réalité chez Orange Labs

Internet des objets, réseaux intelligen­ts, ultra HD, agrégation­s de contenus, cloud personnel : la division R&D de FRANCE TÉLÉCOM-ORANGE, qui avait inventé le Minitel dans les années 1980, s’investit aujourd’hui dans douze grands domaines d’études. Avec u

- PASCALE PAOLI-LEBAILLY

Notre stratégie est d’accompagne­r les nouveaux usages, au profit de nos clients. »

PATRICK COAT, DIRECTEUR ADJOINT DES ORANGE LABS

Dé multipli e r les usages vers tous les écrans, surfer sur Internet via sa TV, s’amuser avec des jeux vidéo sans console, interagir sur les réseaux sociaux : avec sa nouvelle Livebox Play (Livebox 3 + nouveau décodeur), commercial­isée depuis début février, Orange veut surpasser la concurrenc­e. Objectif : recruter plus d’abonnés très haut débit, voire séduire les clients « triple play » (Internet, téléphonie, TV ) d’autres opérateurs.

Plus puissante, avec des débits, sur la fibre allant jusqu’à 200 Mb/s – soit 10 fois plus vite qu’en ADSL – la Livebox Play est présentée comme un concentré de technologi­es permettant l’interactio­n de tous les équipement­s du foyer (ordinateur­s, smartphone­s ou tablettes). Au-delà du plan marketing, la Livebox Play est le résultat du travail de recherche des équipes d’Orange. Une équipe qui, dans un passé récent, a déjà connu son heure de gloire.

UNE TRADITION D’EXCELLENCE NOVATRICE

De l’invention du Minitel (1980) à la création des premières box en passant par le GSM, les débuts de l’Internet avec Wanadoo, la TV par ADSL et sur mobile ou encore la norme MPEG-4 pour la TV connectée : la division recherche et développem­ent de France Télécom, rebaptisée Orange Labs en 2006, est à l’origine des projets innovants et structuran­ts du groupe. « Constitués d’anciennes entités dont celles du Cnet, le Centre national d’études des télécommun­ications, les Orange Labs sont organisés par établissem­ents autour de sept sites principaux en France : Châtillon et Issy-les-Moulineaux en Île-de-France, Rennes et Lannion en Bretagne, Caen, Grenoble et Toulouse, précise Patrick Coat, le directeur adjoint. Le concept d’Orange Labs est né de la volonté de faire travailler les équipes de recherche et de développem­ent en mode collaborat­if. Un tiers du budget est consacré à la recherche et à l’anticipati­on, deux tiers au développem­ent en vue d’une commercial­isation ultérieure. » Pour autant, chaque site a un peu conservé une spécialité par domaine.

ANTICIPER SUR LES USAGES D’APRÈS-DEMAIN

Paris s’investit dans le mobile, Grenoble dans le machine to machine (Internet des objets, maison numérique) et la santé, et Caen dans la sécurité. Rennes et Lannion sont spécialisé­s dans le multimédia, la commutatio­n et la transmissi­on. Nouvelles images, télévision et réseaux de demain, les deux sites bretons, qui fêtent res- pectivemen­t leurs 40 et 50 ans, travaillen­t ainsi sur l’appropriat­ion des contenus audiovisue­ls et la TV à la carte, mais aussi sur l’ultrahaute définition ou 4K : une TV dont la résolution est quatre fois supérieure à celle de la TV HD, avec un rendu 3D sans lunettes en haute définition, qui devrait arriver dans quelques mois.

De même, on y travaille sur les futurs réseaux mobiles 5G, prévus à horizon 2020, pour le développem­ent desquels l’Union européenne a débloqué 50 millions d’euros. De fait, alors que le déploiemen­t de la 4G a à peine commencé, il s’agit d’anticiper un trafic des données mobiles qui devrait dans dix ans être 33 fois supérieur à celui de 2010. À noter par ailleurs que la sécurisati­on du cloud – nuage virtuel permettant de stocker des données télécharge­ables – personnel et d’entreprise est un autre domaine de pointe d’Orange Labs.

« Orange Labs travaille sur douze grands domaines de recherche, souligne Patrick Coat. Le groupe a besoin d’une recherche de pointe pour démontrer la faisabilit­é technologi­que de notre futur environnem­ent. Via cette expertise, France Télécom fonde sa stratégie sur des choix solides. Démultipli­er les débits grâce à la fibre optique permettra ainsi d’accompagne­r, au profit de nos clients, le déploiemen­t des nouveaux usages, dont la 5G. »

NUMÉRO 1 EN EUROPE POUR L’INVESTISSE­MENT EN R&D

Les cycles de recherche étant longs, tout comme l’amortissem­ent des coûts, le travail collaborat­if est très ouvert sur l’extérieur. Orange Labs coopère aussi bien avec des industriel­s (Samsung, Alcatel) qu’avec des opérateurs mobile, tels Vodafone Allemagne ou l’espagnol Telefónica, ou des programmes européens, nationaux ou régionaux, comme les pôles de compétitiv­ité (Images & Réseaux en Bretagne).

À l’heure de la communicat­ion en mode IP, Internet se situe au coeur des recherches. Appelé Open Innovation, ce travail collectif représente un quart de l’activité d’Orange Labs et fait office de levier pour se situer au meilleur niveau mondial. Par son niveau d’investisse­ment dans la R&D, Orange est le premier opérateur en Europe, devant Telefónica. L’opérateur est aussi un concurrent direct de NTT Docomo au Japon et d’AT&T aux États-Unis. D’ailleurs, hors de France, Orange Labs est aussi présent, comme le groupe, en Europe (Londres, Varsovie, Madrid, Barcelone), en Afrique et au Moyen-Orient. En Asie du Sud et en Asie orientale (Inde, Japon, Chine) ainsi qu’aux États-Unis, marchés où le monde des télécoms évolue sans cesse, il dispose de services de veille.

Avec 820 millions d’euros de budget en 2012 (moins de 2!% du chi"re d’a"aires global de France Télécom- Orange), l’ensemble emploie 4!500 ingénieurs et chercheurs, dont 1!600 en Île-deFrance et 1!700 en Bretagne. La Livebox Play a d’ailleurs été conçue à 70!% à Rennes et à Lannion.

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[CHRISTOPHE PELLETIER] Orange Labs compte déjà plusieurs innovation­s à son actif, comme le visiophone (1972) ou le Bi-Bop (1991), premier téléphone mobile grand public.

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