Au Tatarstan, les satellites collent des PV
Une start-up russe a convaincu une région de s’équiper d’un système innovant traquant les infractions routières depuis l’espace. Un remède radical pour lutter contre l’hécatombe et l’incivisme sur les routes russes.
Feinter les radars en ralentissant juste à leur niveau ne va bientôt plus « sauver » les chauffards russes. La société russe Avtodoria a signé fin février un projet pilote avec la république du Tatarstan (l’une des 83 régions de la Fédération de Russie) pour contrôler la vitesse des véhicules à partir d’un système coordonnant par satellite des caméras optiques fixées le long des routes. Le géopositionnement des caméras permet de calculer la vitesse moyenne d’un véhicule sur des distances allant jusqu’à 10 km.
Ce système, baptisé également Avtodoria, utilise le positionnement par satellite du Glonass (équivalent russe du GPS), localisant ainsi chaque caméra, puis retransmettant les informations vers un centre de traitement informatique. Selon ses créateurs, Avtodoria enregistre davantage d’infractions que les radars habituels, mais il est trop tôt pour établir des statistiques précises. Les blogs d’automobilistes passionnés frémissent devant un système réputé indétectable par les « antiradars » en vente libre en Russie.
Le vice-Premier ministre du gouvernement local, Asgat Safarov, a indiqué que le système Avtodoria était exploité depuis le 1er mars 2013. Quatre chaussées sont déjà équipées et les amendes vont pleuvoir. Le gouverneur tatar n’a pas dévoilé la longueur des routes concernées, mais il a déclaré son intention d’équiper complètement une voie fédérale de plusieurs centaines de kilomètres.
Une femme de ministre parmi les actionnaires…
Avtodoria est une société entièrement privée, mais l’un des actionnaires (40% du capital) est l’épouse du ministre des Télécommunications russe, Nikolaï Nikiforov, qui a dans le passé occupé des fonctions importantes dans le gouvernement du Tatarstan. La société, qui va investir 500000 euros cette année, table sur un chiffre d’affaires annuel de 2,5 millions d’euros.
Le vice-Premier ministre russe, Igor Chouvalov, a donné sa bénédiction au système fin février et a indiqué qu’il est question d’ « inscrire le système Avtodoria dans la réglementation routière et [de] permettre aux régions russes de s’en équiper si elles le souhaitent ».
De fait, les responsables russes semblent décidés à prendre des mesures drastiques pour limiter la vitesse et faire cesser l’hécatombe sur les routes, où les comportements sont trop souvent peu civilisés. Les dépassements par la droite et la circulation à pleine vitesse sur les voies d’arrêt d’urgence sont monnaie courante. De plus, le revêtement des chaussées laisse beaucoup à désirer, quand il n’est pas recouvert par de la glace.
Comme en France, la peur du gendarme fonctionne aussi en Russie. Mais les gendarmes russes ont la réputation d’accepter très facilement – quand ils ne l’exigent pas – un bakchich pour annuler les PV. Pour mettre au pas les chauffards, il faudra donc sans doute compter sur les systèmes automatisés, sans intervention du « facteur humain », du type d’Avtodoria.