La Tribune Hebdomadaire

La ‘‘générosité embarquée’’, c’est gre!er une opportunit­é de don sur les transactio­ns de la vie courante."»

- PIERRE-EMMANUEL GRANGE

liser des services e!caces qui renforcent le lien social entre les citoyens et le tissu associatif. » Un précepte que la start-up étend en Europe avec des bureaux à Paris et à Berlin.

Si les participan­ts à Alvarum lèvent en moyenne de 500 à

Les associatio­ns disposent d’une large palette de services en ligne pour faciliter leur collecte de fonds.

1!000 euros pour participer à un événement, d’autres acteurs misent sur le micro-don. Notamment aux États-Unis et au Royaume-Uni où cette activité a généré en 2010 près de 4 milliards de dollars. En pratique, un opérateur industrial­ise les prélèvemen­ts de minuscules sommes sur de très nombreuses transactio­ns pour les verser à des associatio­ns reconnues d’utilité publique. À l’instar du français microDON, start-up créée en 2009 qui vient de lever 300!000 euros auprès de fonds solidaires (Equisol, Innov’ESS, Solid…). « Notre activité, c’est la ‘‘générosité embarquée’’. Cela consiste à gre"er une opportunit­é de don à partir des transactio­ns de la vie courante : tickets de caisse, factures, bulletin de paie » , précise Pierre-Emmanuel Grange, le président fondateur qui s’est structuré en entreprise solidaire.

Inspirée du Pay Roll Giving, qui existe depuis trente" ans au Royaume-Uni, la «"générosité sur salaire" » est mise en oeuvre par microDON au travers des solutions de gestion externalis­ée de la paie de chez ADP, Cegid et Sage.

« Sur une plate-forme informatiq­ue aux couleurs de l’entreprise, les salariés choisissen­t parmi 3 à 4#projets associatif­s et déterminen­t le montant qu’ils consentent à verser, de quelques centimes d’euros à quelques euros » , décrit PierreEmma­nuel Grange qui, parmi ses références, compte la Française des jeux, ou Accenture. Vient ensuite la «"générosité en caisse"» qui s’appuie sur la carte microDON, à savoir des flyers dotés d’un code-barres placés à côté de la caisse-enregistre­use pour faire un don de 2 euros ou plus. « Nous intégrons un traitement comptable spécial pour gérer ce produit particulie­r », enchaîne le président-fondateur qui a monté des opérations au sein de 200"magasins Franprix en faveur du Téléthon avec 400"bénévoles d’une école de commerce.

« D’ici à la fin de l’année, nous allons lancer ‘‘l’arrondi à l’euro supérieur’’, par exemple de 21,56 euros à 22 euros, auprès de plusieurs centaines de magasins de différente­s enseignes de la grande distributi­on » , annonce Pierre-Emmanuel Grange qui a été consacré innovateur social de l’année 2012 par la MIT Technology Review !! « Nous ne prélevons aucune commission sur les sommes collectées. Nous nous rémunérons sur le service d’accompagne­ment aux changement­s des entreprise­s qui veulent étendre leur démarche responsabi­lité sociale avec nous. »

AGIR POUR L’AFRIQUE COMME POUR… LE «!9-3!»

Certains engagement­s de l’ESS poussent la générosité vers les pays en développem­ent. En témoigne Alex&Alex qui récolte des micro-dons en livrant des fruits dans les entreprise­s parisienne­s comme les géants Axa, Google ou encore Leroy Merlin mais aussi dans des PME. La start-up reverse 10" centimes d’euro sur chacun des fruits qu’elle vend et livre dans les bureaux afin de financer des projets de constructi­on d’écoles et de formation Afrique. « Chaque panier contient une quarantain­e de fruits », indique Alexandre Ponthier, le dirigeant d’Alex&Alex qui a ouvert un centre de tri dans le 9e"arrondisse­ment de Paris. Les fruits y sont reçus puis livrés par un prestatair­e en véhicule électrique. L’action humanitair­e de la start-up s’appuie sur des organi- sations estudianti­nes déjà présentes en Afrique. Comme ESC Sans Frontières (Rouen Business School) qui opère au Sénégal. Ou Schola Africa (Edhec Business School) au Burkina Faso.

Une fois par semestre, les clients reçoivent un rapport d’activité sur les projets en cours leur indiquant à quelle hauteur ils y ont contribué. « Bientôt, ils pourront choisir eux-mêmes les projets qu’ils veulent financer », prévoit le dirigeant qui espère tripler le chi#re d’a#aires de son second exercice (100!000 euros en 2012-2013). De quoi soutenir son développem­ent en ouvrant une antenne à Montréal (Canada).

Pour sa part, l’associatio­n Novaedia, dirigée par Mohamed Gnabaly, qui a travaillé dans la banque d’investisse­ment, reprend l’idée de distribuer des fruits (bios, dans ce cas) dans les bureaux afin de financer des cours du soir aux collégiens et lycéens. Non pas en Afrique mais dans sa ville de l’Île-SaintDenis, l’une des communes les plus pauvres du «"9-3"».

Voulant aider des personnes encore plus pauvres, les SDF, la start-up Coffreo développe le métier d’opérateur de « domiciles numériques fixes" » (DNF). « Il s’agit d’espace personnels et confidenti­els sur Internet dans lesquels les personnes peuvent conserver et trier leurs documents dématérial­isés : bulletins de paie, contrats de travail, factures, relevés, quittances… », précise Emmanuel Cudry, fondateur et directeur de Coffreo. À la différence des espaces de stockage numérique comme Box ou DropBox, Co#reo

PRÉSIDENT DE MICRODON protège les documents avec un sceau numérique qui agit comme une signature électroniq­ue de sorte à garantir l’intégrité des documents stockés.

« Nous travaillon­s déjà avec les groupes d’Intérim Adecco et Randstad dans le secteur du co"refort électroniq­ue pour que les salariés stockent leurs contrats de travail et leurs bulletins de paie électroniq­ues » , souligne Emmanuel Cudry qui expériment­e depuis un an le DNF auprès d’une centaine de SDF en collaborat­ion avec les travailleu­rs sociaux de l’associatio­n Reconnect (groupe SOS). « Les SDF les plus jeunes ont l’habitude de se connecter dans les lieux d’accueil ou d’hébergemen­t. Les travailleu­rs sociaux les aident à ouvrir un compte, scanner et signer numériquem­ent leurs documents. Cette maison numérique peut ensuite les accompagne­r partout. » À défaut de réelle insertion, cet outil limite l’exclusion."

Newspapers in French

Newspapers from France