Distribution!: jackpot pour les automates
L’offre en distributeurs automatiques est pour l’heure focalisée sur les boissons et les repas. Mais, peu à peu, le marché étend son offre à des distributeurs de produits non alimentaires qui parient sur une réponse mieux adaptée aux besoins des clients.
Les distributeurs automatiques (DA), majoritairement focalisés sur les boissons et les snackings, entament leur révolution avec une offre qui s’annonce plus diversifiée et plus proche des besoins des clients. Le moteur de cette transformation"? L’utilisation de la télémétrie pour analyser les ventes à distance, la présence d’écrans interactifs et tactiles, voire de logiciels de reconnaissance pour mieux conseiller le client. De quoi révolutionner le marché qui compte en France 125"000# machines à café à capsules et 500"000# distributeurs automatiques de sandwiches, fruits, barres chocolatées, boissons, etc. Parmi les grands constructeurs de ces machines qui ont colonisé notre quotidien, tant dans les bureaux que dans les stations, gares, aéroports et autres lieux publics#: N&W Global Vending, Rheavendors, Bianchi et Saeco – filiale de Philips. « 80 % du parc sont installés en entreprise et le reste sur des sites publics » , précise Nicolas Bodilis-Reguer, délégué général de Navsa (Chambre syndicale nationale de vente et services automatiques). En 2013, ce secteur a vendu quotidiennement 14 millions de boissons chaudes, 1 million de boissons froides et 1 million de produits alimentaires pour un chiffre d’affaires d’un peu plus de 2 milliards d’euros (-2 % par rapport à 2012). S’il a été rattrapé par la crise, le secteur a néanmoins de bonnes raisons de retrouver le sourire. D’abord, grâce à l’accord conclu en juillet dernier entre la Navsa et la Commission nationale des titres restaurant (CNTR), bon nombre de machines vont accepter le paiement des sandwiches, pizzas et autres denrées alimentaires avec des chèques déjeuner. Une bonne nouvelle pour les gestionnaires de machines (les plus gros étant Selecta, Autobar et Daltys) et les industriels de l’agroalimentaire. Le vendéen Sodebo (2"000 salariés) devrait d’ailleurs démarrer durant ce premier trimestre des tests avec des fabricants de machines et de lecteurs de titres restaurants, en partenariat avec des gestionnaires de distributeurs automatiques. « Les produits proposés seront les mêmes que ceux que nous commercialisons déjà aujourd’hui en GMS [grandes et moyennes surfaces, ndlr], stations-service, etc., indique William Brézelle, chef de circuit DA et Restauration chez Sodebo. Les tests visent à évaluer l’impact des titres restaurants sur la fréquentation et les ventes de produits dans les distributeurs automatiques. »
BAR À ONGLES, PHARMACIE, MAQUILLAGE AVEC CONSEIL…
« Une autre évolution, timide, va consister à installer sur les machines existantes des écrans interactifs afin de délivrer aux consommateurs des informations nutritionnelles sur les produits, avant même de les acheter » , annonce Patrick Bergamelli, directeur d’Alyxia, un intégrateur de technologies. Cette évolution intéresse les fournisseurs de produits bio et sans sucre. À l’instar de la Compagnie des boissons bio qui ambitionne de distribuer ses sodas bio dans des appareils automatiques parallèlement à leurs ventes dans les circuits traditionnels. « La présence d’un écran interactif présente d’autres avantages pour les consommateurs, estime Éric Froger, le directeur de publication de DA Mag, le magazine du secteur de la DA. Si la machine est équipée d’un lecteur de badge d’identification, elle va aider le salarié à composer son menu en tenant compte des achats précédemment effectués, et lui accorder éventuellement des promotions. » Si l’alimentaire représente pour l’heure plus de 95 % des ventes, le marché de la distribution automatique promet de s’élargir à d’autres produits. Des exemples fleurissent timidement. À l’instar de ces distributeurs de fleurs, d’articles de bricolage, de natation… sans oublier les produits pharmaceutiques ou de maquillage. Nouveaux venus sur le marché, ces derniers se distinguent par une approche résolument ludique. En témoigne, L’Oréal Paris qui vient de tester dans une station du métro de New York un distributeur de produits de beauté de la marque Color Riche. Particularité#: grâce à un logiciel de reconnaissance, la machine délivre des conseils de maquillage en fonction des couleurs de vêtements portés par sa cliente. Plus qu’une innovation, cet automate montre une voie de développement à un secteur qui gagnerait à être plus à l’écoute des envies des clients. Une approche déjà adoptée en fait par le français Nailmatic, qui lance les premiers distributeurs automatiques de vernis à ongle. Ces produits de beauté fabriqués en France sont proposés en 63#couleurs différentes. De quoi séduire les aficionados de la mode. Les machines, conçues par l’agence 5.5, proposent différents moyens de paiement (carte de crédit, billets, pièces) ainsi que des cartes prépayées. « Mon modèle économique sort des circuits de la distribution traditionnelle des cosmétiques » , estime Boris Gratini, président et fondateur de l’entreprise. Créée en 2012, la start-up a réalisé un chiffre d’affaires de 100"000 euros avec moins d’une dizaine de distributeurs. L’essentiel de ses revenus provient actuellement de l’exploitation des distributeurs installés chez des commerçants, auxquels Nailmatic reverse une commission. À cela s’ajoute la location événementielle pour des opérations ponctuelles. « Enfin, nous vendons des coffrets de vernis à des boutiques cadeaux à Paris et en région » , précise Boris Gratini qui a déjà déboursé 350"000 euros pour son entreprise, dont 200"000 en fonds propres et 150"000 grâce à des prêts de la région Île-de-France et de Bpifrance (exOseo). Nailmatic espère lever dans les prochains mois entre 800"000 et 1 million d’euros pour poursuivre l’aventure en proposant un kiosque qui contiendra deux machines et un bar à ongles. L’approche de cette PME s’inscrit dans le sillage de Topsec Équipement. Cette entreprise créée en 2000 installe des distributeurs de bonnets de bains et autres produits de natation dans les piscines