Énergie : une bien difficile transition
posent aux tenants de l’efficacité passive (par isolation des bâtiments), qui génère des économies plus importantes mais exige des travaux plus longs et onéreux.
Tous se retrouvent cependant sur la création de valeur et d’emplois que peut engendrer la transition. Hugues Vérité, délégué aux relations institutionnelles du Gimelec (Groupement des industries de l’équipement électrique, du contrôle-commande et des services associés), en est convaincu. La France, dotée de leaders mondiaux de l’intégration et de l’efficacité énergétique, doit développer rapidement un modèle de la transition énergétique exportable. « Nous nous laissons devancer par la Chine ou les États-Unis alors même que ce sont nos industriels qui y sont présents », se désole-t‑il.
Mais, au-delà de ces bisbilles, c’est plutôt le manque de maturité de la filière BTP qui inquiète. « Il faudra au moins trente à quarante ans pour former toute la profession à des nouvelles méthodes de travail », prévient Alain Grandjean. Il est vrai que les 160000 rénovations effectuées en 2012 font pâle figure au regard de l’objectif annuel de 500000 affiché par le gouvernement…
Un débat essentiellement pédagogique
Dans ces conditions, le glissement du calendrier n’a rien d’étonnant. Les conclusions du débat ne seront pas rendues avant octobre, probablement trop tard pour la loi de finances 2014. Mais, aux yeux des animateurs du débat comme des observateurs les plus avertis, l’essentiel est ailleurs : il s’agit de mieux faire comprendre aux ménages et aux entreprises français les enjeux de cette transition.
En outre, le sujet englobe des problématiques complexes et politiques telles que l’aménagement du territoire, la mise en cohérence des schémas de transport avec les plans énergie/climat, la décentralisation de l’énergie, ou encore le développement d’une offre de transports alternatifs, un sujet peu abordé alors que le secteur représente l’essentiel de notre dépendance aux énergies fossiles importées…
Une vision globale et de long terme est donc indispensable. Et des décisions rapides s’imposent quant aux investissements dans l’appareil de production, de transport et de distribution d’énergie. Une urgence qui va contraindre le gouvernement et la ministre en charge de l’énergie, Delphine Batho, à choisir des options avant même les conclusions du débat, au risque de réduire à néant ses ambitions en matière de pédagogie…