La Tribune Hebdomadaire

BIENTÔT, LES COÛTS DE LA TRANSITION CHINOISE S’IMPOSERONT AU MONDE

Les coûts relatifs à la croissance et à la transition de la Chine augmentent, au détriment des profits et des rendements des entreprise­s nationales et internatio­nales. Alors que la Chine avance, ses relations avec le reste du monde évoluent, imposant à se

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Que les coûts augmentent n’est pas si surprenant!; ce qui l’est en revanche, c’est l’ampleur du phénomène. Cela dépasse les coûts du travail, des terres et de l’immobilier et concerne jusqu’aux coûts environnem­entaux, réglementa­ires et du capital. Ce ne sont pas seulement les industries qui doivent s’adapter, mais aussi les pays eux-mêmes, étant donné les e"ets sur l’épargne, les flux de capitaux et les réserves de change. Les multiples conséquenc­es de la transforma­tion de la Chine peuvent être rassemblée­s en deux questions : de qui la Chine a-t-elle besoin!? Et qui a besoin de la Chine!?

Il se pourrait que pour de nombreuses entreprise­s le meilleur soit désormais passé. L’inflation est susceptibl­e d’a"ecter la rentabilit­é : les estimation­s des bénéfices de 2013 pour les entreprise­s chinoises ont chuté de 17!% depuis le début de 2012, et le rendement du capital devrait passer de 20!% en 2010 à 14!% en 2014. La Chine est clairement en train de tenter d’abandonner son profil de producteur à faible coût pour suivre de près les marchés développés, avec pour ambition de devenir un producteur net de produits industriel­s.

Au cours des vingt#dernières années, la Chine a été à l’origine d’une augmentati­on massive de la demande en matières premières, entraînant une forte augmentati­on des prix. La question est de savoir si l’o"re et la technologi­e vont ramener les prix à la baisse. Les producteur­s de ces matières premières qui ont augmenté leurs capacités de production sont peut-être les plus exposés au danger. L’équipe de Goldman Sachs en charge des matières premières prévoit une baisse du prix du minerai de fer d’environ 30!% d’ici à 2015. D’un autre côté, les importatio­ns chinoises de nourriture et d’autres produits agricoles en provenance du reste du monde vont probableme­nt augmenter dans un avenir relativeme­nt proche. Les pays avec un excédent agricole – comme la Nouvelle-Zélande, l’Australie, le Brésil, l’Argentine, la Thaïlande, les Pays-Bas, les États-Unis et une grande partie de l’Afrique – pourraient en tirer profit.

La Chine va aussi avoir besoin de nouvelles solutions en termes de sources d’énergie et d’e$cacité énergétiqu­e, surtout si les mesures « incitative­s » en matière de prix de l’énergie s’améliorent, le subvention­nement des combustibl­es fossiles avoisinant en ce moment en Chine les 20 dollars par habitant.

La nécessité d’une meilleure répartitio­n du capital se traduit par une augmentati­on de la demande dans les domaines des services financiers, de l’assurance et de la gestion d’actifs. Enfin, les fournisseu­rs de solutions d’infrastruc­ture dans les domaines de la logistique et de la communicat­ion devraient conserver leur importance au vu du développem­ent des modèles d’entreprise­s en ligne et de l’extension de l’activité économique vers l’intérieur du pays. Certaines entreprise­s occidental­es pourraient bien sûr tirer profit de ces évolutions. En Europe, les entreprise­s de biens de consommati­on exposées à la Chine ont réalisé une performanc­e de 3!% supérieure à l’ensemble du marché l’année dernière, contre une performanc­e de 12!% inférieure à l’ensemble du marché pour les entreprise­s industriel­les.

La poursuite du développem­ent en Chine constitue un défi pour tous ceux qui s’appuient fortement sur l’avantage o"ert par le pays en termes de coûts. Si la Chine commençait à exporter l’inflation au lieu de la déflation, cela pénalisera­it les ÉtatsUnis et la plupart des pays d’Europe occidental­e. Les pays qui doivent l’essentiel de la croissance de leurs exportatio­ns à la Chine, comme le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Nouvelle-Zélande ou la Suisse, vont devoir surveiller de près le développem­ent de l’industrie chinoise, en se demandant quels produits d’importatio­n actuels la Chine pourrait remplacer par des production­s nationales, comme par exemple les machines dans le cas de l’Allemagne.

CONSOMMANT PLUS, LA CHINE ACHÈTERA MOINS DE DETTE OCCIDENTAL­E…

Viennent ensuite ceux qui ont profité du fait que la Chine exporte son épargne, ce qui a entraîné une baisse des taux d’intérêt réels et nominaux. Ce phénomène, combiné à l’exportatio­n par la Chine de la déflation, constitue une part importante de la récente histoire financière du monde. Si la Chine épargnait moins et consommait davantage, elle achèterait moins de dette occidental­e. L’année dernière, les réserves de change de la Chine ont augmenté de 6!%, contre un taux de croissance annuel composé (TCAC) de 33!% pour la décennie précédente. Certaines économies lourdement endettées et fondées sur la consommati­on, comme les États-Unis, l’Italie et le Japon, pourraient bien devoir, en même temps que la Chine, opérer certains changement­s.

L’essor de la Chine constitue un défi, mais le monde a déjà connu une telle évolution. Au XIXe siècle, les États-Unis représenta­ient un important consommate­ur net de produits industriel­s, tandis que l’Europe avait adopté un grand nombre de produits industriel­s asiatiques aux XVe et XVIe siècles. S’il est permis de tirer des leçons de l’histoire, alors il semble probable que la Chine puisse surmonter certains des défis auxquels elle est confrontée – et des opportunit­és d’investisse­ment sont à saisir pour ceux qui pourront l’y aider.

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