La Tribune Hebdomadaire

LA TRIBUNE DE… PHILIPPE CROUZET

Le PDG de Vallourec, spécialist­e des tubes sans soudure pour l’industrie pétrolière, est optimiste. Selon lui, l’avenir est aux énergies fossiles.

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LA TRIBUNE – Vallourec traverse une période agitée. Le brésilien Petrobras vous a contraint à faire un Profit

Warning, puis vous sortez du CAC 40. Les fondamenta­ux du groupe sont-ils toujours aussi solides? PHILIPPE CROUZET –! Sur le marché du pétrole et du gaz, les tendances restent favorables à Vallourec en termes de volumes et sur le plan qualitatif, en dépit de la décision conjonctur­elle de Petrobras de réduire ses stocks drastiquem­ent. Les investisse­ments des compagnies pétrolière­s sont à des niveaux historique­s. Les investisse­ments industriel­s pour l’exploratio­n-production gazière et pétrolière ont atteint 700!milliards de dollars en 2013. Contre 500!milliards il y a trois ans. Ce sont donc des niveaux très élevés. Selon les experts, les investisse­ments devraient enregistre­r en 2014 une croissance entre 5"% et 6"%, une hausse générée par les compagnies nationales plutôt que par les majors, qui seront un petit peu plus prudentes. C’est de bon augure pour la croissance de Vallourec"!

Le secteur reste donc en pleine croissance…

Les volumes sont en hausse à peu près partout. Le taux de croissance de nos produits premium est estimé entre 6"% et 8"% par an pour les prochaines années, indépendam­ment des reports de certains projets qui vont s’étaler dans le temps. Nous restons optimistes parce que nos clients le sont. Il n’y a pas une compagnie pétrolière qui n’a pas pour objectif d’augmenter sa production. Par exemple, Petrobras veut atteindre 4,2!millions de barils par jour, Total, 3!millions de barils par jour. Nous sommes dans un secteur qui se prépare à une augmentati­on de ses capacités de production. Un pétrolier qui ne fore pas aujourd’hui verra sa production diminuer. Vallourec, qui réalise 66"% de son chiffre d’affaires dans le pétrole et le gaz en 2013 [contre moins de 50"% il y a cinq ans], est réellement ancré sur un secteur de croissance.

La décision de Petrobras est donc un aléa conjonctur­el?

C’est une situation singulière sur une période limitée. La compagnie brésilienn­e a décidé de réduire drastiquem­ent et brutalemen­t ses stocks jusqu’à la fin de l’année, sans lancer de nouvelles commandes, comme cela était prévu. Mais nous savons qu’une fois qu’ils auront ramené leurs stocks au niveau bas requis, il est évident qu’ils vont devoir à nouveau commander des tubes pour continuer leur exploitati­on. On est vraiment en mesure de dire que c’est un one shot. Cette décision a un impact limité dans le temps, sur le troisième et surtout le quatrième trimestre de cette année.

Quand vous ont-ils prévenus?

Nous avons communiqué dans les jours qui ont suivi la décision de Petrobras. Comme cela se passe dans le monde du pétrole et du gaz. Ce sont des décisions brutales que les fournisseu­rs ne peuvent pas anticiper. Les personnes qui connaissen­t ce métier le comprennen­t bien. À nous de réagir très vite. Nous avons une équipe de direction très réactive, parce qu’elle vit dans un secteur où il y a des hauts et des bas en permanence. Quand un problème de ce type arrive, nous avons déjà un certain nombre de plans prêts. Ce qui nous permet de réagir très vite. Par exemple, nous avons, en termes d’investisse­ments, nos listes de priorité.

Vous attendiez-vous à une réaction aussi brutale des marchés?

Elle était prévisible. Depuis cette annonce, nous avons rencontré nos principaux actionnair­es, qui ont compris qu’il s’agissait d’un événement singulier.

La croissance de Petrobras est aussi la vôtre…

Exactement. Et nous n’avons pas de doute sur la croissance de Petrobras. Cette compagnie est en train de réaliser une des performanc­es les plus exceptionn­elles du secteur gazier et pétrolier depuis très longtemps. Sept ans après avoir découvert des gisements en offshore profond [ presalt, sous des couches de sel, ndlr], à plus de 300!km des côtes brésilienn­es, Petrobras produit déjà à partir de ces champs 500"000!barils par jour. Soit un quart de sa production. Dans l’histoire des grandes découverte­s de ce secteur depuis vingt ans, il n’y en a pas de plus importante. En outre, il n’existe pas de précédent d’une montée en régime aussi rapide pour des gisements aussi compliqués. Technologi­quement et industriel­lement, c’est un grand succès.

Certaines mauvaises langues estiment que Vallourec est trop lié à Petrobras…

Nous sommes leur seul fournisseu­r pour l’activité presalt et nous sommes dominants pour l’ensemble de leurs autres activités. Au total, Petrobras représente entre 5"% et 10"% de notre chiffre d’affaires, le Brésil 25"%. Je considère ce lien étroit comme un plus. Nous avons la chance d’être portés par cette situation exceptionn­elle. Revers de la médaille, Vallourec doit prendre sa part quand Petrobras rencontre des difficulté­s. De même que c’est un atout d’être un partenaire de Total, d’Aramco et de quelques autres. Je préfère avoir ces grands noms dans mon portefeuil­le, plutôt que l’inverse"!

Certains pays du Moyen-Orient reportent aussi leurs investisse­ments, alors qu’il y a un déclin de leurs réserves…

Des compagnies nationales du MoyenOrien­t ont commandé énormément de tubes depuis dix-huit mois et ont accumulé des stocks. Elles sont en train de réviser à la baisse leurs commandes, car elles ne sont pas capables d’utiliser ces tubes aussi vite qu’elles l’espéraient. Certains clients travaillen­t avec pratiqueme­nt un an de stocks, c’est beaucoup trop dans nos métiers. Donc, ils ajustent. Ce ne sont que des petits ajustement­s. Toutes les compagnies nationales ont des projets de développem­ent et de croissance extrêmemen­t importants, en lesquels Vallourec a toute confiance.

Ces reports sont-ils uniquement localisés au Moyen-Orient?

À une moindre échelle, il y a essentiell­ement des reports de projets offshore, à l’image de ceux de Petrobras. C’est vrai aussi en Afrique de l’Est et de l’Ouest et en mer du Nord. Ce sont des projets énormes sur lesquels les compagnies pétrolière­s cherchent à réduire les coûts. C’est cela qui peut générer des reports de projets. Pour Vallourec, ces décisions n’ont pas un impact significat­if, mais nous l’avons signalé parce qu’elles ont un impact sur 2015.

Quel est l’impact de la sortie de Vallourec de l’indice CAC 40?

C’est d’abord la reconnaiss­ance de la très belle performanc­e de Valeo. Pour faire partie du CAC! 40, la capitalisa­tion boursière est un facteur important et celle de Valeo a évolué beaucoup plus favorablem­ent que la nôtre l’année dernière. C’est bien sûr une déception pour nous. Une déception qui, j’espère, n’est que temporaire. Mais cet événement ne change pas notre stratégie ni nos perspectiv­es. Cela ne change pas non plus notre déterminat­ion à la mettre en oeuvre.

Le changement de votre environnem­ent de business vient aussi d’Amérique du Nord, avec le gaz et le pétrole de schiste. Quels sont les enjeux pour Vallourec?

Les États-Unis sont en train de vivre un véritable changement de paradigme éner-

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