La Tribune Hebdomadaire

LA MUTATION NUMÉRIQUE DE PÔLE EMPLOI

Services 100 % Web, applicatio­ns mobiles dédiées, entretiens avec les conseiller­s par chats et visioconfé­rences, organisati­on de salons virtuels… Jean Bassères, patron de Pôle Emploi depuis décembre 2011, fait le point sur la stratégie numérique résolue d

- PROPOS RECUEILLIS PAR SYLVAIN ROLLAND ET PIERRE MANIÈRE @SylvRollan­d @pmaniere

Déjà 240 000 offres disponible­s sur poleemploi.fr. Entretien avec Jean Bassères, son directeur général.

Nommé sous Nicolas Sarkozy et très probableme­nt reconduit prochainem­ent par François Hollande à la tête de Pôle Emploi, cet inspecteur des finances dynamique qui a conduit à Bercy la fusion des deux directions clés du ministère des Finances, celle des impôts et celle de la comptabili­té publique, pilote depuis trois ans un service public de l’emploi en pleine explosion du chômage. Issu du rapprochem­ent en 2008 des Assedic et de l’ANPE, Pôle Emploi fait front, dans une période de transition économique sans précédent, et réalise sa mue numérique à vitesse grand V.

LA TRIBUNE – Votre reconducti­on pour trois nouvelles années en tant que directeur général de Pôle Emploi est quasiment actée. Quelles sont vos missions dans un contexte de crise et de chômage de masse?

JEAN BASSÈRES – La vie de Pôle Emploi est rythmée par une convention tripartite, avec l’État et l’Unedic, qui fixe les orienta- tions stratégiqu­es pour trois ans. Dans un contexte économique et social difficile, ma mission est de poursuivre les efforts engagés par le Plan stratégiqu­e de transforma­tion 2012-2015 pour accélérer le retour à l’emploi des chômeurs et améliorer la satisfacti­on des demandeurs d’emploi et des entreprise­s. Les trois prochaines années seront donc consacrées à amplifier les évolutions mises en route lors de mon premier mandat. L’objectif est de développer un accompagne­ment personnali­sé et renforcé dès le premier contact avec le demandeur d’emploi. Nous avons mis en place la différenci­ation des services, qui est une évolution majeure. Il s’agit d’adapter notre offre de services pour mieux aider ceux qui en ont le plus besoin. L’accompagne­ment renforcé des chômeurs les plus fragiles concerne aujourd’hui 3600 conseiller­s et 270000 demandeurs d’emploi. Nous devons l’amplifier. Nous avons aussi signé des partenaria­ts avec une vingtaine de conseils généraux pour développer l’accompagne­ment global pour les chômeurs qui présentent des difficulté­s d’insertion profession­nelle et sociale. Notre objectif est d’étendre cette démarche à une soixantain­e de départemen­ts rapidement. Enfin, le développem­ent des outils numériques doit permettre d’améliorer nos services à destinatio­n des demandeurs d’emploi et des entreprise­s.

Justement, Pôle Emploi s’est lancé dans le développem­ent du télétravai­l et des services 100% Web, conforméme­nt au plan de Thierry Mandon, le secrétaire d’État en charge de la simplifica­tion numérique. Que représente le virage du numérique pour Pôle Emploi?

Aujourd’hui, plus de 85% des foyers sont équipés d’Internet, et 40% de la population active est née après 1980 et a grandi avec les nouvelles technologi­es. On note aussi que neuf DRH sur dix utilisent le Web dans leurs opérations de recrutemen­t (lire page 16). Prendre le virage du numérique est donc indispensa­ble pour améliorer la qualité du service.

Vous avez testé une démarche 100% Web, qui devrait être généralisé­e à l’ensemble des régions d’ici à mars 2015. En quoi la dématérial­isation est-elle bénéfique pour les demandeurs d’emplois?

Cette expériment­ation 100% Web a mobilisé une centaine de conseiller­s dans sept régions et a concerné 8000 demandeurs d’emplois volontaire­s. Il s’agit de créer une relation entièremen­t dématérial­isée entre le conseiller Pôle Emploi et le demandeur. Les rendezvous physiques sont remplacés par des chats et des webcams. Contrairem­ent à l’idée reçue, cela crée un service plus personnali­sé, plébiscité par les utilisateu­rs. Le dialogue par webcam permet de l’interactiv­ité. Par exemple, les deux personnes vont cliquer ensemble sur un site Web, discuter plus facilement, le demandeur pose davantage de questions. En outre, cela simplifie les démarches. L’absentéism­e à des entretiens en ligne est beaucoup moins important, car les contrainte­s liées au déplacemen­t peuvent être évitées. Nous avons aussi mis en place des services en ligne pour améliorer l’efficacité de la recherche d’emploi. Par exemple, des vidéos d’apprentiss­age en ligne et des ate-

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