LA CONFIANCE, C’EST!POUR QUAND"?
POUR 65"% DES FRANÇAIS, LA CRISE EST TOUJOURS LÀ
Notre sondage exclusif réalisé par Opinion!Way révèle des Français très sceptiques sur la reprise. Et très sévères sur les résultats de l’action de François Hollande. Vaincre cette défiance est désormais son principal défi.
Gouverner, c’est prévoir. Mais, version Machiavel, gouverner, c’est aussi « faire croire ». Le Prince, en bon adepte de la méthode Coué, dit et répète que «!la reprise est là!», mais le peuple ne le croit pas. Le scepticisme l’emporte : c’est le principal enseignement de notre sondage exclusif de rentrée sur la perception de la situation économique et les attentes des Français (voir notre illustration ci-contre).
Réalisée avec Opinion Way, cette enquête constitue un sérieux avertissement pour l’exécutif. Pour 65"% des personnes interrogées à la fin d’août, la crise est toujours aussi forte. Seul un petit tiers reconnaît que « le plus dur est derrière nous ». Le rebond, loin d’être perceptible par l’opinion, n’est pas pris au sérieux. « C’est un véritable défi pour François Hollande dont le pari volontariste et optimiste se heurte à un pays déprimé qui ne lui accorde pour l’instant aucun crédit », note Bruno Jeanbart, directeur général adjoint d’Opinion Way.
La France de cette rentrée 2013 reste embourbée dans la défiance. Pour 75"% des Français, l’action de François Hollande ne produit pas de résultat, un jugement particulièrement marqué chez les jeunes, les femmes et les ouvriers. « Même si François Hollande parvient à inverser la courbe du chômage, la plupart des gens refuseront de le croire tant que cela ne se ressentira pas dans leur propre vécu, souligne Bruno Jeanbart. Il y aura donc, en plus du combat pour l’emploi, une bataille de communication à mener.!»
Plus grave, notre sondage révèle une France sans grand espoir d’une amélioration. Le discours sur les investissements d’avenir, la transition énergétique et la préparation de 2025 n’a pas d’écho dans l’opinion. Pour plus des deux tiers des personnes interrogées, l’action du président ne prépare pas la France aux défis des années 2020. Un séminaire d’une demi-journée, à la fin d’août, sur la France de 2025 ne su#t pas, il est vrai, à donner un cap clair et mobilisateur. Surtout, une écrasante majorité pense que la France est en train de décrocher et ne rattrapera pas son retard sur l’Allemagne.
La perception de la réforme des retraites révèle une France divisée sur les solutions. À la question « Qui doit payer"? », les entreprises sont citées en premier (57"% des réponses en moyenne, mais près de 80"% pour les électeurs de François Hollande), devant les salariés et les retraités. Une pierre dans le jardin de Pierre Gattaz, le président du Medef, qui bataille pour obtenir la compensation intégrale des nouveaux prélèvements retraite. Autre signe d’une société fracturée, les retraités répondent majoritairement que les actifs doivent contribuer plus pour leur retraite. Attitude que l’on ne retrouve pas en sens inverse : à peine un quart des moins de 50!ans réclame un e$ort accru des retraités. Les plus jeunes sont en revanche de moins en moins réticents à propos de l’augmentation de la part de la capitalisation dans le financement des retraites (38"% y songent parmi les 25-34!ans). Logique, dira-t-on. Ils craignent que leur pension ne soit pas financée quand il y aura 1,4!actif pour 1!retraité, en 2040…
Enfin, le sondage valide nettement le ras-le-bol fiscal qui a envahi la rentrée politique. Pour les Français, la baisse des impôts est prioritaire à 75"% pour les ménages et à 63"% pour les entreprises. Très inquiétant pour le gouvernement et la majorité, ce rejet de l’impôt est général, toutes catégories sociales confondues, électeurs de gauche comme de droite et même ceux de Jean-Luc Mélenchon"! Le ras-le-bol atteint aussi les chômeurs et ceux qui déclarent ne pas payer l’impôt sur le revenu, c’est dire. « Rarement on a vu le pays aussi unanime sur ce sujet sensible », relève Bruno Jeanbart, sans doute un e$et retard du double choc fiscal des années Sarkozy-Hollande.
Signe que sur un corps écorché, la moindre égratignure fait mal. La fiscalité écologique envisagée dans le projet de budget 2014 donne des boutons à 66"% des Français, là aussi, dans toutes les couches de la population. À part sans doute chez les écologistes, l’écologie n’est pas une priorité et la « pause » fiscale annoncée s’impose…
75!% des Français estiment que l’action de François Hollande ne produit pas de résultat.