Les solutions des entreprises
Réchauffement climatique
Tandis que les responsables politiques de la planète n’avancent qu’à petits pas dans la lutte contre le réchauffement climatique, les entreprises innovent dans tous les secteurs, elles ont déjà des solutions pour un avenir décarboné. Les points de vue de Jean Jouzel (VP du Giec), Bruno Lafont (PDG de Lafarge), et Nicolas Stern (ancien VP de la Banque mondiale).
C’est désormais officiel. De l’organisation météorologique mondiale à la Nasa en passant par l’administration océanique et atmosphérique américaine (Noaa), les scientifiques du monde entier l’affirment : 2014 a été l’année la plus chaude sur le globe depuis le début des relevés de températures en 1880 (voir la carte, page 6). Une mauvaise nouvelle pour la planète en surchauffe, mais peut-être un contexte favorable à la prochaine conférence internationale sur le climat organisée par l’ONU. La COP21, 21e « Conférence des parties » depuis le Sommet de la Terre de Rio en 1992 (voir le mode d’emploi, page 6), se tiendra à Paris du 30 novembre au 11 décembre prochains. La France, seule candidate à s’être proposée pour l’accueillir, mise gros sur ce qui sera l’unique conférence diplomatique d’envergure organisée sous la mandature de François Hollande. Ce dernier, qui voit là une occasion pour son quinquennat de marquer l’époque, se montre de plus en plus convaincu par la réalité du réchauffement, le rôle de l’activité humaine et l’urgence d’agir. Il explique sa « conversion » écologique par les échanges qu’il a pu avoir depuis son accession au pouvoir avec des scientifiques, notamment ceux du Giec (Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat). Invité vedette du forum économique mondial de Davos, deux semaines après les attentats islamistes qui ont frappé Paris, le président de la République défendra devant les 40 chefs d’État présents l’urgence d’un accord, malgré les divisions entre pays riches et pays émergents. Mais cet intérêt a peut-être aussi d’autres motifs : à moins de deux ans de la prochaine présidentielle, un succès lors de la COP21 en décembre arriverait à point nommé pour rallier les Verts. Depuis qu’ils ont quitté le gouvernement en avril dernier, entre la reculade sur l’écotaxe ou le diesel, le barrage de Sivens, l’aéroport de NotreDame-des-Landes, la loi Macron fustigée par Cécile Duflot ou encore les récentes déclarations de Ségolène Royal sur la nécessité d’une nouvelle génération de réacteurs nucléaires, ils n’ont guère de motifs de satisfaction. HOLLANDE, HULOT ET HIDALGO À LA MANOEUVRE Déclaré « grande cause nationale » lors de la Conférence environnementale de novembre dernier, le climat a été au centre de toutes les attentions présidentielles en début d’année. Après avoir évoqué le sujet lors de ses voeux, c’est en effet à Nicolas Hulot, nommé « envoyé spécial pour la protection de la planète » (qui reprend ainsi du service auprès de son troisième président), que François Hollande a consacré le 2 janvier son premier rendez-vous. Lors de son intervention, le 5 janvier (sur France Inter), François Hollande avait explicitement demandé qu’une large plage soit consacrée aux questions climatiques. Le président y a annoncé son idée de consacrer tout ou partie des recettes d’une future taxe sur les flux financiers au fonds vert pour le climat, consacré à l’adaptation des pays en développement aux effets du changement climatique. La maire de Paris Anne Hidalgo, nommée « envoyée spéciale pour la COP21 » pour le Cities Climate Leadership Group (C40), qui rassemble les villes les plus en pointe sur le changement climatique, tient aussi beaucoup à la réussite de cette COP21. Hollande aura-t-il plus de succès avec la courbe des températures qu’avec celle du chômage? Il peut en tout cas compter sur son chef de la diplomatie, Laurent Fabius.