François Hollande voit des EADS partout…
Le président de la République souhaite que le modèle EADS soit reproduit pour d’autres secteurs économiques. L’Élysée semble séduit par l’idée d’une stratégie énergétique européenne commune.
Lors de la signature lundi matin à l’Élysée du contrat entre Airbus et la compagnie à bas coûts indonésienne, le chef de l’État français a souhaité que d’autres entreprises européennes sur l e modèle EADS soient créées.
Il a précisé qu’il discuterait de ce sujet ce lundi à Berlin avec la chancelière allemande. « Notre ambition au plan européen, c’est non seulement de poursuivre la belle aventure d’EADS, mais également de concevoir d’autres EADS pour d’autres secteurs économiques avec nos partenaires européens », a dit François Hollande.
« Ce soir, je serai avec la chancelière d’Allemagne pour regarder ce que nous pouvons faire avec nos entreprises », a-t‑il ajouté, en souhaitant « que nous puissions avoir une ambition industrielle qui aille au-delà de l’aéronautique ».
« On réfléchit à d’autres EADS. C’est quelque chose dont on va parler dans les prochains mois et les prochaines années », expliquet‑on dans son entourage. « Nous avons deux grands pays industriels avec des grands groupes. L’idée est de nouer des partenariats. »
Visiblement, des négociations ont déjà commencé. Si aucun des projets en tête n’a été évoqué, le secteur de l’énergie revient souvent dans la bouche des proches du chef de l’État.
« L’énergie constitue un défi commun. C’est une problématique clé car les deux pays entament leur transition énergétique », expliquet‑on à l’Élysée. Et de préciser : « Une politique énergétique commune sera l’un des quatre sujets abordés ce soir par François Hollande et Angela Merkel. »
Le chef de l’État et la chancelière devaient également parler des questions de concurrence auxquelles font face les champions européens face à des rivaux originaires de pays où les règles sont moins contraignantes, mais aussi de politique en termes de marché du travail et de formation, et enfin de politique d’innovation.
Des « airbus » du Naval, du rail, des télécoms…
Pas simple néanmoins de créer des partenariats. En janvier 2009, le géant industriel allemand Siemens a par exemple brutalement claqué la porte d’Areva dont il détenait depuis 1999 quelque 34 % du capital de la filiale principale (Areva NP) qui fabrique les réacteurs nucléaires.
En outre, les propos de François Hollande interviennent à peine six mois après des divergences étalées sur la place publique entre Paris et Berlin sur, justement, l’avenir d’EADS. L’Allemagne a en effet torpillé le projet de fusion entre EADS et le Britannique BAE Systems.
Depuis la création d’EADS en 2000, plusieurs projets du même type ont été maintes fois évoqués. En 2004, il a été question d’un « Airbus du naval », avec le rapprochement des principaux acteurs (HDW, DCN et Thales).
En 2010, le secrétaire d’État aux Transports, Dominique Bussereau, voulait créer un « Airbus du ferroviaire ». L’idée : face à la montée en puissance de la Chine dans le ferroviaire et ses ambitions à l’export, les sociétés européennes doivent coopérer pour répondre aux appels d’offres étrangers. « Je plaide, à l’avenir, pour des rapprochements entre les sociétés et les constructeurs européens », disait-il, prônant la mise en place d’un TGV européen ou d’un travail en commun entre Siemens et Alstom.