La simple gadget ou innovation de rupture!?
Entre la Galaxy Gear de Samsung, la SmartWatch de Sony et la Toq de Qualcomm, en attendant l’iWatch d’Apple et peut-être un produit signé Google, les «!montres intelligentes!» a"uent sur le marché. Elles demeurent cependant des accessoires encore perfectibles qui ne devraient séduire à court terme qu’une poignée de technophiles.
QUI N’A PAS SA MONTRE CONNECTÉE!? Tout le monde s’y met, même les fabricants de puces, comme l’américain Qualcomm avec la Toq. Le leader mondial des smartphones, Samsung, peut se vanter d’avoir été (presque) le premier avec sa Galaxy Gear, dévoilée mercredi soir, grillant sur le poteau Apple dont on ignore encore la date de sortie de l’iWatch (le nom a bien été déposé ainsi que plusieurs demandes de brevets).
Le japonais Sony avait une nette longueur d’avance : il avait présenté sa smartwatch («! montre intelligente!») compatible avec les smartphones sous Android, au Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas en janvier 2012. De nombreuses startup ont aussi développé leur modèle de montres à la James Bond, de Pebble à I’m Watch, en passant par TrueSmart d’Omate qui va être présentée au salon IFA de Berlin. Même si les premières tentatives de montres-téléphones remontent à la fin des années 1990, le marché en est à ses balbutiements. Le cabinet spécialisé IHS estime qu’il devrait se vendre cette année dans l e monde 268"000 montres connectées… Pour le moins confidentiel"! À titre de comparaison, plus de 225 millions de smartphones ont été écoulés au cours du seul deuxième trimestre. Selon Ian Fogg, spécialiste de la mobilité chez IHS, « au vu des caractéristiques techniques, la Galaxy Gear de Samsung apparaît comme un prototype que l’on fait passer pour un produit commercial et à cause de cela, elle ne sera pas un succès sur le marché ». Samsung aurait-il lancé sa montre, au design qui fleure bon les montres à quartz des années 1980, trop tôt"? L’expert d’IHS lui reproche son prix élevé (299 dollars) pour un appareil « compagnon », un accessoire ne pouvant fonctionner sans smartphone, son a u t o n o mi e de 25 heures qui oblige à la recharger chaque jour, et surtout sa compatibilité très limitée, uniquement avec le nouveau Galaxy Note!3 et la tablette Note!10.1.
Vendue autour de 300 dollars uniquement aux États-Unis, la Toq de Qualcomm, qui sera c o mp a t i b l e avec les appareils sous Android, ne sera p r o d u i t e q u’à quelques dizaines de milliers d’exemplaires, le but étant surtout de mettre en avant sa technologie d’écran Mirasol, qui utilise un système de réflexion de la lumière : elle se présente elle aussi comme le « second écran du smartphone ».
Une erreur selon Shane Walker, autre expert d’IHS, du fait de la concurrence de nombreux autres appareils de suivi des performances (on pense aux bracelets Up de Jawbone ou Nike+ FuelBand, à la balance Withings, etc.) : « Pour atteindre son potentiel de marché, la montre intelligente doit fonctionner toute seule et inclure des fonctionnalités adaptées à sa forme de bracelet », a#rme-t-il.
DES « INVENTIONS DE SF DÉJÀ ANACHRONIQUES »
La smartwatch est-elle condamnée à rester un gadget pour technophiles avides de nouveautés, les fameux « early adopters » qui essuient les plâtres"? « Samsung suit une stratégie produit du spaghetti sur le mur : lancer une smartwatch et voir si ça colle » , ironise Sarah Rotman Epps, du cabinet Forrester Research. Comme avec la Galaxy Note, sa « phablette », à mi-chemin de la tablette et du smartphone, qui a su répondre à une demande insatisfaite de plus grand écran.
À l ’ i mag e d e s tablettes, qui n’avaient pas rencontré leur public jusqu’à la sortie de l’iPad, les montres intelligentes ne décolleront sans doute qu’au lancement de versions plus abouties sur les plans matériel et logiciel, enrichies d’applications vraiment innovantes.
Le cabinet IHS prédit ainsi que les ventes devraient être multipliées par quinze en quatre!ans, passant de 2,6 millions en 2014 à 39 millions d’exemplaires en 2018. Juniper Research table aussi sur 36 millions de montres connectées dans cinq ans. Cependant, l’experte de Forrester considère que « les smartwatches sont des inventions de science-fiction et sont déjà des anachronismes dans le monde moderne ». Elle imagine un monde peuplé de capteurs glissés dans les lunettes, lentilles de contacts, tatouages, chaussures, vêtements, miroirs, matelas, brosses à dents, etc. De quoi être d é f i n i t i v e ment connecté 24 heures sur 24.