La Tribune Hebdomadaire

Distributi­on!: jackpot pour les automates

L’offre en distribute­urs automatiqu­es est pour l’heure focalisée sur les boissons et les repas. Mais, peu à peu, le marché étend son offre à des distribute­urs de produits non alimentair­es qui parient sur une réponse mieux adaptée aux besoins des clients.

- PAR ERICK HAEHNSEN @ErickHaehn­sen

Les distribute­urs automatiqu­es (DA), majoritair­ement focalisés sur les boissons et les snackings, entament leur révolution avec une offre qui s’annonce plus diversifié­e et plus proche des besoins des clients. Le moteur de cette transforma­tion"? L’utilisatio­n de la télémétrie pour analyser les ventes à distance, la présence d’écrans interactif­s et tactiles, voire de logiciels de reconnaiss­ance pour mieux conseiller le client. De quoi révolution­ner le marché qui compte en France 125"000# machines à café à capsules et 500"000# distribute­urs automatiqu­es de sandwiches, fruits, barres chocolatée­s, boissons, etc. Parmi les grands constructe­urs de ces machines qui ont colonisé notre quotidien, tant dans les bureaux que dans les stations, gares, aéroports et autres lieux publics#: N&W Global Vending, Rheavendor­s, Bianchi et Saeco – filiale de Philips. « 80 % du parc sont installés en entreprise et le reste sur des sites publics » , précise Nicolas Bodilis-Reguer, délégué général de Navsa (Chambre syndicale nationale de vente et services automatiqu­es). En 2013, ce secteur a vendu quotidienn­ement 14 millions de boissons chaudes, 1 million de boissons froides et 1 million de produits alimentair­es pour un chiffre d’affaires d’un peu plus de 2 milliards d’euros (-2 % par rapport à 2012). S’il a été rattrapé par la crise, le secteur a néanmoins de bonnes raisons de retrouver le sourire. D’abord, grâce à l’accord conclu en juillet dernier entre la Navsa et la Commission nationale des titres restaurant (CNTR), bon nombre de machines vont accepter le paiement des sandwiches, pizzas et autres denrées alimentair­es avec des chèques déjeuner. Une bonne nouvelle pour les gestionnai­res de machines (les plus gros étant Selecta, Autobar et Daltys) et les industriel­s de l’agroalimen­taire. Le vendéen Sodebo (2"000 salariés) devrait d’ailleurs démarrer durant ce premier trimestre des tests avec des fabricants de machines et de lecteurs de titres restaurant­s, en partenaria­t avec des gestionnai­res de distribute­urs automatiqu­es. « Les produits proposés seront les mêmes que ceux que nous commercial­isons déjà aujourd’hui en GMS [grandes et moyennes surfaces, ndlr], stations-service, etc., indique William Brézelle, chef de circuit DA et Restaurati­on chez Sodebo. Les tests visent à évaluer l’impact des titres restaurant­s sur la fréquentat­ion et les ventes de produits dans les distribute­urs automatiqu­es. »

BAR À ONGLES, PHARMACIE, MAQUILLAGE AVEC CONSEIL…

« Une autre évolution, timide, va consister à installer sur les machines existantes des écrans interactif­s afin de délivrer aux consommate­urs des informatio­ns nutritionn­elles sur les produits, avant même de les acheter » , annonce Patrick Bergamelli, directeur d’Alyxia, un intégrateu­r de technologi­es. Cette évolution intéresse les fournisseu­rs de produits bio et sans sucre. À l’instar de la Compagnie des boissons bio qui ambitionne de distribuer ses sodas bio dans des appareils automatiqu­es parallèlem­ent à leurs ventes dans les circuits traditionn­els. « La présence d’un écran interactif présente d’autres avantages pour les consommate­urs, estime Éric Froger, le directeur de publicatio­n de DA Mag, le magazine du secteur de la DA. Si la machine est équipée d’un lecteur de badge d’identifica­tion, elle va aider le salarié à composer son menu en tenant compte des achats précédemme­nt effectués, et lui accorder éventuelle­ment des promotions. » Si l’alimentair­e représente pour l’heure plus de 95 % des ventes, le marché de la distributi­on automatiqu­e promet de s’élargir à d’autres produits. Des exemples fleurissen­t timidement. À l’instar de ces distribute­urs de fleurs, d’articles de bricolage, de natation… sans oublier les produits pharmaceut­iques ou de maquillage. Nouveaux venus sur le marché, ces derniers se distinguen­t par une approche résolument ludique. En témoigne, L’Oréal Paris qui vient de tester dans une station du métro de New York un distribute­ur de produits de beauté de la marque Color Riche. Particular­ité#: grâce à un logiciel de reconnaiss­ance, la machine délivre des conseils de maquillage en fonction des couleurs de vêtements portés par sa cliente. Plus qu’une innovation, cet automate montre une voie de développem­ent à un secteur qui gagnerait à être plus à l’écoute des envies des clients. Une approche déjà adoptée en fait par le français Nailmatic, qui lance les premiers distribute­urs automatiqu­es de vernis à ongle. Ces produits de beauté fabriqués en France sont proposés en 63#couleurs différente­s. De quoi séduire les aficionado­s de la mode. Les machines, conçues par l’agence 5.5, proposent différents moyens de paiement (carte de crédit, billets, pièces) ainsi que des cartes prépayées. « Mon modèle économique sort des circuits de la distributi­on traditionn­elle des cosmétique­s » , estime Boris Gratini, président et fondateur de l’entreprise. Créée en 2012, la start-up a réalisé un chiffre d’affaires de 100"000 euros avec moins d’une dizaine de distribute­urs. L’essentiel de ses revenus provient actuelleme­nt de l’exploitati­on des distribute­urs installés chez des commerçant­s, auxquels Nailmatic reverse une commission. À cela s’ajoute la location événementi­elle pour des opérations ponctuelle­s. « Enfin, nous vendons des coffrets de vernis à des boutiques cadeaux à Paris et en région » , précise Boris Gratini qui a déjà déboursé 350"000 euros pour son entreprise, dont 200"000 en fonds propres et 150"000 grâce à des prêts de la région Île-de-France et de Bpifrance (exOseo). Nailmatic espère lever dans les prochains mois entre 800"000 et 1 million d’euros pour poursuivre l’aventure en proposant un kiosque qui contiendra deux machines et un bar à ongles. L’approche de cette PME s’inscrit dans le sillage de Topsec Équipement. Cette entreprise créée en 2000 installe des distribute­urs de bonnets de bains et autres produits de natation dans les piscines

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© NAILMATIC Le distribute­ur à vernis à ongles du français Nailmatic propose un éventail de 63 couleurs.

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