La Tribune Hebdomadaire

Bienvenue à Bruxelles côté pile!!

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Matignon cherche 5 milliards d’euros d’économies pour 2014. Les membres du gouverneme­nt belge, tels des cardinaux, siègent en concile permanent pour trouver 2,8 milliards sur le budget 2013. Les chefs d’État et de gouverneme­nt des Vingt-Sept réunis les 14 et 15 mars à Bruxelles se retrouvent dans la diversité… et la rigueur. Mais les Belges ont quelque chose en plus : ils ont Bruxelles. Dire que leur capitale est à l’image du continent n’est pas juste : elle est bien pire. Bruxelles est une île de pauvreté au milieu de la mer de richesse flamande et un enfer automobile. Les derniers chi"res publiés par l’observatoi­re belge de la pauvreté sont atterrants. Un enfant bruxellois sur quatre naît dans « un ménage sans revenu du travail ». Ce n’est pas totalement surprenant puisque le chômage atteint 20!%. Conclusion : les plus démunis se reproduise­nt un chouïa plus. Près de 30!% des habitants ont un revenu inférieur au seuil du risque de pauvreté. LES CHOSES NE S’ARRANGENT PAS. Selon une étude de l’université catholique de Louvain, la sacrosaint­e indexation salariale sur l’inflation n’a pas protégé les plus pauvres contre la hausse du coût de la vie. Pour une personne dont le revenu annuel net atteint 25!000 euros, la perte de pouvoir d’achat a été de… 2!000 euros entre 2001 et 2011, soit 8!%, à cause des hausses des prix de l’électricit­é, de l’habillemen­t et de l’immobilier. Bruxelles a beau être le siège des institutio­ns européenne­s et le lieu de résidence de la bourgeoisi­e qui travaille pour elles et gravite autour d’elles, la ville n’en respire pas moins la désorganis­ation avec ses trottoirs sales et constammen­t éventrés et ses escaliers roulants en panne. La voirie ne dispose pas de plans consolidés des canalisati­ons. Les alentours du rond-point Schuman, coeur du quartier européen, o"rent le spectacle désolant d’un cloaque bordé de barrières mobiles déplacées au gré des travaux du métro lancés en 2008. S’IL AVAIT FALLU RÉUNIFIER Bruxelles-Est et Bruxelles-Ouest après 1989, on en serait encore à enjamber des restes du Mur. La ville est à mille lieues des standards des grandes capitales européenne­s : Londres, Berlin, Paris ou Rome. Hélas, elle est, en plus de la capitale des Belges, celle de l’Union. Consolons-nous en pensant que le contre-exemple peut être une pédagogie. Pour se déplacer, l’idéal y reste… la voiture!! Comme dans les années 1960 où Bruxelles, rayonnant du prestige de l’Exposition universell­e de 1958, était à la pointe de la modernité. Plus il y a de pauvres dans la ville, plus les riches la quittent pour vivre en périphérie, dussent-ils revenir y travailler la journée. Moyennant quoi 225!000 voitures entrent et sortent chaque jour d’une agglomérat­ion qui ne compte pas plus d’un million d’habitants. À l’intérieur, les automobili­stes, qu’ils soient Bruxellois uniquement de jour ou à plein-temps, font comme les autres Européens : ils vont acheter leur pain à quatre roues, 25!% des déplacemen­ts font moins d’un kilomètre, la moitié moins de trois. Il faut dire que les transports en commun sont indigents. Après 20 heures, il faut compter vingt minutes d’attente pour un bus ou un tram et dix pour le métro, dont il n’existe que deux lignes. Les taxis présentent la caractéris­tique d’être non seulement plus chers que dans n’importe quelle autre ville européenne, mais aussi spécialeme­nt sales. À quoi s’ajoutent des particular­ités locales, comme par exemple le goût de l’improvisat­ion des chemins de fer belges. Ne croyez surtout pas qu’arriver dix minutes avant le départ de votre Thalys vous garantisse de rentrer à temps à Paris. En dépit des indication­s des panneaux, il est tout à fait possible qu’à cause de la surcharge du réseau votre train parte finalement d’un autre quai que celui indiqué. Un conseil : écoutez bien les annonces vocales. Bienvenue à Bruxelles!!

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