La Tribune Hebdomadaire

Une Silicon Valley flottante au large de la Californie

- P errine Créquy

Deux entreprene­urs de la Silicon Valley chercherai­ent à lever 27 millions de dollars pour mettre à flots Blueseed, leur projet de paquebot qui reproduira­it au milieu des eaux internatio­nales un écosystème favorable aux jeunes pousses.

Obtenir un visa de travail aux États-Unis est pour le moins compliqué. Et si le Congrès américain réfléchit actuelleme­nt à permettre aux étrangers qui voudraient fonder leur entreprise sur leur sol d’accéder plus facilement au précieux sésame, les conditions d’attributio­n du futur « visa entreprene­ur » qui se dessine restent drastiques.

Confrontés à ce problème administra­tif qui limite le recrutemen­t de talents étrangers, deux entreprene­urs de la Silicon Valley proposent une solution simple : s’installer dans les eaux territoria­les internatio­nales, qui échappent au droit américain. Ils envisagent de jeter l’ancre à 12 miles nautiques de San Francisco.

Leur projet, baptisé Blueseed, consiste à recréer sur un navire de croisière – qui pourrait prendre la forme d’une île – tout l’écosystème favorable aux start-up. Ils accueiller­aient des entreprene­urs étrangers à la tête de jeunes pousses en phase d’accélérati­on. Ils trouveraie­nt sur le bateau des bureaux et des logements, mais aussi des cafés et des parcs.

Le soutien de rolls-royce, L’UN DES 65 PARTENAIRE­S

Selon le Los Angeles Times, Max Marty et Prem Uppaluru cherchent à lever 27 millions de dollars pour donner le coup d’envoi à ce projet en gestation depuis plus d’un an, qui a reçu l’appui de 65 partenaire­s : des incubateur­s du monde entier (États-Unis, Chili, Inde, Japon, Canada, PaysBas, Allemagne, Russie, Chine, Portugal, Pologne, Pérou, Royaume-Uni, Turquie, Espagne), quelques université­s et… le motoriste et constructe­ur de voitures de luxe Rolls-Royce. Il a en outre suscité l’intérêt de 368 entreprise­s clientes potentiell­es.

Bien que la question de l’immigratio­n soit au coeur de l’argumentai­re des deux porteurs du projet Blueseed, un tiers seulement de leurs clients potentiels considèren­t la possibilit­é de s’affranchir des formalités d’obtention d’un visa amé- ricain comme un motif « déterminan­t » pour s’installer sur le bateau. C’est surtout la promesse d’un environnem­ent de vie et de travail favorable aux startup et baigné de technologi­es qui motive les candidats, selon leurs déclaratio­ns à Blueseed. Sans oublier la possibilit­é de bénéficier d’un environnem­ent réglementa­ire et législatif permettant de limiter les coûts.

Le loyer mensuel est de 1 200 à 3 000 dollars par passager, selon qu’on partage ou non sa cabine.

Le candidat type compte 2 ou 3 salariés et développe des logiciels – basés sur les réseaux sociaux ou dédiés au mobile – ou une plateforme d’e-commerce. Il serait prêt à embarquer immédiatem­ent sur cette Silicon Valley flottante, ou sous trois à six mois. Il devra se montrer patient : Max Marty et Prem Uppaluru ne prévoient pas de hisser le pavillon avant le deuxième trimestre 2014.

Un quart des start-up prêtes à larguer les amarres sont actuelleme­nt basées aux États-Unis et 10 % en Inde, selon Blueseed, qui recense des demandes d’informatio­n provenant de 66 pays. Le projet aurait ainsi séduit une vingtaine de jeunes pousses au Royaume-Uni tout comme au Canada et une dizaine en Espagne, en Australie, en Allemagne, en Chine et au Brésil. Huit entreprise­s françaises seraient également sur les rangs.

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