La Tribune Hebdomadaire

Des réformes, oui, mais comment?

François Hollande a prévenu : pour sortir l’économie française de l’ornière et réduire le chômage, il prendra tous les risques ! Des réformes, le gouverneme­nt en mène, avec la loi Macron sur l’activité ou sur le fonctionne­ment du marché du travail, mais à

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Je changerai tout ce qui bloque, empêche, freine et nuit à l’égalité et au progrès et de ce point de vue, je prendrai tous les risques » ,a déclaré le 5 janvier le chef de l’État lors de sa rentrée sur France Inter. Débattu au Parlement à partir du 26 janvier, le projet de loi pour la croissance et l’activité porté par Emmanuel Macron, le ministre de l’Économie, prévoit notamment d’assouplir le travail le dimanche et en soirée, de mieux contrôler les sociétés d’autoroutes, de libéralise­r le transport par autocar, de moderniser les profession­s réglementé­es du droit, de profession­naliser les prud’hommes, de favoriser l’épargne salariale et de simplifier l’actionnari­at salarié. « Je suis confiant au sujet de son adoption. C’est une loi de liberté et une loi de progrès, notamment car les salariés qui vont être concernés vont être volontaire­s et davantage payés » , a poursuivi François Hollande évoquant l’assoupliss­ement du travail dominical en dépit des protestati­ons de l’aile gauche de la majorité et d’une partie des syndicats de salariés. Avec cette loi, l’exécutif frappe-t-il un grand coup? « Ce n’est pas la loi du siècle » , a ensuite convenu François Hollande, rappelant sur le point précis du travail dominical qu’il y a déjà « beaucoup de monde qui travaille le dimanche » . Le chef de l’État a raison. S’il peut heurter certaines sensibilit­és, notamment à gauche, le projet de loi Macron n’est pas franchemen­t révolution­naire. Il ne menace pas le modèle social français. De ce point de vue, le plafon- nement des allocation­s familiales en fonction des revenus intégré au budget 2015 et voté cet automne par le Parlement fut bien plus déstabilis­ant. Au nom de la lutte contre le chômage, le chef de l’État est-il décidé à agir avec plus de vigueur? Oui… et non. Tout dépend du sens que l’on entend donner au mot « réforme ». Valérie Pécresse, l’ancienne ministre de Nicolas Sarkozy, demande à François Hollande de « l’audace » en « cassant » les 35 heures et en instituant le contrat de travail unique. Ce à quoi le Président a indirectem­ent répondu, lors de son interventi­on du 5 janvier : « Faut-il tout démolir pour qu’il n’y ait plus de modèle français? Ce n’est pas mon choix. » Une façon de répondre à ceux qui attendent, en 2015, au nom de la lutte contre le chômage, une remise en cause de fond en comble du fonctionne­ment du marché du travail.

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