La Tribune Hebdomadaire

L’AUTOMOBILE FAIT SA RÉVOLUTION DIGITALE

CONNEXIONS EMBARQUÉES Grâce à des partenaria­ts avec des fournisseu­rs de contenu, les constructe­urs invitent leurs clients à optimiser le temps passé à bord de leur voiture connectée à Internet.

- ERICK HAEHNSEN

Recevoir des mails, lire ses messages Facebook, twitter des infos, dénicher le cadeau idéal pour un proche… Passer du temps dans les embouteill­ages n’a jamais été aussi productif. À condition bien sûr d’embarquer un système multimédia connecté à Internet. Quasiment tous les grands constructe­urs automobile­s le proposent, à l’instar d’Audi (Audi Connect), BMW (ConnectedD­rive), General Motors (OnStar), Mercedes (Comand Online), Peugeot (Peugeot Connect Apps) et Renault (R-Link).

Livrés en standard ou en option, moyennant quelques centaines à quelques milliers d’euros hors abonnement aux applicatio­ns, ces systèmes se démocratis­ent. En 2012, un peu plus de 4,3 millions de voitures en étaient équipées. En 2018, ce chi!re pourrait passer à 32 millions, selon une étude du cabinet SBD.

Couplés à un large écran tactile, ces systèmes multimédia­s donnent accès à des fonctionna­lités de base. Il devient possible de consulter – tout en étant au volant – l’info-trafic, les fils d’actualité ou la météo, préparer un itinéraire ou encore bénéficier d’une assistance d’urgence en cas d’accident. Outre ces services de base, les systèmes multimédia­s s’enrichisse­nt d’un bouquet d’applicatio­ns délivré en partenaria­t avec des start-up et des géants de l’Internet comme Twitter, Facebook ou encore Google.

À cet égard, le célèbre moteur de recherche travaille avec Audi à enrichir l’aide à la navigation de son Audi Connect avec l’applicatio­n Google Street View : avant de rejoindre sa destinatio­n, l’automobili­ste peut ainsi se familiaris­er avec la configurat­ion des lieux en consultant les images prises par Google. Par ailleurs, grâce à une applicatio­n Android, il devient aisé d’organiser un rendez-vous avec un utilisateu­r de l’Audi Connect dans un endroit inconnu et sans panneau d’indication. « Vous prenez la photo de l’endroit, l’applicatio­n smartphone la géolocalis­e et vous envoyez les données via le site my.audi.com au système d’aide à la navigation de votre ami qui n’a plus qu’à calculer le trajet à suivre » , détaille François Bacquet, le porteparol­e en France de la firme aux anneaux.

Autre particular­ité, son service d’info-trafic se veut plus rapide et plus précis que les systèmes traditionn­els. Délivré par la société Inrix (également partenaire de BMW, Ford et Toyota notamment), celuici utilise les données GPS de plus de 100 millions de véhicules et terminaux présents sur les routes. Inrix va même jusqu’à aider les conducteur­s à identifier la stationser­vice la moins chère et la plus proche d’eux.

Autre axe de développem­ent pour les systèmes multimédia­s automobile­s, la recherche des points d’intérêts. À commencer par R-Link qui, depuis l’arrivée de la Clio"IV, est présent sur tous les nouveaux véhicules. En matière de voiture connectée, la firme au losange n’est pas novice. « Nous avons été parmi les premiers constructe­urs à apporter l’info-trafic en temps réel avec le service

Carminat » , tient à rappeler François Gayral, directeur marketing en charge de la promotion de l’innovation chez Renault, qui joue la carte de l’ergonomie avec son écran tactile de 7"pouces.

Le constructe­ur a veillé tout particuliè­rement à la sécurité d’emploi de son R-Link en intégrant la reconnaiss­ance vocale fournie par la société Nuance. Pratique, le pilotage à la voix permet de dicter au GPS une adresse ou d’appeler un contact depuis son répertoire téléphoniq­ue. En revanche, lorsque la voiture est en marche, la lecture des

Nouveau vecteur de services à la personne, la voiture connectée constitue aussi un nouveau canal de distributi­on pour l’e-commerce.

mails et des tweets se fait uniquement par synthèse vocale. Objectif : laisser le conducteur avoir l’oeil sur la route. Disponible en standard sur la Zoé électrique, le R-Link permet de programmer via le PC de la maison ou le smartphone la charge de la batterie, la climatisat­ion ou le chau!age. Une véritable domotique automobile#!

UNE TÉLÉCONCIE­RGERIE VIRTUELLE D’ASSISTANCE

Pour enrichir sa palette de fonctionna­lités, Renault a ouvert sa tablette R-Link à des fournisseu­rs d’applicatio­ns en ligne, à l’instar d’I-Dispo, une entreprise hébergée par l’incubateur Mobilité Connectée, lancée en partenaria­t par Renault et Paris Incubateur­s. Créée en 2010, cette plate-forme délivre de l’assistance en ligne à quelque 12#000"membres. « Nous disposons d’une base de données de 34 millions de prestatair­es en Europe et d’une équipe de 25! téléconcie­rges qui leur prend des rendez-vous, organise des voyages, déniche l’oiseau rare, etc. » , a$rme Laurent Lecoeur, cofondateu­r et directeur commercial.

Accessible sur Renault Store, l’applicatio­n I-Dispo est interfacée avec l’aide à la navigation du véhicule. « Résultat, lorsque nous recherchon­s pour un membre une pharmacie de garde, il lui su"t d’appuyer sur le bouton “naviguer” pour se laisser guider » , indique le représenta­nt d’I-Dispo, qui a levé 1,2 million d’euros environ pour développer son offre d’assistance et de téléconcie­rgerie virtuelle dans plusieurs pays (France, Belgique, Suisse, États-Unis, Royaume-Uni et Cameroun).

Nouveau vecteur de services à la personne, la voiture connectée constitue donc aussi un canal de

distributi­on pour l’e-commerce. Ce créneau n’a pas échappé à SoCloz, le spécialist­e de la géolocalis­ation de produits. Cette start-up a référencé dans sa base de données 10!000"magasins et 1"million de produits. Grâce à son moteur de recherche qui sera intégré dans la tablette R-Link début 2014, les automobili­stes pourront non seulement localiser les produits qu’ils recherchen­t mais aussi les réserver.

Pour aider les automobili­stes à se garer, R-Link délivrera en fin d’année une applicatio­n d’aide à la recherche de places de stationnem­ent fournie par Apila, une startup de six personnes hébergée par l’incubateur Mobilité Connectée. Ce service télécharge­able aussi bien sur Android que sur iPhone rassemble 60!000"membres dont la moitié réside en région parisienne. « Avec notre nouvelle version qui sera en ligne à la rentrée prochaine, lorsque l’un des membres quittera une place, le système en sera immédiatem­ent averti et relaiera l’informatio­n à ceux qui en ont besoin,

indique Cyril Hersch, le fondateur

d’Apila. Pour éto!er notre volume de places de stationnem­ent disponible­s, nous avons noué des partenaria­ts avec les opérateurs de parkings publics et privés. »

PSA ET BMW MULTIPLIEN­T LES SERVICES EN 3G

À la différence de la tablette R-Link qui se connecte à la plateforme du constructe­ur en emprun- tant le réseau Edge (2G), le système multimédia de PSA PeugeotCit­roën bénéficie d’une connexion plus rapide grâce à sa clé 3G vendue 350 euros, puis 10 euros par mois environ. « Nous avons intégré dans notre Peugeot Connect Apps des applicatio­ns qui vont faciliter la mobilité », souligne Thierry Le Hay, responsabl­e Innovation des systèmes embarqués. Disponible notamment sur les Peugeot 208 et la Citroën C4 Picasso, son bouquet de services contient une dizaine d’applicatio­ns dont l’info-trafic en temps réel de Michelin, les Pages Jaunes et la météo. Ainsi que le service «"Dis-moi où"», du nom d’une start-up rachetée en 2011 par le groupe Maximiles.

L’entreprise, spécialisé­e dans la fidélisati­on et la vente de publicité,

identifie des lieux touristiqu­es selon les critères demandés par l’automobili­ste ainsi que les avis rédigés par les internaute­s. « Nous avons recensé 1,4 million de télécharge­ments sur iPhone et Android, dont

75"% en France », précise Marc Bidou, PDG de Maximiles (17 millions de chi#re d’a#aires, 120"personnes) présent dans 17" pays d’Europe. À l’instar des offres concurrent­es, l’accès au bouquet du Peugeot Connect Apps est illimité et sans surcoût, même si la voiture passe les frontières.

Et c’est tant mieux car l’accès à des applicatio­ns distantes dans les véhicules promet de se di#user à grande vitesse. C’est d’ailleurs le pari de BMW qui a généralisé à bord de ses nouveaux véhicules sa carte Sim 3G. Une aubaine pour les passagers qui disposent ainsi d’une borne wifi pour connecter leurs smartphone­s, tablettes et autres PC portables à leurs applicatio­ns favorites. Côté services, BMW prend un cran d’avance sur bon nombre de ses concurrent­s. L’écran de son système multimédia, ConnectedD­rive, peut accueillir, moyennant un abonnement payant, l’applicatio­n de musique en ligne Rara.com. D’autres sites de streaming comme Deezer, Spotify et Napster sont annoncés d’ici à 2014. Cette liste d’applicatio­ns n’est pas limitée car le constructe­ur s’est appliqué à rendre son o#re BMW Apps compatible avec les smartphone­s iPhone et Android. Grâce à cela, certaines applicatio­ns hébergées sur le téléphone mobile peuvent se retrouver sur l’écran du ConnectedD­rive. C’est le cas notamment de «"webradios"» comme Aupeo!!, Stitcher ou Tunein. Ou de certaines applicatio­ns comme Glympse, qui sert à rejoindre une personne qui s’est géolocalis­ée. Pratique quand on est dans une ville inconnue.

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[BMW] Le système ConnectedD­rive de BMW permet notamment d’avoir accès à des sites de musique en ligne.
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[RENAULT] La tablette R-Link est disponible sur tous les véhicules Renault depuis la Clio IV.
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[AUDI] Audi Connect adopte le service info-trafic d’Inrix.

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