Pour bien se former, il faut jouer avec sérieux
PLAISIRS UTILES Les Serious Games, «!SG!» ou « jeux sérieux », ont beaucoup gagné en crédibilité dans la formation professionnelle. Désormais conçus par de véritables studios de production, ils s’adressent aussi aux PME, avec des «!titres!» accessibles en
Peu de chefs d’entreprise ignorent ce précepte : bien former les salariés, intérimaires et apprentis est stratégique. Globalement, les entreprises ont consacré 13,1 milliards d’euros en 2010 à la formation, selon les données du projet de loi de finances pour 2013.
Or, depuis plusieurs années, les nouvelles technologies aidant, ces salariés et stagiaires ont accès à une nouvelle génération de contenus, plus attrayants, de moins en moins coûteux et opérables à distance. Dans le même temps, cette formation professionnelle a fait sa révolution avec les Serious Games (SG). Des « jeux sérieux » certes, mais des jeux quand même, qui concilient e!cacité pédagogique et plaisir du jeu vidéo pour capter et mobiliser l’attention de l’apprenant.
« Le Serious Game est un secteur en cours de structuration et d’indus- trialisation qui compte en France une bonne centaine de concepteurs, développeurs et éditeurs » , observe l’analyste Laurent Michaud, chef de projet Loisirs Numériques à l’Idate, l’observatoire français de l’économie numérique et d’Internet. Le gros de la production porte sur des développements à façon pour les besoins des entreprises. Notamment auprès des géants de l’industrie et de la finance comme Allianz, L’Oréal, Renault, Société générale, Total ou Vinci.
À l’instar des jeux vidéo, les créateurs de SG disposent de leur propre studio. C’est notamment le cas du groupe Genious (200"personnes). Son équipe répartie sur Montpellier, Rennes et Paris regroupe une quarantaine de personnes (chefs de projets, ingénieurs pédagogiques, game designer, infographistes, sound designer…). « Notre activité se partage à parts égales entre l’esanté et la formation professionnelle » , décrit Thierry Touré, directeur de production de Genious, qui produit des SG pour former les managers et leurs collaborateurs aussi bien dans les secteurs de la banque et des services que de l’industrie.
12!% DES JEUX DÉJÀ DESTINÉS À LA FORMATION PRO
À la di#érence de Genious qui se focalise sur la production de jeux à façon, certains de ses concurrents cherchent à toucher un public plus large en proposant des titres «" sur étagère" ». Selon Laurent Michaud, la formation professionnelle représente un peu plus de 12$% des 1$500"titres de SG parus depuis 2005. Le reste porte notamment sur l’enseignement, la santé, la défense civile ou la communication. C’est, on s’en doute, ce marché qui est donc appelé à croître vite.
Succubus Interactive et sa quinzaine de collaborateurs en production comptent bien y contribuer. Créée à Nantes en 2002, l’entreprise a produit cette année deux titres qui seront vendus sur étagère par des organismes de formation. « L’un concerne l’anglais des a!aires et l’autre porte sur la formation des commerciaux à la gestion de portefeuilles client » , explique Laurent Auneau, le fondateur de Succubus Interactive. Point fort, l’entreprise a développé «"HappyTech"» son propre atelier de génie logiciel qui permet de diviser par deux le temps nécessaire à la production d’un jeu. Grâce à cet atelier, scénaristes et graphistes interviennent directement dans le logiciel. Facteur de productivité, cet outil de développement va être mis à disposition des centres de formation et des services de RH. Lesquels pourront ainsi créer leurs propres Serious Games moyennant un abonnement de 100 euros à 300 euros par mois.
De quoi attiser la compétition avec les pure players de l’édition de SG. À commencer par Daesign. Créée en 1995, cette PME compte une trentaine de collaborateurs dont une majorité de développeurs, graphistes et concepteurs pédagogiques. « Nous maîtrisons toute la chaîne de la production et nous faisons appel à des experts métier pour traiter certains sujets comme les TMS (troubles musculosquelettiques) ou la diversité », fait valoir Claire Gautier, responsable marketing et communication. Basée à Annecy, l’entreprise a réalisé 2,4 millions d’euros de chi#re d’a#aires en 2012.
Son catalogue en ligne comporte plus d’une quinzaine de titres sur étagère qui intéressent aussi bien les professionnels du management que ceux de la vente, du droit ou encore du mieux-vivre au travail… Des produits développés avec sa technologie propriétaire «"Ava"» (Acteurs virtuels autonomes). Résultat de six"ans de R&D, cette technologie permet de simuler le dialogue humain. Le premier jeu développé par Daesign aide d’ailleurs les managers à s’entraîner à l’entretien annuel d’évaluation. Développé à l’origine pour BNP, puis disponible sur étagère, ce jeu a été vendu à plusieurs milliers d’exemplaires sous forme d’abonnements annuels illimités.
Son dernier jeu, «" M comme Manager"», est le résultat d’une collaboration entre Daesign, Orange et Natixis qui ont mutualisé leurs e#orts et leurs moyens