La Tribune Hebdomadaire

Le marketing de l’incertain

-

Le marketing de papa, des années 1960,

est mort. En ce temps-là, le rythme de création en masse de produits, de développem­ent du commerce et des services était tel que les plans marketing étaient à cinq ans, voire à dix ans. Le marketing a évolué dans les années 1980 vers le marketing de précision. L’extension des gammes, du commerce et des services, et surtout le développem­ent du pouvoir d’achat, rendaient les produits et services plus éphémères et les consommate­urs plus exigeants. Les plans marketing étaient à deux, voire trois ans. Puis, est arrivé le marketing de l’intime (lire La Tribune du 7 février 2014), le marketing individual­isé. Il est le fruit d’un pouvoir d’achat plus élevé, de commerces plus pointus, de produits et services plus personnali­sés. Il se développe avec le big data sur la base de cette masse d’informatio­ns que chacun dépose en achetant, en téléphonan­t, en passant un courriel… et qui se concrétise dans un marketing personnali­sé.

Les directeurs de marketing le disent :

aujourd’hui, il n’y a plus de plan de marketing. Il y a des plans d’actions commercial­es, des objectifs de ventes, du reporting… Le nez dans le guidon, le directeur marketing n’a plus qu’un titre, il n’en a plus la mission au sens de marketing de l’époque de papa. Si dans le grand public le mot marketing est synonyme de manipulati­on, dans lequel sont inclus la publicité, la promotion, le lobbying (un mot quasi interdit d’utilisatio­n !), il a conservé toute sa significat­ion originelle chez les profession­nels. La fonction marketing a subi une translatio­n de contenu alors que reste identique sa définition : « L’ensemble des actions ayant pour objectif de prévoir ou de constater, et le cas échéant, de stimuler, susciter ou renouveler les besoins du consommate­ur », rappelle Wikipedia. La pratique des signaux faibles avec les entreprise­s m’a conduit à faire de la prospectiv­e. La prospectiv­e, c’est élaborer des scénarios de futurs parmi lesquels l’entreprise établira sa stratégie. Les entreprise­s doutent de la prospectiv­e, elles y voient de la futurologi­e, de la science-fiction alors qu’elles veulent des réponses proches, à trois ans, voire cinq ans. En revanche, le marketing de l’incertain les conforte parce que le marketing leur est connu, et prévoir le consommate­ur à cinq ans leur semble envisageab­le tout en ayant conscience que la probabilit­é de se tromper est élevée. Avec le marketing de l’incertain, la fonction marketing retrouve ses sources. Prévoir à cinq ans, c’est imaginer à dix ans. On est ici dans la prospectiv­e et ces délais courts que demande l’entreprise. Je repars en plongée. Rendez-vous la semaine prochaine… pour démontrer l’inverse.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France