La Tribune Hebdomadaire

Paiements via mobile!: la bataille des innovation­s est engagée

Après le lancement de Paylib avec La Banque Postale et la Société générale, BNP Paribas vient de dévoiler six nouvelles technologi­es destinées à lui permettre de s’imposer sur un marché estimé à 235 milliards de dollars, en 2013, par Gartner.

- C.L.

Le paiement par mobile n’'est plus de la science-fiction, ce sont les banques elles-mêmes qui le disent. « Nous assistons à une véritable révolution des modes de paiement, très innovante, pleine d’incertitud­es, et qui va très vite » , analysait récemment François Villeroy de Galhau, directeur général délégué de BNP Paribas, en présentant non pas une, ni deux, ni trois… mais six innovation­s technologi­ques en matière de paiement mobile. De fait, les appétits se sont aiguisés ces dernières années : les transactio­ns par mobile devraient représente­r quelque 235 milliards de dollars en 2013 dans le monde, soit un bond de 44!% par rapport à 2012, selon le cabinet Gartner. Qui table sur une envolée de 35!% par an, en moyenne, d’ici à 2017. À cette date, les paiements par mobile devraient peser 721 milliards de dollars, toujours à l’échelle mondiale. Au sein de la seule Europe, près de la moitié des transactio­ns réalisées dans les magasins devrait s’effectuer via des mobiles en 2020, prédit de son côté Visa Europe. Des perspectiv­es alléchante­s qui ne manquent pas d’attirer les géants de l’Internet, tels Google et Amazon. Mais aussi PayPal (filiale d’eBay), pure player du paiement en ligne, et des acteurs de niche comme l’américain Square qui, dans les grandes lignes, transforme les smartphone­s en terminaux de paiement.

LA SÉCURITÉ, UN ARGUMENT PAYANT

Face à cette multiplica­tion de nouveaux entrants sur le marché du paiement mobile, « les banques ont pour premier atout leur réputation de sécurité et de confidenti­alité » , plaide François Villeroy de Galhau. En effet, interrogés sur les acteurs du paiement mobile qui leur inspirent le plus confiance, 77!% des Français répondent qu’il s’agit de leur banque, selon un sondage Ipsos publié en novembre 2013. C’est d’ailleurs en brandissan­t cet argument de la sécurité que BNP Paribas, la Société générale et La Banque Postale avaient lancé Paylib, le 24 septembre dernier. Ce portefeuil­le électroniq­ue, destiné à tailler des croupières au fameux PayPal, a déjà été téléchargé par 100!000 personnes, et dispose de 20 millions de clients potentiels, a précisé François Villeroy de Galhau. « Avec Paylib, les coordonnée­s de votre carte bancaire ne sortent jamais de votre banque, vous n’avez plus à les saisir lorsque vous effectuez un paiement en ligne » , a rappelé Béatrice Cossa Dumurgier, chief operating officer de la division banque de détail de BNP Paribas. C’est également dans le cadre d’une jointventu­re, mais cette fois-ci avec le groupe de télécoms Belgacom, que BNP Paribas lancera – d’abord en Belgique – un autre portefeuil­le électroniq­ue, baptisé Sixdots, le 1er janvier 2014. Ce nouveau produit permettra, par exemple, de réserver des billets de train, de les payer et de les présenter au contrôleur, le tout depuis son smartphone. Bref, plus besoin de patienter vingt minutes au guichet d’une gare pour acheter ses titres de transport, ni de les imprimer, l’applicatio­n Sixdots poussant le soin du détail jusqu’à vous avertir d’un éventuel retard de votre train et à mémoriser vos préférence­s de voyage (dans le sens de la marche, dans un wagon ouvert ou dans un compartime­nt, etc.). « Cela ne simplifie pas seulement le quotidien des consommate­urs, mais également celui des commerçant­s » , affirme Béatrice Cossa Dumurgier. Des commerçant­s que son établissem­ent n’entend pas oublier dans ses nouvelles offres de paiement mobile. Ainsi, l’applicatio­n Mobo permettra aux clients profession­nels de la banque, en France, en Belgique et en Italie, d’utiliser leur smartphone comme terminal de paiement. Il suffira pour cela de lui adjoindre un petit lecteur de carte bancaire, connecté par la technologi­e Bluetooth. « Mobo est pratique pour les livreurs à domicile, les vendeurs sur les marchés ou encore pour les profession­s libérales, qui réalisent en fait peu de transactio­ns et pour lesquels l’investisse­ment dans un terminal de paiement est lourd, alors que Mobo ne coûte que 95 euros » , argumente Gunter Uytterhoev­en, directeur marketing de BNP Paribas Fortis. La banque a également levé le voile sur Easy Transfer, une applicatio­n permettant le paiement mobile entre particulie­rs, PayPass, une solution de paiement sans contact lancée en Italie avec MasterCard et Vodafone, et National Security, une technologi­e permettant d’authentifi­er le client via ses empreintes digitales. L’enjeu du paiement mobile transforme décidément les banques en véritables laboratoir­es de recherche.

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