La Tribune Hebdomadaire

France de jeunes et Allemagne de vieux

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est la nouvelle thèse à la mode au sein du parti socialiste qui inspire le discours antiallema­nd et anti-Merkel. Entre l’Allemagne et la France, on pourrait même dire entre l’Europe du Nord et l’Europe du Sud, les intérêts divergerai­ent de plus en plus parce que la démographi­e européenne est coupée en deux. En gros, comme l’a expliqué récemment Arnaud Montebourg devant une assemblée choisie –!le dîner du Cercle de la Revue des deux mondes, présidé par Marc Ladreit de Lacharrièr­e, le 25 avril dernier!–, un nouveau mur serait en train de s’ériger en Europe, entre les pays jeunes et les pays vieux. et constitue son principal échec – est intéressan­t. Mais il n’est guère opérant, sauf à en conclure un divorce inévitable à terme entre les deux pays, c’est-à-dire l’éclatement de l’euro par la sortie de l’un ou de l’autre des partenaire­s. Or, ni la France, ni l’Allemagne, qui fêtent cette année le cinquantiè­me anniversai­re du traité de l’Élysée, ne le souhaitent. L’avenir est plus constitué de ce qui nous rapproche que de ce qui nous divise. François Hollande, qui a rencontré mercredi 15!mai toute la Commission européenne, avant de revenir à Paris défendre ses choix devant des parlementa­ires socialiste­s au bord de la rupture avec son gouverneme­nt et de tenir sa deuxième conférence de presse à l’Élysée, va devoir lutter contre cette nouvelle doxa antiallema­nde, qui ne change rien à la réalité française. Avec ou sans l’Allemagne, avec ou sans l’euro, la France a une dette qui dépassera, avant le milieu de la décennie, les 100"% de sa richesse nationale, et des déficits qu’il faudra bien combler. Plutôt qu’à un divorce avec l’Allemagne, c’est plutôt à une explicatio­n de texte avec sa propre majorité que le chef de l’État est condamné pour les mois qui viennent. À moins qu’il ne soit d’accord avec Arnaud Montebourg, mais alors il va falloir qu’il le dise à Jean-Marc Ayrault"! Dans son combat pour réorienter l’Europe, François Hollande a pourtant déjà remporté une victoire inattendue puisque Bruxelles vient de donner deux!ans à la France pour revenir sous les 3"% du PIB de déficit. Un cadeau inespéré qui montre que la commission de Bruxelles n’est pas aussi stupide et bornée qu’on a bien voulu le dire, et que l’Allemagne de Merkel n’est ni intransige­ante, ni égoïste. Elle est juste inquiète des retards français. Avec ce délai, le gouverneme­nt Ayrault, même remanié avec enfin un vrai (et nouveau"?) patron à Bercy, a tout le temps nécessaire pour prendre les mesures internes susceptibl­es de ranimer une croissance défaillant­e. PRENONS LE DOSSIER DES RETRAITES, qui fait si peur qu’on semble s’orienter vers une simple réforme financière destinée à reboucher un trou de 20 milliards d’euros à l’horizon 2020. Redonner aux Français de la visibilité à long terme sur ce sujet clé est pourtant le meilleur moyen de ramener la confiance qui fait défaut à un pays en grande dépression. Les entreprise­s se plaignent de manquer de prévisibil­ité du fait d’une politique fiscale et sociale qui change tout le temps. Mais pour les ménages, c’est la même chose. Qui peut dire sérieuseme­nt qu’une réforme des retraites est une contrainte imposée par le grand méchant marché, le grand méchant Bruxelles et la grande méchante Merkel, dont nous racontons la vie dans ce numéro. C’est bien au contraire une opportunit­é pour remettre à plat un problème que nous sommes l’un des rares pays à devoir remettre sur la table tous les cinq!ans, voire moins (2003, 2008, 2010). Pourtant, comme on l’a évoqué plus haut, la France bénéficie dans ce domaine d’une démographi­e bien plus favorable que celle de l’Allemagne. Mais une telle réforme n’est possible que si la France résout en même temps son problème d’emploi. Tout est lié. Les déficits, ce sont d’abord et avant tout des déficits d’emplois. Remporter cette bataille, comme l’Allemagne a su le faire avant nous, est le seul combat qui compte. Reste à s’en donner vraiment les moyens.

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